La Tanzanie donne son accord à la construction d'un oléoduc controversé

  • AFP
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La Tanzanie a donné mardi son accord à la construction d'un oléoduc de 3,5 milliards de dollars dans le cadre d'un méga projet controversé destiné à transporter les hydrocarbures d'Afrique de l'Est aux marchés internationaux, malgré les critiques récurrentes des défenseurs de l'environnement.

Cet oléoduc, long d'environ 1.500 kilomètres, doit relier les gisements du lac Albert, dans l'ouest de l'Ouganda, à la côte tanzanienne sur l'océan Indien.

Ce projet nécessite l'approbation des deux pays et en janvier, l'Ouganda a délivré une licence au consortium East African Crude Oil Pipeline Company Ltd (EACOP), détenu à 62% par le géant français TotalEnergies.

L'approbation par le gouvernement tanzanien "marque un autre pas en avant pour l'EACOP car elle permet le démarrage des principales activités de construction en Tanzanie, à l'issue du processus d'accès aux terres en cours", a déclaré la directrice générale de l'EACOP en Tanzanie, Wendy Brown, lors d'une conférence pour recevoir le certificat à Dar es Salaam, la capitale économique de la Tanzanie.

Le projet "se conformera non seulement aux lois de la Tanzanie et de l'Ouganda, mais également aux normes internationales les plus strictes", notamment en matière des "droits humains", a assuré Mme. Brown.

Le projet, d'un montant de 10 milliards de dollars entre la Tanzanie et l'Ouganda, a toutefois rencontré l'opposition de militants et de groupes de défense de l'environnement qui estiment qu'il menace le fragile écosystème de la région et les populations qui y vivent.

Quelque 13 000 ménages sont touchés par le tracé du gazoduc, selon Mme. Brown.

"Nous sommes fiers de ce pipeline car il augmentera l'influence de la Tanzanie dans le monde", a vanté de son côté January Makamba, ministre tanzanien de l'Energie. "Il y a beaucoup de bruits (contre) ce projet, mais nous redoublons d'effort pour préserver l'environnement", a poursuivi M. Makamba, évoquant les plans de plantation de végétation sur le tracé de l'oléoduc. "Nous avons respecté toutes les normes environnementales, de sécurité et de droits humains", a-t-il également assuré.

Six ONG ont assigné TotalEnergies devant le tribunal judiciaire de Paris fin 2022, sommant le groupe de respecter une loi votée en 2017 qui impose aux multinationales un "devoir de vigilance" sur leurs activités dans le monde. Le délibéré est attendu le 28 février.

Le lac Albert, frontière naturelle entre l'Ouganda et la République démocratique du Congo, recèle une quantité de pétrole brut estimée à 6,5 milliards de barils, dont environ 1,4 milliard sont actuellement considérés comme récupérables.

Commentaires

Lecteur 27

Le devoir de vigilance est un très beau concept que tout le monde aimerait promouvoir et que personne n'oserait contester dans le cadre d'une réflexion sur l'éthique et la morale du monde. Si chacun croit pouvoir comprendre dans l'absolu de quoi il pourrait bien s'agir, son application concrète à des affaires du bout du monde et du bout de l'expérience humaine de grands projets internationaux ne fait pas l'affaire du droit --qui exige clarté et précision pour garder sa raison et ne pas perdre sa légitimité ni en abuser. Le beau concept, une fois dans le prétoire --sauf exception qui reléverait alors de pratiques quasi-mafieuses---ne devient qu''une arme affûtée dans les mains de juristes-jongleurs qui ont oublié leurs apprentissages pour caricaturer, tordre et gémir et cherchent à construire une réaité factice et donc punissable. Le fonds de commerce du "jongleur" est ici tout simplement, comme dans la vraie vie, de travestir (toujours) et de la même façon (partout) les réalités sociales et industrielles du monde..

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