- Connaissance des Énergies avec AFP
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Parc éolien dans les Ardennes (©Engie Green)
Le Premier ministre a annoncé mercredi le lancement d'une "mission" pour évaluer le coût des énergies renouvelables pour les finances publiques et leur impact sur le système électrique, à l'heure où la future stratégie énergétique de la France suscite des débats enflammés.
Des conclusions attendues d'ici 3 mois
Cette mission consacrée à "l'optimisation des soutiens publics aux énergies renouvelables électriques et au stockage d'électricité" a été confiée à Jean-Bernard Lévy, ancien PDG d'EDF (2014-2022), le géant tricolore du nucléaire (2014-2022), et au haut fonctionnaire Thierry Tuot, conseiller d'État et ancien directeur général de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), selon le communiqué de Matignon. Leurs conclusions sont attendues dans un délai de 3 mois.
"Dans un contexte budgétaire exigeant et face à la maturité croissante des filières, la mission aura pour objectif de proposer un modèle de soutien plus efficace, plus soutenable et mieux partagé entre acteurs publics et privés", explique Matignon.
En octobre, le Premier ministre Sébastien Lecornu avait indiqué vouloir réexaminer "la manière dont l'argent public est employé" pour financer les énergies renouvelables.
Les deux personnalités devront passer au crible les modalités de financement des centrales solaires et éoliennes, des énergies au cœur d'attaques venues de l'extrême droite et d'une partie de la droite. Ces derniers mois, le partage entre le nucléaire et les renouvelables dans la future stratégie énergétique française a donné lieu à des débats enflammés entre parlementaires.
Sébastien Lecornu doit s'entretenir avec Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN très opposée aux énergies éolienne et solaire, à 17h à Matignon. "Aucun lien" toutefois avec le lancement de cet audit, soulignent les services du Premier ministre.
« Une provocation » pour la filière ENR
Aujourd'hui, la plupart de ces projets bénéficient de contrats avec l'État garantissant un prix fixe au producteur indépendamment de l'état de la consommation et de la production électrique.
Or quand la demande est trop faible, les centrales éoliennes et solaires peuvent générer des surplus d'électricité, parfois accompagnés de prix négatifs. Ce phénomène pèse sur les finances publiques car l'État doit alors payer au producteur la différence entre le prix sur le marché et le prix de référence.
Ces mécanismes de soutien représentent "aujourd'hui un engagement financier majeur pour la puissance publique", estimé à 8,2 milliards d'euros dans le projet de loi de finances 2026. "Après plusieurs années de montée en charge (...) il y a une volonté de remettre les choses à plat", résume-t-on à Matignon.
En réaction, les syndicats des renouvelables ont appelé à en faire de même avec le nucléaire. Le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER) Jules Nyssen a évoqué une "provocation" sur son compte LinkedIn, ironisant sur le fait qu'"en matière de coûts", le chantier du réacteur EPR de Flamanville, "conduit en grande partie" lorsque M. Lévy "était PDG d'EDF, est un bon exemple". Daniel Bour, du syndicat Enerplan, a lui jugé "un peu bizarre que le nucléaire ne soit pas inclus dans cette étude globale".