Emmanuel Macron reçoit le leader du Turkménistan, dont le gaz attire les convoitises

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le

Le président français Emmanuel Macron reçoit lundi Gourbangouly Berdymoukhamedov, leader de fait du Turkménistan, l'un des pays les plus reclus et autoritaires au monde, qui regorge en gaz, avec en vue la signature de plusieurs accords.

Rares rencontres

Le "leader national du peuple turkmène", père du président turkmène Serdar Berdymoukhamedov, est attendu à 20h00 (18h00 GMT) à l'Élysée pour "des signatures d'accords" et un dîner de travail, a annoncé la présidence française sans plus de précisions.

Gourbangouly Berdymoukhamedov espère que sa visite "donnera un élan puissant au développement de la coopération" bilatérale et "ouvrira une nouvelle page dans l'histoire des relations" entre Achkhabad et Paris, selon des propos rapportés par l'agence de presse officielle du Turkménistan.

Seuls deux sommets franco-turkmènes ont eu lieu depuis l'indépendance du pays de l'URSS en 1991, le dernier remontant à une visite de Gourbangouly Berdymoukhamedov au président Nicolas Sarkozy en février 2010.

Il est très rare que des dirigeants européens s'affichent au côté des responsables turkmènes. La chancelière allemande Angela Merkel avait ainsi accueilli le dirigeant turkmène en 2016. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s'est rendu à Achkabad en 2023.

Un duo père-fils au pouvoir depuis 2006

Le Turkménistan, ex-république soviétique désertique bordant la mer Caspienne, se trouve dans les tréfonds des classements pour les droits humains et la liberté de la presse, au côté de l'Afghanistan et de la Corée du Nord.

Le duo père-fils Gourbangouly et Serdar Berdymoukhamedov, au pouvoir depuis 2006, fait l'objet d'un véritable culte de la personnalité.

Le père, président du Conseil du peuple du Turkménistan, est loué comme "Héros-Arkadag" (protecteur) et "chef de la Nation turkmène" et demeure de fait le maître incontesté du pays.

Riche en ressources naturelles, le Turkménistan, comme les autres pays d'Asie centrale, attise les convoitises et les rivalités entre Russie, Chine et Europe.

L'Union européenne, qui tente de se poser en alternative, a ainsi annoncé en avril une aide de 12 milliards d'euros pour l'Asie centrale dans le cadre de son projet "Global Gateway" pour les infrastructures, réponse européenne aux "Nouvelles routes de la soie" promues par Pékin.

Livraisons de gaz turkmène en Europe

Serpent de mer depuis trois décennies, la livraison des immenses réserves de gaz turkmène en Europe pourrait être abordée à l'Élysée. Ce projet, freiné par des difficultés logistiques, avec des infrastructures de transport via la Russie, a été relancé par la guerre en Ukraine et la fin de la livraison de gaz russe en Europe, qui doit trouver des approvisionnements alternatifs.

Le Turkménistan, qui cherche à diversifier ses partenaires pour ne pas dépendre du seul marché chinois, appelle de son côté régulièrement à construire un gazoduc à travers la mer Caspienne reliant l'Asie centrale au Caucase puis à l'Europe, pour l'heure sans financement concret.

Les échanges commerciaux franco-turkmènes restent faibles - 74,6 millions d'euros en 2023 - et le Turkménistan est seulement le 141e partenaire commercial de la France, mais la présence française est visible.

Les groupes Bouygues et Vinci y construisent de nombreux bâtiments en marbre pour les dirigeants du pays, friands de constructions grandioses, ce qui a contribué à la création d'une nouvelle image architecturale du Turkménistan.

Ajouter un commentaire