Emmanuel Macron en Asie centrale mercredi et jeudi pour plus de contrats et d'influence

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Le président français Emmanuel Macron se rend mercredi et jeudi en Asie centrale, où la Chine mais aussi l'Europe et la Turquie avancent leurs pions face à la Russie, ancienne puissance tutélaire à l'influence contestée.

Il reprend ainsi le cours de son agenda après une tournée surprise au Proche-Orient les 24 et 25 octobre, sur fond d'embrasement entre Israël et le mouvement islamiste palestien Hamas.

Le chef de l'Etat est attendu dans deux des cinq ex-républiques soviétiques d'Asie centrale, le Kazakhstan, première puissance économique régionale, et l'Ouzbékistan, désireux d'accélérer son ouverture après 25 ans d'isolement.

Avec deux objectifs affichés: participer à la "diversification" de leurs liens stratégiques et économiques et renforcer la présence de l'Europe, à travers la signature de contrats.

La France entend aussi capitaliser sur son intérêt de longue date pour la région où François Mitterrand avait été le premier chef d'Etat européen à se rendre - au Kazakhstan en 1993 et en Ouzbékistan en 1994 - peu après l'éclatement de l'Union soviétique.

"Pour nous, l'enjeu c'est de continuer à répondre présents dans cette zone qu'on connaît et qu'on laboure depuis longtemps", aux côtés de l'Union européenne (UE) et de "nos partenaires américains", résume l'Elysée.

Le président Joe Biden a rencontré les cinq dirigeants d'Asie centrale en septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.

Contrats en perspective

Tous ont en ligne de mire le déclin de la toute-puissance russe dans la région, sur fond de guerre en Ukraine, même si Moscou reste un partenaire économique et militaire incontournable des républiques centrasiatiques.

Dans cette course à l'influence, la Chine voisine, forte de son grand projet d'infrastructures des "Nouvelles routes de la soie", a pris une longueur d'avance.

Mais l'UE est aussi à la manoeuvre pour s'ancrer dans la région, tout comme la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, attendu vendredi au Kazakhstan.

Emmanuel Macron, accompagné des ministres de l'Industrie, du Commerce extérieur et d'une quinzaine de chefs d'entreprise dont les PDG d'EDF, Suez et Orano, va donc s'atteler à renforcer le partenariat économique avec le Kazakhstan - où la France est le cinquième investisseur étranger, devant la Chine - et à développer celui avec l'Ouzbékistan.

La présidence française promet des "annonces de contrats" dans les secteurs énergétique, de l'eau, du transport urbain et de l'aéronautique.

Au Kazakhstan, l'ambiance sera toutefois au deuil après la mort d'au moins 45 mineurs samedi sur un site du géant ArcelorMittal, le pire accident minier dans l'histoire du pays depuis son indépendance de l'URSS en 1991.

« Nette différence »

La France, poids-lourd mondial du nucléaire civil, est sur les rangs pour participer au projet de première centrale nucléaire au Kazakhstan, dont la construction doit être tranchée par référendum d'ici la fin de l'année.

Le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) sera aussi du voyage dans cette zone riche en métaux critiques, indispensables à la transition énergétique.

Ce sujet avait d'ailleurs figuré en bonne place lors de la visite des présidents kazakh Kassym-Jomart Tokaïev et ouzbek Chavkat Mirzioïev à Paris en novembre 2022, a rappelé l'Elysée.

Le spécialiste de l'uranium Orano entend aussi développer ses activités au Kazakhstan, où il exploite déjà une mine, et en Ouzbékistan alors qu'un de ses principaux fournisseurs, le Niger, devient plus imprévisible après un coup d'Etat en juillet.

Au-delà de cette ouverture géopolitique, la scène politique reste verrouillée au Kazakhstan, malgré l'arrivée au pouvoir du président Tokaïev.

En janvier 2022, des émeutes réprimées dans le sang avaient fait officiellement 238 morts.

Et en Ouzbékistan, pays le plus peuplé d'Asie centrale avec quelque 35 millions d'habitants, le président Mirzioïev ne souffre d'aucune contestation.

S'il a sorti son pays de l'isolement après les années de fer du redouté Islam Karimov, dont il était un fidèle serviteur, il n'a pas non plus mis fin à la tendance autoritaire du régime: en juillet 2022, 21 personnes avaient été tuées lors de rares manifestations ayant dégénéré.

"Il y a quand même une très nette différence, une dynamique de réformes, une ouverture au monde", pointe l'Elysée, tout en assurant que la question de l'Etat de droit sera abordée durant la visite à Samarcande, joyau architectural ouzbek.

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