Attaques en mer d'Oman: Téhéran accuse Washington de « sabotage diplomatique »

  • AFP
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Les accusations américaines rendant Téhéran responsable des attaques ayant visé jeudi deux pétroliers en mer d'Oman sont "sans fondement", a réagi vendredi l'Iran, accusant Washington de "sabotage diplomatique".

"Que les États-Unis aient immédiatement sauté sur l'occasion pour lancer des allégations contre l'Iran sans preuve fondée ou circonstancielle fait apparaître en pleine lumière le fait que [Washington et ses alliés arabes] sont passés au plan B : celui du sabotage diplomatique [...] et du maquillage de son #TerrorismeEconomique contre l'Iran", écrit le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif sur Twitter.

Jeudi, M. Zarif avait jugé hautement suspecte la coïncidence entre les attaques contre ces navires et la visite inédite du Premier ministre japonais Shinzo Abe, venu mercredi et jeudi à Téhéran, dans le but affiché de faire baisser les tensions entre Washington et l'Iran.

Deux pétroliers, l'un japonais et l'autre propriété de l'armateur chypriote d'origine norvégienne John Fredriksen, ont été visés jeudi par des attaques d'origine indéterminée en mer d'Oman. Selon l'agence officielle iranienne Irna, ces attaques ont eu lieu à moins de 30 milles nautiques des côtes iraniennes. Les États-Unis n'ont laissé passer que quelques heures avant d'accuser l'Iran.

« Plutôt alarmant »

"Le gouvernement des États-Unis estime que la République islamique d'Iran est responsable des attaques de ce jour en mer d'Oman", a déclaré jeudi le secrétaire d'État américain Mike Pompeo, évoquant notamment à l'appui de ses accusations, des informations récoltées par les services de renseignement.

Ces accusations sont "sans fondement" déclare par ailleurs un communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères. "Accuser l'Iran [...] est apparemment ce qu'il y a de plus simple à faire pour M. Pompeo et les autres autorités américaines", déclare le porte-parole du ministère, Abbas Moussavi, dans ce communiqué. M. Moussavi souligne au contraire que son pays, "responsable d'assurer la sécurité dans le détroit d'Ormuz", est venu "en aide" aux navires en détresse et a "sauvé" leur équipage. "M. Pompeo, la suspicion qui flotte autour de [ces incidents] n'est pas une blague [...] c'est plutôt [...] alarmant", ajoute M. Moussavi.

La télévision d'État iranienne a remis en cause de son côté le bien-fondé des "preuves" présentées par les États-Unis pour incriminer l'Iran.

Le Centcom, commandement interarmées responsable des opérations militaires américaines de la Corne de l'Afrique à l'Asie centrale a publié jeudi une vidéo de ce qu'il présente comme l'accostage d'un des deux navires, le Kokuka Courageous, par une vedette rapide des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran.

Selon le Centcom, la vidéo montre l'équipage iranien enlever une mine non explosée de la coque du navire, propriété d'un armateur japonais. Voici "les faits", écrit sur Twitter Press TV, la chaîne d'information en anglais de la télévision d'État iranienne : les Gardiens de la Révolution étaient "la force la plus proche du lieu de l'incident". "L'#Iran a été le premier à se rendre sur place pour porter secours aux équipages" des bateaux-citernes attaqués, ajoute Press TV.

"Pensez-vous que la vidéo du Pentagone appuie l'accusation de Washington sur 'l'implication' de l'Iran ?" demande la chaîne qui publie avec son tweet un extrait de la vidéo en noir et blanc du Centcom. Cet extrait est notamment amputé des premières images de la vidéo américaine, sur lesquelles des hommes à bord de la petite embarcation semblent retirer quelque chose de la coque du gros navire.

Vendredi, l'armateur du Kokuka Courageaous a déclaré à la presse que l'équipage du navire dit que celui-ci "a été touché par un objet volant". "Ils l'ont vu de leurs propres yeux", a-t-il dit, indiquant que le bateau avait été apparemment touché par deux attaques successives.

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