Contrats de long terme, enchères, tarif réglementé : EDF à l'assaut des clients pour l'après 2026

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EDF a détaillé ses mécanismes de vente pour l'après 2026 quand l'actuel système de régulation prendra fin et sera remplacé par une autre organisation du marché de l'électricité censée offrir aux acteurs une meilleure visibilité sur les prix de l'énergie et les inciter à acheter plusieurs années à l'avance.

Il y aura trois grands instruments. Le premier consiste en des contrats de long terme ou contrats pour allocation nucléaire (CPAN) destinés aux industriels énergivores.

Ensuite, des contrats de moyen terme (ou enchères) seront destinés aux entreprises comme aux fournisseurs alternatifs pour acheter de l'électricité nucléaire à un horizon de quatre ou cinq ans, par exemple dès maintenant pour 2028.

Enfin, le tarif réglementé de vente (TRV) sera pérennisé et étendu, notamment à toutes les petites entreprises, même celles dépassant une puissance de 36 kVA comme les boulangers. Ce tarif a augmenté d'environ 30% depuis 2021, mais il suivra à l'avenir un mode de calcul dont EDF assure qu'il "n'aboutit pas nécessairement à une augmentation", selon Marc Benayoun, directeur exécutif d'EDF en charge du pôle clients, services et territoires.

Qu'est-ce qui change en 2026 ?

Ces outils vont remplacer le mécanisme actuel de l'Arenh qui s'éteindra fin 2025 et oblige EDF à céder une partie de sa production nucléaire à un prix bradé --inchangé depuis 2012-- de 42 euros le mégawattheure (MWh).

"Cela permet à EDF d'avoir une anticipation de ses revenus, ce qui est très important étant donné l'ampleur des investissements que nous devons consentir", a souligné M. Benayoun lors d'un point presse mardi.

Alors que les besoins en électricité vont exploser d'ici 2050 pour que la France puisse se passer d'énergies fossiles, le gouvernement a commandé à EDF six nouveaux réacteurs EPR de seconde génération pour un coût évalué à 51,7 milliards d'euros, avec une option pour huit autres. EDF doit aussi financer l'entretien voire la prolongation de la durée de vie des 56 réacteurs actuels, dont les plus vieux ont plus de 40 ans.

Comment fonctionneront les contrats de long terme ?

A l'image des parcs éoliens et solaires qui se sont financés via des contrats de livraison d'électricité conclus directement avec des entreprises (en anglais, corporate power purchase agreement), EDF "va porter des contrats de 10, 15 ans ou plus" avec des industriels pour financer son parc nucléaire historique.

Ces partenariats, destinés aux 150 entreprises les plus énergivores (chimie, acier, verrerie, etc), ne sont pas des contrats de fourniture à proprement parler puisque EDF ne garantit pas le volume livré.

"L'industriel réserve au départ une portion de la puissance (...) le client se voit livrer le volume tel qu'il est produit", a exposé Nelly Recrosio, directrice des marchés d'affaires.

Le risque est partagé et l'industriel accepte de "payer au réel les coûts de maintenance et d'exploitation", selon M. Benayoun. En contrepartie, le prix est "attractif", a-t-il dit, sans donner de montant.

EDF anticipe la vente de 20 térawattheures (TWh) sur cette base, soit environ la moitié des besoins de cette clientèle.

Comment fonctionneront les enchères ?

Il s'agit de contrats de fourniture d'électricité à un horizon de 4 ou 5 ans destinés à la clientèle d'affaires, du constructeur automobile à la PME, soit des millions de clients en France incités "dès aujourd'hui" à acheter d'avance son électricité pour 2026, 2027 et 2028 et ainsi "profiter d'un niveau de prix compétitif", correspondant à "à peu près la moitié de ce qu'ils paient aujourd'hui", selon M. Benayoun.

"Les offres seront toutes contestables", a souligné M. Benayoun, c'est-à-dire que les fournisseurs alternatifs, concurrents d'EDF, auront la possibilité de faire des offres au même niveau de prix en participant à ce mécanisme d'enchères que l'entreprise expérimente depuis septembre. Les prix y ressortent actuellement entre 77 et 85 euros le MWh.

Pour les clients, "c'est de la visibilité et la stabilité", a fait valoir M. Benayoun. "Des offres sur un terme plus long (...) permettent aux clients (...) d'estimer le coût de revient des produits qu'ils manufacturent ou des services produits avec cette électricité".

Que devient le tarif réglementé de vente ?

Il sera maintenu pour les particuliers et même étendu dès 2026 à toutes les très petites entreprises (moins de 10 personnes et moins de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires), y compris celles qui comme les boulangeries nécessitent une puissance supérieure à 36 kVA.

Ce tarif devrait dépendre du comportement des prix de gros sur deux ans et "ce n'est pas du tout évident qu'il augmente significativement dans le futur", selon M. Benayoun.

Il ne faut pas le confondre avec le prix cible de 70,22 euros le MWh annoncé par le gouvernement pour servir de repère dans le nouveau système de régulation. Quand EDF gagnera plus, elle devra redistribuer ses gains.

 

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"pour l'après 2025" et non "pour l'après 2026", l'ARENH prend fin au 31-12-2025

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