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Le syndicat CFE-CGC du secteur de l'énergie a dénoncé lundi "le comportement cupide" de certains producteurs d'énergies renouvelables électriques qui, forts du soutien de l'Etat durant des années, sortent aujourd'hui des mécanismes publics pour profiter des prix de gros élevés de l'électricité.
"Non contents d'avoir profité d'un accès prioritaire au réseau (...), les producteurs d'énergies renouvelables (EnR) n'hésitent plus à résilier les contrats et tarifs de rachat pour vendre leur production librement sur le marché où les prix flambent pour le plus grand malheur des consommateurs français", a dénoncé la CFE-CGC Energies, deuxième organisation syndicale représentative dans les industries électriques et gazières.
"C'est un message à destination des décideurs politiques", souligne son secrétaire national Alexandre Grillat, alors que les députés entament l'examen d'un projet de loi qui propose d'accélérer l'installation de panneaux solaires ou le développement l'éolien en mer en accordant à ces projets une reconnaissance d'intérêt public.
Depuis 2011, les énergies renouvelables comme le solaire et l'éolien ont bénéficié de subsides avec des contrats de rachat qui permettaient d'avoir des garanties de recettes lorsque les prix du marché étaient bas.
En échange, si les prix de l'électricité devaient augmenter, ces producteurs devaient rétrocéder une partie de leurs gains à l'Etat.
Or depuis le printemps, et surtout depuis l'été, les résiliations s'accélèrent.
La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a tiré la sonnette d'alarme début novembre et jugé "anormal" que les producteurs concernés sortent des contrats garantis.
En juillet, ces résiliations anticipées de contrats de soutien par certains producteurs concernaient une puissance de 1,3 gigawatt (GW) et fin septembre plus de 3,7 GW, "une perte considérable pour le budget de l'Etat, de l'ordre de 6 à 7 milliards d'euros cumulés pour les années 2022 et 2023", selon la CRE.
"Ces installations n'ont pu être développées que grâce au soutien financier de l'Etat dont elles ont bénéficié sur des durées généralement supérieures à 10 ans", rappelait cette autorité indépendante en appelant à davantage taxer ces électriciens.
Vendredi, le gouvernement a fait voter au Sénat une rallonge de 3 milliards d'euros dans le projet de budget de l'Etat pour 2023 pour compenser ces ruptures anticipées de contrats à l'initiative de producteurs d'énergies renouvelables électriques.