- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto a annoncé mercredi que son pays allait accroître ses exportations de produits pétroliers vers la Serbie, en prévision de la fermeture de la seule raffinerie du pays, qui fait actuellement l'objet de sanctions américaines en raison de sa participation majoritaire russe.
50 jours aux actionnaires russes
Lors d'une visite à Belgrade, M. Szijjarto a indiqué que le géant énergétique hongrois MOL avait plus que doublé ses exportations de pétrole depuis novembre et que de nouvelles augmentations étaient possibles, afin de contribuer à compenser la demande énergétique engendrée par la fermeture annoncée de la raffinerie serbe. "La Serbie peut toujours compter sur la Hongrie pour garantir son approvisionnement énergétique. Nous ne vous laisserons jamais tomber", a-t-il assuré après sa rencontre avec son homologue serbe.
Depuis le 9 octobre, Belgrade s'efforce d'éviter une crise énergétique hivernale, après l'entrée en vigueur, longtemps retardée, des sanctions imposées par Washington dans le cadre de sa lutte contre l'approvisionnement énergétique russe après l'invasion de l'Ukraine en 2022. La compagnie pétrolière nationale serbe NIS, qui exploite la seule raffinerie de pétrole du pays, a affirmé mardi que, sans nouveaux approvisionnements, son usine de Pancevo serait contrainte à un arrêt complet de son activité avant la fin de la semaine.
Le président serbe Aleksandar Vucic avait déclaré précédemment que NIS avait constitué des stocks de carburant suffisants pour tenir jusqu'à la fin de l'année, avec des réserves supplémentaires détenues par l'État.
Il a donné 50 jours aux actionnaires russes et à un éventuel acheteur - parmi lesquels des candidats hongrois et émiratis - pour parvenir à un accord, afin de satisfaire la demande américaine de retrait de la Russie du capital de l'entreprise.
Participation majoritaire cédée en 2008
Les autorités serbes ont également évoqué un projet de loi budgétaire qui permettrait au pays de prendre le contrôle de NIS si nécessaire. La semaine dernière, NIS a demandé une dérogation temporaire aux sanctions américaines pendant la poursuite des négociations, mais Washington n'a pas encore répondu. M. Vucic a averti que la prolongation des sanctions pourrait entraîner des mesures secondaires, possiblement dirigées contre la banque centrale si celle-ci continue d'effectuer des transactions avec NIS.
Depuis l'instauration des sanctions, les cartes Mastercard et Visa internationales sont bloquées dans les stations-service NIS, tandis que les paiements en espèces et par carte Dina (garantie par la banque centrale) restent possibles.
À la suite des déclarations de M. Vucic, la Banque nationale de Serbie a annoncé qu'elle cesserait toute collaboration avec NIS si aucun accord n'était trouvé dans le délai imparti de 50 jours.
La Serbie a cédé une participation majoritaire dans NIS aux groupes russes Gazprom et Gazprom Neft pour 400 millions d'euros en 2008. Devant la longueur des négociations, les autorités nationales évoquent de plus en plus ouvertement une possible nationalisation, bien qu'elles aient initialement écarté cette option en raison des liens étroits de la Serbie avec Moscou.