Iran: la télévision d'État critiquée pour une émission sur une vente secrète de pétrole

  • AFP
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La télévision d'État iranienne a été critiquée mercredi par plusieurs responsables politiques l'accusant d'avoir nui à "l'intérêt national" en consacrant une émission à une vente secrète de pétrole à la Chine.

Sous le coup de sanctions économiques américaines réimposées contre elle par les États-Unis depuis août 2018, la République islamique a vu progressivement ses clients traditionnels bouder son brut. Seule la Chine a indiqué rejeter la politique, qualifiée d'"unilatérale", de sanctions menée par Washington et annoncé son intention de continuer à acheter du pétrole iranien.

Mardi, l'émission-débat "Salam, sobh békheir" ("Salut, bonjour") s'est attardée sur le cas du tanker "Salina". Selon des informations de presse, ce navire-citerne battant pavillon iranien et figurant sur la liste noire des entités sanctionnées par le Trésor américain, a déchargé fin juin un million de barils de brut au port de Jinzhou, dans le nord-est de la Chine. "Cela montre que les sanctions sont inefficaces et que l'Iran a toujours la possibilité de vendre son brut", a dit le présentateur de l'émission en montrant des photos satellites du navire accosté au port.

L'émission a tout de suite essuyé les critiques de plusieurs médias iranien, l'ayant qualifiée de "suspecte". Mercredi, plusieurs responsables politiques ont pris le relais. "Cela nuira à l'intérêt national" de l'Iran, a jugé le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, cité par l'agence semi-officielle Isna. "Dieu merci, je ne regarde pas la télévision".

Le ministre du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh a jugé que l'émission avait d'un coup "annulé tout ce que le ministère a entrepris", selon des propos cité par Shana, l'agence officielle de son ministère. M. Zanganeh répète régulièrement que l'Iran a plus d'une corde à son arc pour continuer de vendre du pétrole dans le dos des États-Unis.

La chaîne de télévision a répondu aux critiques en faisant remarquer que l'information était déjà connue, renvoyant notamment à un article du quotidien britannique Financial Times. Dans un communiqué, la chaîne estime que "si les Américains sont censés surveiller le tanker, ils ont dû le faire la semaine dernière et n'ont pas besoin de +Salam, sobh békheir+ pour le leur rappeler en persan".

Néanmoins, selon Shana, M. Zanganeh a jugé "déplacé" de reprendre ces informations émanant de médias étrangers, dont certains sont considérés comme des "ennemis" de l'Iran. Selon lui, la télévision d'État, sur la question des exportations de pétrole, ne devrait publier que les informations "confirmées par le ministère".

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