Irak, Iran et crise du Golfe au menu de Tillerson à Ryad et Doha

  • AFP
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Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson tentait dimanche dans le Golfe de mettre en musique les efforts des États-Unis pour endiguer l'influence iranienne au Moyen-Orient, à défaut d'espérer obtenir une réelle percée dans la crise qui oppose l'Arabie saoudite et le Qatar.

Le chef de la diplomatie américaine a assisté dimanche à Ryad à la première réunion de la Commission de coordination saoudo-irakienne, lancée solennellement par le roi Salmane d'Arabie saoudite et le Premier ministre irakien Haider al-Abadi.

"Les États-Unis soutiennent une coopération renforcée entre l'Arabie saoudite et l'Irak", a déclaré Rex Tillerson, appelant les deux pays "à continuer à élargir cette relation vitale pour la stabilité de la région" et "pour notre sécurité collective".

Cette commission saoudo-irakienne représente "une importante avancée pour le renforcement de nos relations bilatérales" en faveur "de la paix et de la stabilité", a dit le chef du gouvernement irakien, tandis que le souverain saoudien a rappelé que la région était "confrontée à d'importants défis, sous la forme de l'extrémisme, du terrorisme et de tentatives de déstabilisation (des deux) pays".

L'Iran, qui n'a pas été nommément cité, était dans toutes les pensées.

Le réchauffement entre le royaume sunnite et l'Irak est en effet encouragé par les États-Unis, qui y voient un bon moyen de contrecarrer les ambitions régionales de l'Iran chiite.

Face à son ennemi, l'Arabie saoudite a entrepris de se rapprocher de Bagdad, après avoir longtemps eu des relations difficiles avec les gouvernements irakiens à dominante chiite et proches de Téhéran qui se sont succédé depuis 2003.

Une impasse

La visite de Rex Tillerson intervient moins de dix jours après la présentation par Donald Trump de sa stratégie face au régime iranien, une de ses bêtes noires, accusé de "semer la mort, la destruction et le chaos à travers le monde".

Tout en remettant partiellement en cause l'accord sur le nucléaire iranien pourtant cher à ses alliés européens, le président américain a expliqué vouloir combattre les activités "néfastes" de l'Iran, notamment auprès du régime de Bachar al-Assad en Syrie, où Washington prédit désormais une ère de transition avec la "fin" annoncée du "califat de l'État islamique".

Le Yémen, où Téhéran soutient les rebelles chiites houthis contre les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, épaulées par une coalition arabe menée par Ryad, devait aussi être au coeur des entretiens de Rex Tillerson avec les dirigeants saoudiens.

La proximité avec l'Iran, c'est par ailleurs ce que l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis et l'Égypte reprochent au Qatar.

Le 5 juin, deux semaines après une visite de Donald Trump à Ryad, ces quatre pays arabes ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha, également accusé de soutenir le "terrorisme", et lui ont imposé un strict blocus économique.

Le Qatar rejette ces accusations et dénonce une tentative de "mise sous tutelle" de sa politique étrangère par ce "quartet".

Depuis, cette crise d'une gravité sans précédent pour le Golfe est dans une impasse, malgré une médiation du Koweït et l'optimisme de Donald Trump, qui prédisait il y a un mois une issue positive rapide.

Rex Tillerson, qui s'est déjà rendu dans la région en juillet sans succès, doit arriver à Doha dimanche après-midi juste après Ryad. Cette fois encore, "je ne m'attends pas vraiment à une résolution rapide", a-t-il reconnu avant son départ.

Le ministre américain des Affaires étrangères a estimé qu'il revenait aux dirigeants du quartet de pays arabes opposés au Qatar "de dire quand ils veulent s'engager dans le dialogue", tout en déplorant "une véritable absence de volonté de la part de certaines parties".

Son objectif semble donc minimal, et pourtant rien ne dit qu'il parviendra à l'atteindre au cours de cette nouvelle mission: tenter de convaincre les ennemis de se parler à nouveau.

La tournée de Rex Tillerson le conduira ensuite pour la première fois au Pakistan et en Inde, où il évoquera notamment le conflit en Afghanistan, ainsi qu'à Genève.

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