ArcelorMittal va remplacer des hauts-fourneaux français pour verdir son acier

  • AFP
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Le premier sidérurgiste mondial ArcelorMittal va investir 1,7 milliard d'euros pour décarboner la production d'acier issu de ses deux usines françaises de Dunkerque (Nord) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), qui vont fermer trois haut fourneaux au charbon sur cinq, remplacés par des fours électriques.

Les deux sites de Dunkerque et Fos émettent à eux seuls un quart des émissions de gaz à effet de serre industrielles françaises, qui elles mêmes représentent de l'ordre de 30% de l'empreinte carbone du pays. Les émissions de carbone évitées par ce seul projet représentent 10% des émissions industrielles françaises, fait valoir le gouvernement.

"C'est clairement le plus gros investissement d'ArcelorMittal en France depuis la construction des deux usines de Dunkerque et Fos-sur-mer, ce qui signifie une pérennité pour la production d'acier en France et en Europe", a déclaré à l'AFP Eric Niedziela, président d'ArcelorMittal France et vice-président Action Climat d'ArcelorMittal Europe.

L'investissement fait partie de l'enveloppe de 10 milliards de dollars annoncée précédemment par le groupe pour réduire son empreinte carbone globale. Le groupe avait auparavant décliné ses investissements dans d'autres pays, en Belgique, Espagne et au Canada.

Traditionnellement, le charbon, source d'énergie fossile particulièrement émettrice de CO2, est utilisé de deux façons pour produire de l'acier: pour purifier le minerai de fer, et pour chauffer et atteindre les très hautes températures requises dans les fours. Mais on peut le remplacer.

A Dunkerque, le sidérurgiste va construire une nouvelle usine dite de "réduction directe", où le charbon sera remplacé par l'hydrogène pour purifier le minerai de fer. Cette unité sera couplée à un four électrique ainsi qu'à un autre four électrique additionnel.

A Fos-sur-Mer, ArcelorMittal va installer un four électrique lui permettant de se spécialiser dans la production d'acier recyclé, c'est-à-dire émettant peu de dioxyde de carbone par rapport à un acier traditionnel.

ArcelorMittal s'est fixé pour objectif de réduire ses émissions mondiales de 25% d'ici 2030 par rapport à celles de 2018 (émissions directes et liées à l'électricité, ou "scope 1 et 2" dans le jargon), et en Europe, de 35%.

- Plan de relance -

Pour remplir ses objectifs climat, le groupe privilégie trois axes:

- Remplacer le charbon par de l'hydrogène dit "vert", produit à partir d'énergies renouvelables, dans les unités de réduction directe, et ensuite recourir à l'électricité pour faire fondre le fer et obtenir de l'acier.

- Augmenter les volumes d'acier recyclé;

- Capter le carbone sortant des haut fourneaux restant pour le recycler, le réutiliser ou le séquestrer, une technologie embryonnaire dans le monde mais considérée comme indispensable pour parvenir à la neutralité carbone d'ici 2050 dans le monde.

Pour mettre en place son projet, l'industriel recevra des aides publiques issues du plan d'investissement France 2030, et négocie aussi parallèlement avec Bruxelles dans le cadre des PIEEC (Projet importants d'intérêt européens communes) en voie de constitution, notamment dans l'hydrogène.

"Dans les cinq prochaines années, on va continuer de produire de l'acier, et tout autour de l'écosystème, il va y avoir de la production d'hydrogène et d'électricité, ce qui va augmenter l'emploi dans les bassins dans lesquels nous investissons" a indiqué M. Niedziela. ArcelorMittal a passé un accord avec Air Liquide pour la production d'hydrogène à Dunkerque.

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