Sous l'égide de l'ONU, des multinationales s'ingénient à trouver plus d'argent pour le développement durable

  • AFP
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Comment inciter le secteur privé à débourser les milliards de dollars nécessaires au financement du développement durable ? Sous l'égide des Nations unies, les patrons de trente grandes multinationales se sont engagés mercredi à trouver des solutions.

Baptisé « Alliance des investisseurs mondiaux pour le développement durable » et coprésidé par les dirigeants de l'assureur allemand Allianz, Oliver Bäte, et de la Bourse de Johannesburg, Leila Fourie, le groupe a deux ans pour apporter au secrétaire général de l'ONU des recommandations d'actions concrètes.

"Combler les milliers de milliards de dollars qui manquent chaque année pour financer (les Objectifs de développement durables fixés par l'ONU) va nécessiter des initiatives et des niveaux de financement d'une toute autre échelle" que ce qui se fait actuellement, explique à l'AFP Jay Collins de la banque américaine Citigroup.

"Nous voulons aider à utiliser les quelque 15 000 milliards de dollars d'actifs que les personnes présentes (dans cette alliance) représentent pour passer à l'étape supérieure car de simples progrès linéaires ne suffiront pas", ajoute-t-il. De plus en plus de grandes multinationales promettent de ne plus se soucier seulement du profit à court terme et de prendre à bras le corps la problématique du développement durable.

Plus d'une centaine de banques internationales représentant collectivement plus du tiers de l'industrie bancaire mondiale ont par exemple signé en septembre une charte de principes pour "une banque responsable" développée par le programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP). Les entreprises se sont toutefois montrées dans le passé hostiles aux régulations contraignantes.

L'Alliance, qui inclut les dirigeants de grandes banques comme Citigroup, Banco Santander, UBS, de gestionnaires d'actifs comme Pimco et d'entreprises comme Safaricom, "entend utiliser l'expertise (de ces entreprises), leur influence et leur sens des affaires" pour stimuler les investissements à long terme dans le développement, souligne un communiqué.

Demande énorme des investisseurs

Cette initiative intervient au moment où les fonds publics pour le développement s'amenuisent. Mais même si tous les Etats respectaient leurs engagements, "cela ne serait pas suffisant" pour atteindre les sommes nécessaires à l'atteinte des ODD, remarque le communiqué.

L'implication personnelle du secrétaire général de l'ONU et de patrons d'entreprises puissantes aux profils variés "va permettre un travail collectif de lobbying auprès des institutions multilatérales qui ne répondent pas forcément à nos attentes", estime Miriem Bensalah-Chaqroun, directrice générale de l'entreprise marocaine Les Eaux Minérales d'Oulmès.

Comme d'autres participants, elle insiste notamment sur "une plus grande cohérence au niveau des normes" définissant les investissements dans le développement durable ainsi que sur la nécessité d'imaginer plus "d'outils financiers innovants", comme les obligations vertes, qui ont la particularité de financer des investissements en faveur de la transition énergétique et écologique.

Ce dernières "prennent de l'importance et c'est très bien", souligne Scott Mather, responsable des investissements chez Pimco, l'un des plus grands gestionnaires d'actifs au monde. "Mais il faut aller au-delà de ces projets très spécifiques et inclure tout un tas de problématiques relevant du développement durable" comme la santé ou l'éducation, ajoute-t-il.

Le géant italien de l'énergie Enel a ainsi récemment émis des obligations liées à l'atteinte d'Objectifs de développement durable (ODD), pour 1,5 milliard de dollars sur le marché américain puis 2,5 milliards d'euros sur le marché européen.

"La demande (de la part des investisseurs) a été énorme", à hauteur respectivement de 2,5 milliards de dollars et 10 milliards d'euros, souligne Francesco Starace, le directeur général de l'entreprise. "Cela montre le besoin d'innovation", ajoute-t-il.

Le problème, reconnaît la patronne du fonds de pension des fonctionnaires californiens (CalPERS) Marcie Frost, est qu'"on ne trouve pas beaucoup d'investissements répondant aux critères des ODD et rapportant 7% par an", comme y est tenu le fonds. "C'est pourquoi les instruments de motivation et d'incitation qui régissent les marchés financiers doivent évoluer vers une finance plus durable."

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