- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le Parlement bulgare a voté vendredi une loi autorisant le gouvernement à prendre le contrôle de la raffinerie de Lukoil à Bourgas, dans l'est du pays, de crainte que les sanctions américaines contre le groupe russe n'entraînent son arrêt pur et simple.
Des sanctions américaines en vigueur le 21 novembre
La décision des États-Unis en octobre d'imposer des sanctions contre le géant pétrolier russe inquiète en effet le gouvernement bulgare car elles pourraient signifier la fin des activités de la raffinerie située près de la mer Noire, qui est la plus importante des Balkans et aussi l'entreprise la plus grande du pays avec un chiffre d'affaires de 4,68 milliards d'euros en 2024.
Les sanctions américaines, qui vont entrer en vigueur le 21 novembre, "vont en réalité entraîner l'arrêt des activités de la raffinerie (...) en raison du refus de toutes les parties d'effectuer des paiements aux sociétés appartenant à Lukoil", ont justifié les députés de la majorité à l'origine de la proposition de loi, qui a été adoptée lors d'une procédure accélérée.
Lukoil détient indirectement 99,85% de la raffinerie de Bourgas, baptisée Neftochim. Un administrateur spécial pourra être nommé par le gouvernement bulgare, pour dorénavant prendre sa tête.
Il pourra aussi procéder à des cessions d'actions "après l'établissement d'une évaluation de marché", et après approbation du gouvernement, ont également décidé les députés bulgares.
Un risque
Au cours des débats, l'opposition a accusé la majorité au pouvoir d'avoir fait passer le projet de loi en urgence, avec une réunion en commission de l'énergie qui a duré près de 30 secondes. Elle s'est également inquiétée de la possibilité pour l'administrateur spécial de vendre des actions car cela pourrait entraîner des poursuites judiciaires contre la Bulgarie.
Pour l'expert Ruslan Stefanov, l'approche du gouvernement "est la bonne. Mais laisser ouverte la possibilité d'une nationalisation est très risqué". Cela "pourrait diluer l'effet des sanctions, en permettant à Lukoil de poursuivre l'État bulgare en justice et d'obtenir une indemnisation bien plus élevée", a déclaré à l'AFP M. Stefanov, expert en gouvernance et sécurité énergétiques au sein du centre de réflexion Center for the Study of Democracy.
Le 31 octobre, le Parlement bulgare avait décidé de limiter les exportations de produits pétroliers vers d'autres États membres de l'Union européenne, afin de garantir la sécurité énergétique du pays, toujours en raison des sanctions américaines annoncées.
La mesure concerne les exportations de produits pétroliers sous 22 codes douaniers correspondant au gazole et au kérosène. Des exceptions sont autorisées pour le ravitaillement des navires et avions locaux et étrangers, ainsi que pour les livraisons aux forces armées de l'OTAN ou aux forces armées des États membres de l'UE lorsqu'elles sont liées à la politique commune de sécurité et de défense.
Outre la raffinerie de Bourgas, Lukoil détient plus de 220 stations essence en Bulgarie, ce qui en fait le plus grand distributeur de carburant dans le pays.