Dans les COP, pas de consensus sur ce que signifie le « consensus »

  • AFP
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Les négociateurs de la COP28 à Dubaï ont passé des nuits blanches en quête d'un improbable consensus sur les énergies fossiles. Mais il n'y a même pas consensus sur ce que signifie précisément le consensus selon les règles de l'ONU Climat.

Le texte central de la COP28 devra être adopté par les 195 signataires de l'accord de Paris (194 pays et l'Union européenne) par consensus, mais il n'y aura pas de vote, et le concept est vague juridiquement, et différent de l'unanimité.

En théorie, un seul pays peut objecter à l'adoption de l'accord final.

"C'est une question d'interprétation", avance Alden Meyer, observateur vétéran des négociations climatiques au sein du groupe de réflexion E3G.

Il rappelle que l'Arabie saoudite et le Koweït, très hostiles à Dubaï à un accord visant les énergies fossiles, avaient fait part de leur opposition à la déclaration finale lors du vote en 1992 établissant la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), mais que le président de la session avait tout simplement donné le coup de maillet validant la décision.

Depuis, l'Arabie saoudite a bloqué l'adoption du règlement au sein de la CCNUCC qui prévoyait de prendre des décisions à la majorité des deux tiers en l'absence de consensus.

En 2012 à Doha, le Qatar, pays hôte, a ignoré une demande de la Russie de prendre la parole pour faire part de ses préoccupations liées au protocole de Kyoto, ce qui a incité Moscou, en retour, à retarder les négociations de l'année suivante, note M. Meyer.

Un responsable de la CCNUCC précise à l'AFP que toute objection doit être "explicite" pour entraver un consensus. Un pays qui ne ferait que "protester" contre un texte, sans "objecter", ne stopperait donc pas l'adoption - ce qui lui permet de manifester son mécontentement sans tout bloquer.

La COP21 de Paris en 2015 fut un succès, avec l'adoption de l'accord visant à limiter l'élévation de la température moyenne à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Mais le délégué du Nicaragua avait d'abord refusé de soutenir le texte, ce qui avait déclenché une immense campagne de pression sur le petit pays d'Amérique centrale, qui aurait même inclus l'intervention du pape François.

Paume ensanglantée

Laurent Fabius, alors ministre français des Affaires étrangères et président de la COP21, s'en souvient. "J'avais l'impression que c'était plutôt ses idées que celles de son pays qu'il exprimait", a-t-il dit vendredi dernier lors d'un passage à Dubaï.

"Je ne sais plus si c'est par moi-même ou par l'intermédiaire du pape que nous nous sommes enquis de savoir s'il était vraiment représentatif. La réponse a été non, cela nous a donné plus de liberté", assure-t-il aussi.

"Est-ce que le consensus cela veut dire l'unanimité? Dans le cas précis qui nous occupe, à partir du moment où il a été acquis, il faut être honnête intellectuellement, que le président de son pays ne partageait pas l'idée de son mandataire, à ce moment-là c'était plus facile d'avancer", explique M. Fabius.

Les oppositions de représentants de la gauche latino-américaine ont eu plus de succès à la désastreuse COP de 2009 à Copenhague.

Dans une scène stupéfiante pour les délégués épuisés, la représentante vénézuélienne, Claudia Salerno, avait levé une main ensanglantée, affirmait parler au nom de pays dans le dos desquels s'était ficelé un accord négocié par le président américain Barack Obama avec d'autres grands puissances, dont la Chine.

Le Premier ministre danois, Lars Lokke Rasmussen, était prêt à abandonner et à déclarer l'échec du sommet, quand les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont demandé une pause, à la suite de laquelle M. Rasmussen a déclaré l'accord "noté" plutôt qu'approuvé ou rejeté.

Dans le cadre d'un processus parallèle de la COP, les négociations sur la biodiversité à Montréal l'année dernière ont abouti à un accord majeur sur la protection des espèces. Le président chinois de la réunion a tout bonnement ignoré les objections de la République démocratique du Congo, qui réclamait une plus grande aide des pays riches.

A Dubaï, il reste à voir si le président désigné par les Emirats arabes unis serait prêt à écarter les intérêts de l'Arabie saoudite, par exemple.

"Cela dépendra du jugement de la présidence", observe M. Meyer. "En fin de compte, c'est plus une question politique".

Commentaires

Pierre-Ernest

Ce ne sont pas les pays producteurs de pétrole ou de gaz qui demanderont, dans quelques années, de continuer à utiliser les énergies fossiles. Ce sont les autres pays, qui consomment ces énergies à raison de près de 80 % de leurs besoins. Faire jouer le mauvais rôle aux pays producteurs, c'est tout simplement se cacher vis à vis de l'opinion internationale : ouhh les vilains producteurs ! Moi je ne fais juste qu'à consommer disent ces faux-culs. (Consommer et émettre du CO2). Lamentable.

Albatros

En plein accord avec Pierre-Ernest. Il ne faut pas oublier les ronds de jambe de l'Allemagne - pays de notre glorieuse présidente de (grosse) Commission - dont le chancelier, dès le début du conflit en Ukraine, était parti mendier pour l'Allemagne seule des contrats de livraison long terme de gaz au Qatar.
Il serait temps de faire cesser l'hypocrisie des "politiques climatiques" déclenchées par la nouvelle religion du climat qui serait déréglé.
En fait, l'Occident trouve en cela à satisfaire un besoin de transcendance et cela a tous les atours d'une religion, le judéo-christianisme a trouvé son relai:
1. Le Diable en nous (le Céhodeux) et notre péché originel (nous utilisons de l'énergie)
2. Une punition divine (le ciel nous tombe sur la tête)
3. Un régime de flagellation (la taxe carbone, entre autres débilités administrativo-fiscales)
4. Une secte et ses grands prêtres (Jancovici, Jouzel, Masson-Delmotte....)
5. Des indulgences (la compensation carbone)
En résumé, un "système" de gestion de la populace par la peur. La menace de ma grand-mère : "Sois gentil sinon tu vas faire pleurer le petit Jésus" où le petit Jésus est remplacé par Nicolas Hulot, par exemple (un petit peu déclinant quoique) ou par Sainte Greta.
Allez, courage aux gens qui travaillent.

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