La voiture électrique au cœur de la transition écologique, mais à certaines conditions

  • AFP
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Réduire les impacts de fabrication, changer les usages... L'essor de la voiture électrique devra s'accompagner de changements importants pour mieux relever le défi environnemental et climatique, souligne un rapport paru mercredi.

A certaines conditions, l'"électromobilité" pourra même accélérer la transition énergétique et rendre des services comme par exemple constituer une réserve d'électricité, relève cette étude inédite qui a impliqué pendant plusieurs mois un large panel d'acteurs (cinq ONG, Renault, Réseau de transport d'électricité, le fabricant de batteries Saft...)

La France compte quelque 130 000 véhicules électriques, et le gouvernement en prévoit plusieurs millions en 2030. Mais quel impact écologique cela aura-t-il in fine? s'interroge l'étude qui a regardé l'ensemble du cycle de vie de ces équipements (hors minerais cependant). Selon ce rapport piloté par la Fondation pour la nature et l'homme (FNH) et l'European Climate Foundation avec Carbone 4, cela dépendra d'abord de l'origine de l'électricité utilisée et de "la sortie des énergies fossiles et nucléaire".

Aujourd'hui, une berline électrique émet près de deux fois moins (44% de moins) de gaz à effet de serre qu'une berline diesel (26 t équivalent CO2 (COeq) contre 46 t COeq), et une citadine électrique trois fois moins qu'une essence (12 t COeq contre 33 t CO2 eq). Mais en 2030, l'empreinte du véhicule électrique pourra varier entre 8 et 14 t CO2-eq, en fonction notamment des choix énergétiques de la France. Autre pré-requis, réduire les impacts de la fabrication: de la conception des batteries (réduire leur taille, nouvelles chimies...) au recyclage, en passant par l'optimisation des usages des véhicules.

Parmi ses atouts environnementaux, le véhicule électrique peut aussi, quand il est stationné et en charge, importer et exporter une part de l'électricité contenue dans la batterie vers le réseau électrique. Ce qui peut "constituer un moyen de flexibilité complémentaire pour le système électrique", pouvant par exemple soulager un pic de consommation.

L'usage des batteries en seconde vie pour le stockage d'électricité est un autre moyen d'optimiser les ressources nécessaires à leur fabrication, et aussi un moyen de stockage complémentaire pour accélérer une transition énergétique qui s'annonce plus décentralisée. Il a des "des marges de progrès sur le processus de fabrication" notamment, a commenté mercredi la présidente de la FNH Audrey Pulvar. "Pour autant, nous ne pouvons faire l'économie d'une réflexion sur nos usages et la place du véhicule dans nos vies: plus de partage, de valorisation des transports en commun", a-t-elle ajouté. "Car remplacer chaque véhicule thermique par un véhicule électrique, c'est faire fausse route!"

Concernant l'impact sur les ressources en minerais (lithium, cobalt, nickel...) non inclus dans l'étude, Jean-Philippe Hermine, pour Renault, a répondu devant la presse qu'il s'agissait bien d'un enjeu, "environnemental mais aussi de disponibilité et de prix" pour les entreprises. Alors "on travaille à des solutions comme le recyclage", dit-il, expliquant que par exemple "Renault loue les batteries (aux utilisateurs, NDLR): on en reste propriétaire, avec la volonté de garder cette ressource pour refaire de nouveaux véhicules".

Commentaires

Chantal Murat

Les voitures électriques à l'hydrogène renouvelable, c'est-à-dire produit par électrolyse de l'eau en utilisant de l'électricité d'origine renouvelable, sont une solution : de stocker massivement et sur de longues durées des surplus d'électricité solaire et éolienne aujourd'hui perdus pour ne pas mettre en défaut les réseaux électriques et ainsi, d'accroître la part des renouvelables dans la consommation finale d'électricité ou de gaz (via la méthanation) ; d'électrifier massivement les transports en équipant les voitures, poids lourds, trains et tramways de piles à hydrogène (autonomie et rapidité de recharge comparables à celles d'un véhicule thermique contrairement aux batteries) et cela, sans peser sur les infrastructures électriques (l'électricité est produite à bord du véhicule en faisant réagir l'hydrogène embarqué avec l'oxygène de l'air). Encore faudrait-il pouvoir faire le plein d'hydrogène aisément et multiplier les stations comme celle du Pont de l'Alma à Paris qui alimente une flotte de taxis H2.

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