Des experts du groupe Climate Action Tracker distinguent les pays bons et mauvais élèves dans la décarbonation de l'électricité

  • AFP
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Royaume-Uni bon élève sur le charbon, le Japon et le Mexique à la traîne sur toute la ligne : des experts du groupe Climate Action Tracker ont noté mardi la politique de décarbonation de la production électrique de 16 pays.

Ce groupe, basé à Berlin et piloté par un consortium de scientifiques et experts des politiques énergétiques, l'assure : "aucun de ces pays n'est complètement dans les temps" pour décarboner son électricité à un rythme suffisant pour contenir le réchauffement climatique à 1,5°C, même s'il y a "certains signaux positifs".

"La décarbonation de l'électricité constitue une étape clé sur la voie du +net zero+, car elle permettra de réduire à la fois les émissions du secteur et contribuera à éliminer les combustibles fossiles" des autres industries "à mesure qu'ils s'électrifient", assurent dans leur étude les chercheurs.

Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, les pays développés ne doivent plus tirer leur électricité du charbon d'ici 2030 et du gaz d'ici 2035, selon l'Agence internationale de l'Energie. Pour les pays en développement, la barre se situe en 2040, rappellent les experts, la transition devant se faire en "une génération".

CAT a noté les performances des 16 pays ou groupe de pays (Union européenne) sur trois critères : leur avancée dans la sortie du charbon d'une part, du gaz naturel d'autre part, et dans le développement d'énergies renouvelables.

Le nucléaire, que le CAT "ne voit pas comme une solution", n'est pas étudié.

Côté sortie du charbon - qui sert à produire un tiers de l'électricité mondiale, mais est responsable des deux tiers des émissions du secteur -, le Royaume-Uni fait figure de très bon élève : c'est le "seul pays analysé" à être "réellement sur la bonne voie", affirment les scientifiques.

Les pays de l'Union européenne, grâce à leur système de quotas d'émissions de CO2, l'Afrique du Sud ou encore le Chili sont "dans la bonne direction" pour respecter leurs engagements, notent-ils.

« Retard » mondial sur le gaz

Les Etats-Unis en revanche, qui "n'ont pas de plan d'élimination du charbon" et un objectif de décarbonation "trop tardif", avancent dans "la mauvaise direction", jugent les experts.

L'étude note une forte disparité entre les pays développés où sont concentrés les efforts pour sortir du charbon, et ceux en développement, "confrontés à des défis économiques et sociaux".

"La plupart" des centrales à charbon encore construites de nos jours le sont "dans trois pays seulement": l'Inde, l'Indonésie et la Chine, qui a lancé plus d'une "construction de centrale au charbon par semaine au cours du premier semestre 2023".

Concernant la sortie du gaz, le tableau est plus sombre : "le monde est en retard (...)" et "presque tous les pays prévoient de construire de nouvelles centrales" à gaz, regrettent-ils.

L'Union européenne, l'Australie et le Japon avancent "dans la mauvaise direction". Très dépendants du gaz, le Mexique et les Emirats Arabes unis, qui accueilleront la prochaine COP, sont "le plus loin du compte", affirment les experts. Ils s'inquiètent du pari émirati sur le captage du carbone.

« Mitigé » sur les renouvelables

Avec leur production électrique dominée par le charbon, la Chine et l'Inde sont les seuls à aller "dans la bonne direction" sur le gaz, "mais aucune nation n'a prévu d'éliminer progressivement cette source d'énergie à long terme", remarquent les chercheurs.

Les auteurs du CAT supplient les pays peu dépendants du gaz -Brésil, Maroc, Afrique du Sud- de ne pas tomber dans le "piège du gaz" comme énergie de "transition" après le charbon - "un "discours trompeur" avancé par l'industrie -, et de se diriger directement vers les énergies renouvelables.

Concernant ces dernières, seuls le Chili et l'Allemagne sont "devant les autres", quand le Japon et le Mexico - mauvais élèves dans toutes les catégories du rapport - sont "à la traîne", respectivement à cause "d'objectifs faibles" et d'un rétropédalage dans le soutien aux énergies renouvelables.

Commentaires

Grunblatt

"Le nucléaire, que le CAT "ne voit pas comme une solution", n'est pas étudié" venant d'une association allemande qui classe l'Allemagne devant les autres pays : une fumisterie de plus.

Lecteur 27

Et pourtant le CAT parle de "décarbonation". Ils sont aveugles, dommage

Denis GOURGOUILLON

Ces experts qui déclarent que le nucléaire n'est pas une solution pour la décarbonation me paraissent intoxiqués (ou corrompus) par le pays où ils vivent l'Allemagne! Les calculs sont formels le KWH nucléaire est le moins "carbonifère" légèrement en dessous de l'éolien et le photovoltaique. En plus son avantage d'être pilotable le rend indispensable. Je voudrais connaître ce que vont dire ces "experts" sur la décisions de l'Allemagne de construire 15 GW de centrales à gaz. Faute d'avoir du pilotable 'Allemagne va construire des centrales à gaz!! le résultat d'une erreur stratégique d'abandon du nucléaire

EtDF

La ministre fédérale de la recherche, Bettina Stark-Watzinger, a annoncé que l’Allemagne allait investir un milliard d’euros dans la fusion nucléaire d’ici à 2028. Ce montant correspond à l’addition des fonds déjà alloués aux organismes de recherche et à un effort supplémentaire de 370 millions d’euros.

Non l'Allemagne ne jette pas le nucléaire.. mais pro-fusion.. rendez vous vers 2200 si tout va bien.!!!!!!
En attendant si tout va bien ils continueront à mettre en route à profusion du shale gaz (américain) nécessaire et pas suffisant à leur méga parcs intermittents..
On devrait commencer à sérieusement boycotter les produits allemands.. trop polluants!

EtDF

Dans ce même numéro " 20 sept. 2023 - 19h07
"Courroux du monde des affaires face au recul de Londres sur la neutralité carbone"

Climate Action Tracker....... n'est pas du monde des affaires!

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