Chypre compte sur l'UE pour le navire de forage bloqué par la Turquie

  • AFP
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Chypre a indiqué mercredi qu'il comptait sur la diplomatie européenne pour résoudre rapidement le problème du blocage par la marine turque d'un navire italien venu faire de l'exploration gazière dans les eaux chypriotes.

"Il y a des tractations diplomatiques en coulisses, menées par des Etats européens, et nous attendons des résultats prochainement", a indiqué le porte-parole du gouvernement Nicos Christoulides à la radio publique. "Je pense que les prochaines 24 heures seront décisives", a-t-il ajouté. "Les actions entreprises ne peuvent être rendues publiques. Ces efforts portent sur plusieurs niveaux, pas seulement diplomatique".

"L'Italie a ouvert tous les canaux diplomatiques avec la Turquie pour parvenir à une solution partagée que nous espérons rapide. Nous avons même rencontré (mardi) le ministre turc (de la Défense) à Rome", a de son côté expliqué la ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti, à son arrivée au sommet de l'Otan à Bruxelles.

Nicosie assure qu'Ankara a violé "le droit international" en bloquant au large de l'île un navire affrété par le géant italien Eni, qui détient des licences d'exploration dans la Zone économique exclusive (ZEE) chypriote. Ce blocage intervient après l'annonce la semaine dernière par Nicosie de la découverte d'importantes réserves de gaz dans un des blocs de sa ZEE exploré conjointement par Eni et le Français Total.

Les explorations gazières off-shore entamées il y a plus de sept ans par la République de Chypre ont entraîné des tensions avec la Turquie, qui réclame leur suspension dans l'attente d'une solution sur la situation politique de l'île.

Chypre est en effet divisée depuis 1974 et l'invasion par des troupes turques du nord de l'île, en réaction à un coup d'Etat à Nicosie cherchant à rattacher Chypre à la Grèce et qui avait suscité l'inquiétude de la minorité chypriote-turque.

Depuis, la République de Chypre, devenue membre de l'UE, n'exerce son autorité que sur les deux-tiers sud de l'île, où vivent les Chypriotes-grecs, le tiers nord étant géré par une autoproclamée République turque de Chypre-Nord, uniquement reconnue par Ankara et où réside la communauté chypriote-turque.

Des négociations entre Chypriotes grecs et turcs sous l'égide de l'ONU ont encore échoué l'an dernier mais le président chypriote Nicos Anastasiades, tout juste réélu, s'est engagé à mettre fin à la division de l'île.

Mardi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait mis en garde les compagnies internationales comptant prospecter des hydrocarbures dans les eaux chypriotes, alors qu'Ankara affirme défendre les "droits inaliénables" de la communauté chypriote-turque sur les ressources naturelles de l'île contre les "actions unilatérales" de Nicosie.

Selon Nicos Christoulides, qui deviendra ministre des Affaires étrangères le 1er mars, les sociétés disposant d'une licence ont assuré le gouvernement chypriote que les évènements actuels ne remettaient pas en cause leurs projets.

L'Américain ExxonMobil a prévu de forer deux puits d'exploration dans la ZEE chypriote cette année. "Ce qui importe, c'est que le navire (Saipem 12000) atteigne sa destination et commence à forer", a aussi dit M. Christoulides.

Le navire est bloqué depuis vendredi, selon Eni. "Nous attendons. Mais clairement, nous ne pouvons pas attendre éternellement", avait déclaré lundi le patron d'Eni Claudio Descalzi à Rai News 24. "Le message que nous envoyons à Erdogan est de respecter le droit international. Ce n'est pas comme ça qu'on se rapproche de l'UE, mais plutôt qu'on s'en éloigne", avait déclaré mardi le président du Parlement européen, l'Italien Antonio Tajani.

 

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