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La région Bretagne a officiellement lancé mercredi à Lorient une nouvelle filière de transport maritime à propulsion par le vent, réunissant plus de 150 entreprises des secteurs de la construction navale, de la voile de compétition ou encore des énergies marines.
"Nous avons senti déjà depuis quelques années que le sujet de la voile était un sujet ô combien passionnant pour l'avenir de la Bretagne", s'est félicité Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne en lançant la nouvelle filière devant quelque 160 acteurs de cet écosystème émergent. Il s'agit "de développer notre activité économique, de développer des emplois partout en Bretagne en décarbonant notre économie, c'est l'urgence", a-t-il assuré, annonçant pour début 2022 une feuille de route pour la filière.
Une étude réalisée par l'agence régionale Bretagne développement innovation (BDI) et présentée lors de cette rencontre montre que 156 entreprises bretonnes se tournent vers ce secteur : 61 d'entre elles ont déjà une activité commerciale sur ce marché et 95 autres s'y intéressent fortement. La majorité de ces 156 entreprises sont spécialisées dans la fabrication d'éléments ou de sous-ensembles de systèmes à propulsion par le vent, d'autres en architecture, ingénierie ou modélisation de systèmes à propulsion par le vent. Certaines sont des armateurs ou encore des affréteurs.
Les projets pour lesquels travaillent ces entreprises concernent principalement des cargos mais aussi des navires à passagers. Le poids économique de cette filière appelée à croître rapidement est évalué à 28 millions d'euros de chiffres d'affaires et 155 emplois, selon l'étude, la première du genre. "Les résultats de cette étude viennent confirmer l'émergence d'un marché prometteur du transport maritime propulsé par le vent et sa forte accélération avec des projets matures", a noté Carole Bourlon, responsable grands programmes structurants à l'agence BDI.
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) du transport maritime représentent actuellement plus d'un milliard de tonnes par an, soit l'équivalent des émissions totales de l'Allemagne, rappelle la région Bretagne dans un communiqué. L'Organisation maritime internationale (OMI) a fixé la réduction des émissions de CO2 du secteur d'au moins 40% d'ici à 2030 par rapport à 2008 et de 50% d'ici à 2050. Avec une flotte commerciale mondiale de plus de 90 000 navires (vraquiers, pétroliers, porte-conteneurs...), l'enjeu au niveau mondial est de taille pour le secteur de la construction et traduit le potentiel de développement de la propulsion par le vent.
"Le marché est extrêmement considérable", a noté Lise Detrimont, déléguée générale de l'association Wind Ship, qui vise à accélérer la transition écologique du maritime grâce au développement de la propulsion des navires par le vent. Elle estime actuellement à une quinzaine le nombre de grands navires de charge dans le monde équipés avec des technologies de propulsion par le vent.
"Le 10 novembre est un jour historique pour la Bretagne", s'est félicité Guillaume Le Grand, président de la compagnie de transport de marchandises à la voile TOWT et l'un des pionniers en France de la filière, vantant la viabilité de la filière lors d'une conférence de presse. Il a estimé que "la révolution de la décarbonation du transport maritime dans la marine marchande se fera pour des raisons marchandes".