Clap de fin pour la centrale nucléaire de Fessenheim

  • AFP
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La centrale nucléaire de Fessenheim dans l'Est de la France, va définitivement arrêter de fonctionner dans la nuit de lundi à mardi. Une décision loin de faire l'unanimité dans cette région frontalière de l'Allemagne qui redoute un trou d'air économique. Mise en service en 1977, la centrale de Fessenheim profite également aux pays voisins de la France : l'Allemagne qui en détient 17,5% et la Suisse (15%).

Longuement débattue, sa fermeture était réclamée par des associations des trois pays et des députés européens écologistes qui critiquaient la vétusté de la doyenne des centrales françaises, notamment après plusieurs incidents mineurs dans les années 1990 et 2000. Elle a été actée en avril 2017.

Mais après l'arrêt du premier réacteur en février dernier, les projets d'alternatives économiques à la centrale étaient encore au stade des discussions. Et cinq mois plus tard, "on est exactement dans la même situation", se désespère le maire de Fessenheim, commune de 2 500 habitants, Claude Brender, qui parle "d'incertitude totale" sur nombre de sujets.

Les élus locaux pestent à tout va contre "l'indifférence de l'État", malgré un "projet d'avenir" signé début 2019 avec l'ambition de faire de cette zone un modèle de reconversion industrielle et énergétique. Pour M. Brender, fervent défenseur de la centrale, cela ne fait aucun doute : le trou d'air tant redouté "aura lieu". "Il n'y a aucune perspective à court terme sur le bassin d'emploi de Fessenheim", regrette-t-il.

Une usine de biocombustible issu du bois est bien en projet, avec plusieurs centaines d'emplois à la clé, mais sa mise en service par le groupe Européenne de biomasse n'est pas prévue avant 2023-2024.

Présentée comme "l'outil opérationnel" de la reconversion du territoire de Fessenheim, la société d'économie mixte (SEM) franco-allemande, annoncée en janvier, n'est toujours pas concrétisée. "La mise en place de la SEM se poursuit, la date prévisionnelle de création est fixée à fin 2020", assure-t-on toutefois à la région Grand Est qui en sera le principal actionnaire, précisant qu'un d'un directeur général devrait prendre ses fonctions en septembre.

Seuls soixante salariés d'EDF - le producteur français d'électricité - resteront pour le démantèlement de la centrale vers 2024. Fin 2017, ils étaient encore 750 ainsi que 300 prestataires.

« Gâchis »

Autrefois zone agricole pauvre, le village de Fessenheim et ses alentours ont vu arriver avec la centrale nucléaire des dizaines de familles dotées de bons revenus, mais aussi des millions d'euros de retombées fiscales. La commune a pu ainsi développer services et infrastructures et voir s'installer un nombre de commerces particulièrement important pour sa taille.

Cet été, quelque 150 familles vont quitter la commune de 2 500 habitants, avant une vague équivalente à l'été 2021.

Dans leur maison, propriété du "parc EDF" comme de nombreuses autres de leur rue, Jean-Christophe et Cécile Rouaud font leurs cartons. En août, cet ingénieur, son épouse directrice de crèche et leurs deux enfants déménageront à Saumur (ouest), à quelques kilomètres d'une autre centrale nucléaire, celle de Chinon, où travaillera désormais Jean-Christophe. "On approche de la fin, on sent que l'atmosphère est un peu plus tendue, les gens ont peur de ne plus entendre les machines tourner", raconte-t-il, décrivant un "sentiment de gâchis partagé par tous les employés".

Si le départ de cette famille se déroule sans trop de heurts, la situation des agents qui souhaitent ne pas déraciner leurs familles est plus problématique. Certains doivent partir seuls travailler ailleurs en laissant leurs familles en Alsace.

Sur la vingtaine de maisons mises en vente, dix-sept ont néanmoins déjà trouvé preneurs, selon le maire. "C'est le côté un peu rassurant, ça veut dire que Fessenheim reste attractif, mais c'est le résultat de ces années d'investissements (...) et ça c'est grâce aux retombées de la centrale nucléaire", insiste Claude Brender.

Malgré la fermeture de la centrale, la France restera le deuxième plus grand parc nucléaire au monde, avec 56 réacteurs en service, derrière les États-Unis (98 réacteurs).

Commentaires

Max Maes

Franchement, le gâchis est bien plus grave que le sort évoqué de quelques familles, car c'est un crime écologique de fermer cette production d'électricité décarbonée à 90%. Tout cela pour s'aplatir devant un dogme antinucléaire.
Et à cause de l'ignorance du peuple, qui pense à 70%, selon les sondages, que le nucléaire est responsable du changement climatique (cf émission Etienne Klein sur France Culture). Et que les panaches de vapeur de refroidissement des centrales sont des nuages de CO2. Mais il est difficile de gommer la bêtise et l'ignorance quand elles sont dévoyées par la croyance.

Joseph Letellier

Bonsoir Max.
Cette situation ne me rassure pas non plus. Penser que le renouvelable va nous tirer d'affaire est une idée très courte et surtout fausse. L'humanité utilisait les énergies renouvelables auparavant (bateaux à voiles, moulins à vent ou à eau...). Pourquoi en sommes nous sortis si c'est aussi génial que ça ? Tout simplement les rendements énergétiques sont trop faibles. et aléatoire. Je pense qu'il faut encourager les citoyens à rechercher les réalités des lois de la physique et mettre de coté les dogmes.
Bien à vous.

Thomas

Bonjour,
Il faut surtout encourager les citoyens à la sobriété et à la fin du mythe de l'énergie infinie, facile à produire, qui allume l'ampoule quand on actionne l'interrupteur.
Si vous prenez de la hauteur, vous comprendrez que cette évolution vers les énergies plus efficaces (essentiellement pétrole et charbon) ont effectivement remplacé certains modes plus anciens, mais au prix d'une destruction généralisée de notre environnement.
Donc les lois de la physique à intégrer sont surtout que les ressources de notre planète sont finies et qu'il n'est pas souhaitable de continuer cette fuite en avant, on le paiera forcément. Et le nucléaire ne nous sauvera pas, au contraire, car sauf preuve du contraire, la techno semble de moins en moins adaptée aux crises qui s'annoncent (sociales, environnementales, géopolitiques, etc.).

BJD

Le Gâchis abordé ici est du fifrelin et sans commune mesure avec le vrai gâchis qui se cache derrière cette fermeture, c’est de la trahison d'état à tous les niveaux. De la spoliation pure et simple du peuple Français qui va payer cher l'addition et la prégnance, pas EDF ni le gouvernement. C'est le reflet du niveau de désinformation et incompréhension voulu, par les médias, les politiques dogmatiques, du système l électrique complexe. Pour mieux faire avaler la pilule à ceux qui vont payer par leurs impôts, leurs emplois, et la perte d'autonomies, et finalement l'addition sur la facture énergétique. Le but final est la destruction d'EDF par l'Europe et c'est trés bien parti.
De la partie technique à la partie financière ainsi que le fin du fin le marché de l'électricité européen tout est bien ficelé pour spolier le peuples Français.
En deux mots , le gaz diminue, les effets climatiques dus au GES augmentent nos importations aussi la France est à 72% carbonée on consomme presqu autant de gaz que d’électricité, deux fos plus thermosensible au gaz qu’à l’électricité..
la combustion tue depuis 40 ans en France 150p/jours contre zéro pour le nucléaire, les allemands ne peuvent malgré leur 45% charbon et gaz se passer du nucléaire et en plus émettent deux fois plus que nous de Ges, seuls les Suédois réussissent leur contrat climat grâce à leur Hydraulique et au nucléaire. Les ENRi sans stockage massif de l'électricité ont l'a vu aussi pendant le coronavirus c'est plouf pour les GES et plouf pour la stabilité du réseau tout en bénéficiant de 5Md€ de subventions. La France a été contrainte de vendre à moitié prix la production de 10 centrales nucléaires par jour a tous les pays Européens limitrophes, qui vont pouvoir embellir leur résultats GES pour 2020 ( tant mieux ils ont aussi sauvé des vies), on verra combien nous allons payer le MWh importé d’Allemagne cet hiver, alors qu'on aurait pu arrêter nos centrales pour les économiser suite à une campagne d'arrêt qui devient problèmatique conséquence de la pandémie..EDF et France vache à lait.
Allons bon ramenons les chiffres à leur réalité, avec 1Md€ Fessenheim pouvait produite 220Twh PILOTABLES en 20 ans et ramener 10Md€ et certainement pouvait fonctionner encore 20 ans de plus à l'instar des plus vielles centrales PWR du monde. Il faudra compenser par 6000Mw d'offshore à 140€/Mwh de subventions, plus des centrales gaz ou des importations charbon allemande le jour de dévent et des effacements de production les jours de fort vent avec une consommation pas à la hauteur....au bout de 25 ans l'éolienne est HS.;;;bravo on recommence, voilà la réalité l'addition sur 20 ans c'est plutôt du 25Md€! et un service rendu moindre.
On retrouve ici le même comportement de nos élus et en "charge de" que pendant la pandémie....tout est fait pour nous amputer et détruire le peu de savoir faire et donc démocratie qui nous reste... La protection par la bombe atomique à une limite à la bêtise humaine. La France est le 5eme pays aprés les US , la GB, le Maroc à ne pas pouvoir couvrir sa dette 'état+entreprise + privée) par ses ressources propres! à bon entendeur...
Nous avons mis 150Md€ de subvention dans les équipements ENRi aujourdhui qui ne font que 8% de la production et n'ont pas permis de progresser sur les GES émis en 10 ans,(si sur les factures) nous envisageons d'en mettre 200,(voir CRE) pour rien (les simulation indépendantes de RTE sur la projection de la PPE électrique à 2028 sont une catastrophe) sinon perte d'autonomie alors que le parc nucléaire Français à couté 90Md€ et qu'EDF ne vaut aujourd’hui plus que 35Md€...peut être faut_il faire encore un dessin!

Jean FLUCHERE

C'et un gâchis social, économique, environnemental, technique et scientifique.
Que L'Etat se gargarise avec une fumeuse convention citoyenne pour le climat qui a produit des interdictions et des taxations stupides et que "dans le même temps" il prive le pays d'une centrale électrique en parfait état de marche qui produisait plus de 10 milliards de kWh/an, au meilleur coût, en toute sûreté et propreté devrait questionner les Français sur la logique de ceux qui nous gouvernent.

J.G.

Cela devrait surtout questionner les Français sur le degré effroyable d'aliénation dont ils sont l'objet, et qui les poussent depuis quarante ans à porter au pouvoir des irresponsables, des incompétents, et sinon des traitres à l'intérêt le plus général. Ce n'est donc pas tant les hommes politiques, vulgaires pantins de tous les lobbys les plus anti-nationaux, qui sont les coupables de cette situation calamiteuse, que ceux qui les élisent et les réélisent...!

Dominique Point

La fermeture de Fessenheim est une hérésie: anti climatique, anti économique et anti sociale...
Dans le contexte difficile de cette crise sanitaire et avec la dette colossale notre pays, on aurait espéré une autre décision de Mr Macron : celle du bon sens scientifique et économique face au dogme antinucléaire et aux calculs politiques de court terme. Que nenni...
Respect et dignité pour les compétents exploitants et sous-traitants de Fessenheim !

Rochain

He bien voilà une belle brochette de nucleocrates qui profitent de l'occasion pour réanimer ses perroquets qui somnolaient un peu ces derniers temps.
Des momies qui s'éternisent sur leur gloire passée on en a connu à toutes les époques.
Bon vent dans les oubliettes.

Thomas

Cette fermeture permet d'organiser la filière du démantèlement, qui va bien en avoir besoin vu le nombres de réacteurs atteignant la durée d'exploitation prévue initialement; je ne vois pas bien pourquoi certains commentateurs veulent faire durer les vieilles centrales jusqu'à je ne sais quand en faisant comme si elles ne devaient jamais cesser de produire...?
Il est temps d'enclencher progressivement une autre période et vos discours nucléaires VS EnR montrent que vous n'avez absolument pas saisi les enjeux en France, mais surtout dans le monde.
Et votre haine viscérale des EnR devrait être plutot portée sur les énergies fossiles réellement émettrices de CO2. Mais vous vous en fichez, vous voulez défendre le nucléaire français, point.

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