France: l'inflation a ralenti en décembre 2018 grâce à la baisse des cours du pétrole

  • AFP
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L'inflation en France a ralenti à 1,6% sur un an en décembre, grâce à la baisse des cours du pétrole, mais devrait atteindre en 2018 son plus haut niveau en six ans, pesant sur un pouvoir d'achat au coeur des préoccupations des Français et des revendications des "gilets jaunes".

La hausse des prix à la consommation en France s'était élevée à 1,9% en novembre et 2,2% en octobre, selon l'Insee qui précise que son chiffre pour le mois dernier est encore provisoire. L'évolution moyenne des prix pour l'année 2018, qui fait référence pour les revalorisations contractuelles, sera elle publiée par l'Institut national des statistiques le 15 janvier. Selon une note de conjoncture rédigée le mois dernier par l'Institut national des statistiques, cette moyenne devrait s'élever à environ 1,8%, un plus haut depuis 2012 (2,0%), contre 1,0% en 2017.

Dans un contexte de faible progression des salaires, ce retour de l'inflation à un niveau souhaité par la Banque centrale européenne n'est pas du goût des ménages, notamment des plus modestes, plus sensibles à la hausse des prix alimentaires. Or ces derniers ont continué à accélérer avec 2,5% d'augmentation sur un an en décembre, et même 7,8% de hausse pour les produits frais.

Le décalage entre le niveau de l'inflation et l'évolution des revenus est particulièrement prononcé pour les retraités, dont les pensions ne sont revalorisées que de 0,3% en janvier et ne sont pas indexées sur l'évolution des prix.

La hausse du Smic est pour sa part limitée à 1,5% en ce début d'année même si la majorité de ceux qui le perçoivent bénéficieront d'une prime d'activité en hausse de 90 euros, concédée par le gouvernement pour calmer les "gilets jaunes". Leur mouvement, parti du refus d'une hausse de taxes sur les carburants, a perturbé l'économie française de la mi-novembre jusqu'aux fêtes de fin d'année, période cruciale pour la consommation et les commerces.

Priorité au pouvoir d'achat

L'augmentation du pouvoir d'achat, fragilisée par la reprise de l'inflation, s'inscrit désormais en tête des priorités des Français, selon un sondage Odoxa Dentsu Consulting publié jeudi, loin devant la baisse du chômage (longtemps première préoccupation, mais désormais relégué au quatrième rang, derrière la diminution de la pauvreté et de la précarité ainsi que la baisse des impôts et des taxes).

Face à la colère d'une partie de la population, le gouvernement a pris d'urgence en fin d'année pour plus de 10 milliards d'euros de mesures de soutien au pouvoir d'achat, allant de la revalorisation et de l'élargissement de la prime d'activité à l'annulation de la hausse de la CSG sur les retraites jusqu'à 2 000 euros, en passant par la défiscalisation des heures supplémentaires.

Ces mesures, qui ne pèsent pas directement sur le coût du travail mais creusent le déficit public, arrivent dans un contexte de ralentissement de la croissance, dont les prévisions ont été rabotées par l'Insee à 1,5% pour 2018 et 2019, de ralentissement chinois plus prononcé que prévu sur fond de guerre commerciale et des signes de faiblesse de l'économie américaine.

La progression du pouvoir d'achat des Français en 2018, qui atteindrait 1,4% selon les estimations de l'Insee, devrait toutefois permettre de soutenir la consommation, soutenant la croissance mais au risque de dégrader la balance commerciale par une relance des importations.

L'institut s'attend par ailleurs à ce que l'inflation continue à ralentir au premier semestre, avec une hausse des prix limitée à 1,0% en glissement annuel en juin 2019, après avoir culminé à 2,3% l'été dernier.

Dans le détail au mois de décembre, les prix des produits manufacturés sont en baisse de 0,5% sur un an et ceux des services progressent de 0,9%. Sur un mois, les prix à la consommation devraient être stables, après un repli de 0,2% en novembre, précise l'Institut national des statistiques, qui impute le ralentissement de l'inflation à la baisse des prix de l'énergie, dans le sillage de ceux du pétrole.

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