Gardes à vue des salariés de RTE : la CGT demande au gouvernement d'intervenir

  • AFP
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La CGT a interpellé le gouvernement au sujet de quatre agents de RTE convoqués par la justice pour des soupçons d'interventions frauduleuses sur le réseau électrique, demandant notamment d'intercéder auprès du gestionnaire des lignes à haute tension pour "stopper" les procédures de licenciement qui les visent.

Les quatre agents de RTE, convoqués devant le tribunal correctionnel de Paris le 28 février, avaient été placés en garde à vue début octobre dans les locaux des services de renseignements, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à la suite d'une plainte contre X de RTE visant des soupçons d'interventions frauduleuses sur le réseau électrique, sur fond de mouvements sociaux en juin et juillet.

"Je vous demande d'intervenir auprès du président (de RTE, ndlr) M. Xavier Piechaczyk pour stopper les procédures de licenciement et revoir la position de l'entreprise qui a l'intention de se porter partie civile et faire condamner lourdement les grévistes", écrit dans une lettre adressée à la Première ministre Elisabeth Borne le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.

Une copie de ce courrier en date du 7 décembre a été adressée à la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, ainsi qu'au Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Car la CGT dénonce "une machination orchestrée par la direction de l'entreprise": la centrale syndicale estime, d'après des procès-verbaux de la DGSI qui a interrogé les quatre agents, que le directeur de la sécurité de RTE "a saisi directement la DGSI, après que l'entreprise ait déposé une plainte contre X au commissariat de Lille".

Contactée par l'AFP, RTE a indiqué avoir "informé la section cyber de la DGSI à la suite de la survenance des actes qui relevaient d'une action volontaire, coordonnée et numérique contre un nombre important de postes, et qui concernait des ouvrages à très haute tension (400.000 V), colonne vertébrale du système électrique européen".

Elle estime qu'il s'agit d'une "procédure habituelle" pour ce type d'action et indique que "le procureur de la République, et lui seul, a décidé de saisir la section spécialisée en matière de cybercriminalité", laquelle a "ensuite désigné la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) comme le service enquêteur".

Une appréciation contestée depuis le départ par la CGT: M. Martinez estime qu'il s'agit d'"actions symboliques" sur l'outil de travail: "Utiliser un ordinateur pour passer la commande des postes électriques +en local+ ne constitue pas une cyber-attaque. L'inhibition de la télécommande des appareils n'a pas d'effet sur des installations qui fonctionnent en mode automatique", indique-t-il dans sa lettre.

Au terme d'une enquête interne, RTE a récemment signifié aux quatre salariés lors d'entretiens préalables, envisager leur "mise à la retraite d'office", ce qui équivaut à un licenciement, a indiqué le groupe à l'AFP.

Les quatre salariés sauront dans les tout prochains jours si cette sanction est prononcée ou non.

Lors de leur placement en garde à vue, la Fédération CGT de l'énergie avait dénoncé une "criminalisation du droit de grève", visant à "faire taire les revendications salariales".

Commentaires

Jean-Luc Wilain

Ce serait utile que la justice statue sur la différence entre grève et sabotage.

Lecteur 27

Ce n'est pas la première fois qu'on entend parler d'actes de "mauvaise humeur" de quelques membres du personnel d'entreprises publiques, actes qui pourraient justement ressembler au sabotage. Un silence pas si étrange règne sur le sujet de la part des grands acteurs de la vie économique et sociale - on comprend bien pourquoi ... Mais on peut s'étonner que les médias, toujours très actifs pour aller chercher des infos potentiellement délicates s'agissant de personnalités politiques, soient si passives et n'orientent pas leur curiosité vers ces personnels possiblement indélicats, syndiqués ou non.

charly

Il est incompréhensible qu'un acte de sabotage trouve en soutien un responsable syndical. Droit de grève, évidemment. Comment s'étonner que la quasi totalité des français (90%) refusent de se syndiquer ? Les organisations syndicales doivent être les premières à condamner l'illégalité dans un pays où sont garanties les libertés de grève, syndicales et d'information...
La justice doit évidemment passer et condamner.

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