La Chine défend l'achat « légitime » de pétrole russe, face aux « intimidations » de Trump

  • Connaissance des Énergies avec AFP
  • parue le
Grande muraille de Chine

La Chine a défendu jeudi comme "légitimes" ses achats de pétrole russe et les récentes restrictions dans le secteur ultrasensible des terres rares, face aux pressions du président Donald Trump et aux récents agissements "extrêmement préjudiciables" des États-Unis.

Un « exemple typique d'intimidation unilatérale »

Sur fond de reprise des tensions commerciales et à l'approche d'échéances importantes comme l'expiration d'une trêve dans la bataille aux droits de douane et une rencontre potentielle entre les chefs de l'État chinois et américain, les porte-parole des ministères chinois des Affaires étrangères et du Commerce ont poursuivi la joute verbale avec les officiels américains, y compris le premier d'entre eux.

M. Trump a déclaré avoir reçu la promesse du Premier ministre Narendra Modi que l'Inde cesserait d'acheter du pétrole russe, sous l'effet des droits de douane punitifs américains. Il s'agit pour les États-Unis de couper les financements de la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine.

"Maintenant, je dois convaincre la Chine d'en faire de même", a ajouté M. Trump. Les Affaires étrangères indiennes n'ont ni confirmé, ni démenti les propos de M. Trump. 

La Chine, partenaire économique et politique primordial de la Russie, est le premier pays acheteur de combustibles fossiles russes au monde, y compris de produits pétroliers. La Chine a avec la Russie, comme avec d'autres pays, une "coopération économique, commerciale et énergétique normale et légitime", a dit devant la presse un porte-parole des Affaires étrangères chinoises, Lin Jian.

Les déclarations du président américain "sont un exemple typique d'intimidation unilatérale et de coercition économique", a-t-il ajouté. La guerre commerciale, déclenchée avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, semble susceptible de reprendre après un relatif apaisement.

Une trêve jusqu'au 10 novembre

Différentes sessions de négociations sino-américaines en 2025 ont débouché sur une trêve fragile dans la surenchère aux droits de douane. Elle est en vigueur a priori jusqu'au 10 novembre. Des négociations à Madrid en septembre ont abouti à un accord sur la cession de la plateforme TikTok et ont paru contribuer à faire baisser la température.

Celle-ci est remontée depuis. La Chine a annoncé la semaine passée l'instauration de nouveaux contrôles sur les exportations de technologies liées aux terres rares, essentielles pour le numérique, l'automobile, l'énergie ou encore l'armement. M. Trump a aussitôt annoncé que les États-Unis frapperaient les marchandises chinoises de droits de douane supplémentaires de 100%, s'ajoutant à ceux déjà en vigueur, à partir du 1ᵉʳ novembre "ou avant". Cette déclaration n'a pour l'instant pas été suivie d'effet.

Mais chacun des deux pays impose depuis mardi des droits spéciaux aux bateaux de l'autre entrant dans ses ports.

Depuis Madrid, les États-Unis ont pris une série de mesures qui "ont gravement nui aux intérêts chinois et troublé l'atmosphère des négociations économiques bilatérales", a dit à la presse He Yongqiang, une porte-parole du ministère chinois du Commerce. Ces mesures ont "un impact extrêmement préjudiciable", a-t-elle insisté.

Nexperia

L'administration américaine n'est pas en reste pour les déclarations envenimées. Le ministre des Finances Scott Bessent a appelé mercredi à un front commun international contre les restrictions chinoises sur les terres rares, en parlant de confrontation de "la Chine contre le reste du monde".

Le porte-parole des Affaires étrangères chinois a répété que ces restrictions étaient conformes aux pratiques internationales et justifiées par des préoccupations de sécurité.

La Chine invoque le risque de détournement à des fins militaires. Les autorités délivreront les licences aux demandeurs "si les exportations ont des fins civiles et si les demandes sont conformes", a dit la porte-parole du Commerce.

Elle a de nouveau préconisé le dialogue. Mais elle a aussi accusé les Etats-Unis d'avoir fait pression sur les autorités néerlandaises pour qu'elle prennent le contrôle du fabricant de semi-conducteurs Nexperia, propriété d'un groupe chinois, une décision exceptionnelle qui a fait beaucoup de bruit dans le secteur des composants électroniques géopolitiquement sensible.

Ajouter un commentaire