Décarbonation du transport maritime: Maersk baptise le 1er navire au bio-méthanol

  • AFP
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Le géant danois du transport maritime Maersk a baptisé jeudi son premier navire au monde fonctionnant au bio-méthanol, étape cruciale dans son plan stratégique pour abandonner progressivement le recours au gazole.

Maersk a dévoilé à Copenhague un modèle relativement petit, le "Laura Maersk", qui pourra transporter quelque 2.136 conteneurs (TEU) et opérera à partir d'octobre, principalement dans la mer Baltique.

Le navire a été construit en Corée du Sud par Hyundai Heavy Industries (HHI) et est équipé d'un moteur à double carburant.

"Le méthanol vert est notre combustible de prédilection (...) car il s'agit de la seule solution capable de répondre aux exigences de la neutralité" carbone, a affirmé Vincent Clerc, le PDG du fleuron de l'industrie danoise lors de l'inauguration.

Au niveau mondial, le transport maritime pollue plus que le transport aérien, selon l'Institut supérieur d'économie maritime (Isemar).

Il est responsable de 2,89% des émissions de gaz à effet de serre, selon les derniers chiffres publiés par l'Organisation maritime internationale (OMI), qui entend atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050.

L'armateur danois a dévoilé début 2022 un vaste plan stratégique destiné à abandonner progressivement le recours au gazole, de façon à remplir les objectifs de réduction des gaz à effet de serre fixés par l'Union européenne dans le cadre des accords de Paris.

Dans cette optique, Maersk investit également dans la production de méthanol vert, faute d'offre actuellement existante sur le marché.

Il a ainsi lancé fin 2022 un gigantesque projet en Espagne afin de produire cet agrocarburant.

Avec le soutien de l'Etat espagnol, il entend créer deux sites de production de deux millions de tonnes de méthanol vert par an à l'horizon 2030. De quoi lui permettre de décarboner 10% de sa flotte de bateaux.

Le groupe souhaite produire en interne dans cinq ou six sites dans le monde. Parmi les sites à ce stade retenus par Maersk figure -outre l'Espagne- l'Égypte.

- Premier pas-

"Ni nous, ni le climat ne pouvons nous permettre de nous reposer sur nos lauriers ou d'attendre que d'autres solutions émergent à la fin des années 2020", a dit M. Clerc, qui a baptisé le navire avec la présidente de la Commission européenne, Ursula van der Leyen.

Pour réduire les émissions, le choix du carburant est celui qui permet le gain environnemental le plus important, selon l'Isemar.

Le méthanol vert, également appelé "e-méthanol", est produit en mélangeant du dioxyde de carbone (CO2) et de l'hydrogène vert, produit en décomposant les molécules de l'eau à l'aide d'un courant électrique - ce qu'on appelle l'"électrolyse de l'eau" - avec des sources d'énergie renouvelables.

Si Maersk a choisi le bio-méthanol, par rapport par exemple à l'e-ammoniac (créé en extrayant l'hydrogène des hydrocarbures et en le combinant avec de l'azote extrait de l'air liquéfié) souvent évoqué, c'est avant tout parce que "c'est la solution disponible aujourd'hui pour faire des progrès significatifs", a souligné M. Clerc lors d'une conférence de presse.

"C'est juste le premier pas" vers la décarbonation, a-t-il dit.

Ces deux dernières années, Maersk, numéro deux du transport de conteneurs, a commandé 25 navires fonctionnant au méthanol vert. 19 d'entre eux déjà en production devraient pouvoir naviguer d'ici 2025, permettant de réduire les émissions annuelles de CO2 d'environ 2,3 million de tonnes.

A elle seule, +Laura Maersk+ permet d'économiser 100 tonnes de CO2 par jour par rapport à un navire jumeau fonctionnant au fioul.

Maersk, qui a vendu en 2017 sa division pétrolière à TotalEnergies, ambitionne atteindre un bilan carbone neutre d'ici 2040.

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