Éolien en mer : l'UICN France réclame une meilleure prise en compte des impacts sur l'environnement et la biodiversité

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L'UICN France a réclamé mercredi une meilleure prise en compte des impacts sur l'environnement et la biodiversité dans la planification de nouveaux projets éoliens en mer, au lendemain de l'adoption par l'Assemblée nationale du projet de loi d'accélération des énergies renouvelables.

"La transition énergétique doit aussi être écologique en conciliant le développement des énergies renouvelables avec la conservation de la biodiversité", déclare Maud Lelièvre, présidente du Comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dans un communiqué.

Pour cela, l'organisme fait sept recommandations aux pouvoirs publics mais aussi aux porteurs de projets privés d'énergies marines renouvelables, afin de "davantage tenir compte des zones à enjeux pour la biodiversité dans le choix d'implantation" de tels programmes. Elle réclame par ailleurs de "mieux traiter les impacts unitaires et cumulés des projets sur les espèces et les écosystèmes, à travers une application rigoureuse de la séquence ERC (éviter, réduire, compenser)".

Mardi, l'Assemblée nationale a donné son ultime feu vert au projet de loi d'accélération des énergies renouvelables mardi, avant l'adoption définitive attendue au Sénat le 7 février.

En février 2022, le président Emmanuel Macron avait fixé l'objectif de doter la France d'une cinquantaine de parcs éoliens en mer pour "viser 40 gigawatts en service en 2050".

L'UICN plaide notamment pour une meilleure prise en compte des effets cumulés des activités humaines sur les écosystèmes marins lors de la planification des projets éoliens en mer.

"Les éoliennes en mer ont des impacts sur la biodiversité selon leur type de structure (posée ou flottante), leur raccordement et les pressions qu'elles exercent qui peuvent être de nature physique, chimique et biologique. Elles impactent les habitats marins ainsi que différentes espèces (oiseaux marins et terrestres, mammifères marins, tortues marines, poissons, crustacés et autres faune et flore sous-marines)", souligne-t-elle.

Et ce d'autant plus que ces zones sont déjà soumises à d'autres pressions comme les pollutions liées à l'agriculture ou les effets de la pêche industrielle.

Ces recommandations "essentielles pour atteindre le bon état écologique du milieu marin" rejoignent les objectifs 2030 du nouveau Cadre mondial de la Biodiversité approuvés par les Etats en décembre 2022, rappelle l'UICN.

Commentaires

sirius

Demande vaine , Macron est totalement indifférent à la protection de la nature ;

Brigitte Bertin

C'est un contre-sens de penser que la transition énergétique est écologique. Ce leurre est entretenue par la crise climatique , que je ne remet pas en question mais qu'il faut relativiser pour ne pas commettre l'irréparable en matière environnementale. Or, son urgence fait passer au second plan toute préoccupation écologique qui ne va pas dans le sens de la décarbonation, pour l'instant factice d'ailleurs.
L' empreinte carbone de l'éolien et du solaire n'est pas la meilleure. Moins bonne que le nucléaire et même le bois, sans parler de leur nécessité de recours au gaz.
La décarbonation énergétique n'est pas une transition (lire JB Fressoz) mais une révolution technologique. Son postulat est qu'elle va permettre de maintenir notre modèle économique énergivore et toxique pour la nature (y compris humaine).
Celui de la transition écologique est basé sur l'économie circulaire, la sobriété énergétique, l'innovation technologique douce.
Deux mondes opposés dont l'un utilise l'autre en trompe l'oeil. Le réveil va être dur dans quelques décennies.....

Houyo

Il y a du vrai dans votre propos. Les ENR, comme toute autre technologie, sont amoraux. C'est l'usage qu'on en fait qui les rend légitimes (ou moraux). La panacée n'existe pas et nucléaire ou bois énergie ont aussi leurs revers.
L'empreinte carbone de l'éolien et du solaire est excellente (et s'améliore au moins pour le PV). Ce sont également des technologies qui entrent en synergie avec d'autres fonctionnalités : c'est particulièrement vrai pour le PV. Le gaz ne leur est pas nécessaire.

La plupart des études de transition énergétique ne se contentent pas d'une substitution de technologie de production mais intègrent également les autres axes de transition ainsi que les externalités qui découlent de leur mise en oeuvre.
Par exemple les scénarios NegaWatt sont basés sur le triptyque sobriété, efficacité et production ENR, dans cet ordre. Ils prennent en compte les cycle de vie et les besoins en matériaux.
Par exemple : https://www.negawatt.org/Reponse-a-l-appel-a-contribution-relatif-au-re…

D'une manière générale, moi qui suis dans le secteur de la performance énergétique des bâtiments, les choses changent (et même s’accélèrent pas mal un an). Est-ce que ce sera assez rapide ? C'est pas gagné...

Quoi qu'il en soit les recommandations de l'UICN sont une très bonne chose. J'espère qu'elles se traduiront dans la règlementation.

Brigitte Bertin

Bien sur rien n'est parfait. Par exemple la rénovation énergétique des bâtiments. D'après une étude anglaise, à cause de l'effet rebond, les économies d'énergie s'annulent au bout d'un an car les gens augmentent leurs standards de confort énergétique, surtout pour les passoires thermiques.
D'après les valeurs que j'ai des bilans carbones, le solaire et éolien sont à environ 50g CO2/kWh, le gaz à 500g CO2/kWh, le bois et le nucléaire sont à environ 30g CO2/kWh.
Sur le site RTE, hier la production a été de 68% nucléaire, 11% gaz, 10% hydro, 9% éolien,3% solaire et 1% biomasse. C'est assez typique de la période hivernale. Le potentiel de la biomasse est vraiment sous-exploité.
L'EnR bois issu des sous-produits forestiers (sciure, branches) est intéressant. Son problème majeur concerne les émissions de particules fines mais c'est perfectible (filtres), là où ça ne l'est pas pour les pneus...

Houyo

En deux mots, simplement pour compléter vos propos que je partage.

Les bilans carbone du nucléaire et du bois énergie sont difficiles à estimer, en tout cas bien plus que pour l'éolien et le photovoltaïque. Pour le nucléaire, ca vient de la complexité de la chaine de valeur (et de l'opacité du secteur aussi, il faut bien le dire). Pour le bois, ce sont les externalités et les méthodes liées à l'exploitation : par exemple quid du carbone stocké dans le sol suite à une coupe claire. Quoi qu'il en soit, dans les deux cas le consensus admet que ces deux énergies sont faiblement carbonées.

Eco2mix est un excellent outil de suivi, pas d'analyse ; et il ne s’intéresse qu'à la production électrique. En France le bois énergie est la première énergie renouvelable mais il est essentiellement valorisé sous forme de chaleur.
En ce moment il a le vent en poupe et se développe rapidement en substitution ou complément du gaz. Mais la conduite d'une chaudière bois n'est pas aussi facile qu'avec le gaz ou le fioul et les pannes sont fréquentes en particulier lorsque l'opérateur n'a pas été correctement formé. La filière doit également s'orienter vers une exploitation durable pour devenir réellement écologique : pas simple...

Pour les gains de performance en général, et la rénovation en est un excellent exemple, l'effet rebond est un travers courant. Cependant, je n'irais pas jusqu'à dire que ça annule les gains au bout d'un an, surtout dans le cas d'une rénovation globale et performante. Paradoxalement, plus le bâtiment est performant et plus le comportement des usagers influe sur les consommations énergétiques et donc plus l'effet rebond peut dégrader le bilan en pourcentage.
C'est un paramètre qui est de plus en plus intégré, y compris par l'implication des usagers finaux dès les premières phases du projet : l'Assistance à Maitrise d'Usage (AMU).

Jean

"L'empreinte carbone de l'éolien et du solaire est excellente (et s'améliore au moins pour le PV). Ce sont également des technologies qui entrent en synergie avec d'autres fonctionnalités : c'est particulièrement vrai pour le PV. Le gaz ne leur est pas nécessaire." Ah bon ? Houyo ouille ouille, ouille ! rarement lu une pareille contre vérité ! l'empreinte carbone ou bilan carbone PV comme éolien doit compter depuis l'extraction des matières premières nécessaires jusqu'à l'installation, l'exploitation, le démantèlement et le recyclage. pour le PV (qui vient de Chine quasi exclusivement) c'est 43,9 g de CO2e par kWh. (calcul ADEME) 'éolien, c'est 14,3 terrestre et 15,6 en mer selon l'ADEME , mais ces 2 productions électriques sont d'abord INTERMITTENTES il faut donc ajouter à leur bilan carbone celui des centrales GAZ 418 gr/KWh qui prennent le relais de ces 2 intermittentes pendant respectivement 85 % du temps d'inaction du solaire et 75 % du même temps improductif de l'éolien.
Le bilan carbone du solaire est donc de 43,9 + 355 gr soit près de 400 gr.CO2/KWh. Pour l'éolien, c'est donc 14 + 313 = 327 gr CO2/KWh auquel il faut ajouter le bilan carbone de l'activité de construction des nouveaux raccordements à RTE que ces PV et centrales éoliennes, dispersées sur tout le territoire nécessitent.
Nous faire croire que l'éolien et le solaire sont décarbonés (leurs supporteurs inconditionnels disent d'ailleurs et seulement "renouvelables") et luttent ELECTRIQUEMENT en France contre le dérèglement climatique est un gros, mais très très gros mensonge, quand l'électricité française est déjà décarbonée à 92,2 % en 2021. .

Daphné

Indépendament des technologies , on installe de plus en plus d'appareils fournissant une énergie électrique sans émanations de polluants ou de GES in situ.Mais il ne faut pas que ces installations aient un impact négatif sur l'environnement la faune, la flore, les ressources agricoles.. Au contraire , faire en sorte qu'elles favorisent leur épanouissement. Avant de crier haro sur les éoliennes en mer , voyons si les fermes d' éoliennes ne servent pas de refuges aux poissons et d'encrage pour la flore qui peut être en plus favorisé par des structures artificielles en manchons sur les piliers. Installons sur terre des ombrières de panneaux PV espacés et surélevés permettant les cultures en- dessous. Les poissons et les oiseaux s'habituent aux bruits et aux pales des éoliennes dans la mesure où elles ne les agressent pas et tournent dans un périmètre précis et inchangé. Quant aux éoliennes soi-disant qui gâchent la "vue" elles sont aussi belles que les bateaux à voile mais différentes. ll faut s'habituer à les voir dans le paysage. On devrait davantage se pencher sur la correction des intermittences, le stockage. On avance vite dans les applications de recherches abouties et d'autres en cours: nouvelles performance des batteries, de plus en plus petites avec une capacité et une autonomie toujours plus grande , avec les matériaux nouveaux comme les bidimentionnels tels le graphène, Ou le stockage par électrolyseurs d'eau pour la production d'H2 et sa compression dans des contenants résistants les piles à combustibles et la rentabilisation du GN en le mélangeant à 20% d'H2 vert . Comme la plantation de variétés plus résistantes à la sécheresse ou des plantations diversifiées en mix synergique pour éviter la contagion des maladies et les pesticides d'emploi inévitable dans les monocultures ( ce qui se fait en Inde!)La surabondance de lois et interdits figent l'initiative , les dérogations fructueuses, les initiatives de l'imagination . Un système n'exclut pas l'autre à condition qu'il ne soit pas obtus, apauvrissant la nature .Ainsi du nucléaire qui chez nous jusqu'à présent n'a fait de mal à personne et a permis notre autonomie en électricité décarbonée. Les recherches devraient porter certes sur la puissance des réacteurs mais aussi sur la sécurité en se penchant davantage sur le système de refroidissement jusqu'à présent surtout assuré par l'eau des rivières qui se réchauffent.

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