Le biogaz en plein essor, la filière appelle l'État à maintenir son soutien sur le long terme

  • AFP
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Le gaz renouvelable a vu sa production quasiment doubler en France en 2020, mais il ne représente encore que 0,5% de la consommation gazière du pays, indique jeudi la filière, préoccupée par l'impact du nouveau cadre de soutien public.

Les quantités de gaz vert injectées dans le réseau de gaz naturel fossile ont atteint 2,2 TWh fin 2020, contre 1,2 TWh fin 2019. Les capacités de production du parc atteignaient 3,9 TWh fin 2020 (2,1 TWh fin 2019), l'écart entre production et capacités résultant de la montée en charge des installations mises en service au long de l'année.

Désormais la France compte 214 sites de méthanisation, agricoles pour les deux tiers, et 226 à fin mars. Ils étaient 26 en 2016, 123 en 2019. Pour autant, cette production ne représente que 0,5% du gaz consommé (1% quand les sites fonctionneront à plein), souligne le secteur, qui recense plus de 1 100 projets.

"On a des perspectives de développement ambitieuses", a souligné devant la presse le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), Jean-Louis Bal. Mais "on entre dans une période un peu troublée avec une évolution du cadre économique réglementaire. Ces prochains mois vont être cruciaux pour le futur de la filière méthanisation en France", dit-il.

La feuille de route énergétique de la France (PPE) a fixé pour 2023 un objectif de 6 TWh, revu à la baisse, en décalage avec ce que la loi prévoit (10% de biogaz en 2030). L'État a annoncé fin 2020 une réforme des garanties d'origine et un changement du cadre de soutien, désormais basé, selon la taille des sites, sur un équilibre entre tarif d'achat révisé et appels d'offres.

La filière s'alarme d'un ralentissement des projets. "De la visibilité sur le long terme doivent être apportées pour soutenir la filière et conforter la mobilisation des financeurs", souligne le SER, le distributeur de gaz GRDF, les gestionnaires du réseau de transport GRTgaz et Teréga, et le Syndicat des entreprises gazières municipales (Spegnn).

Le secteur a proposé au gouvernement un mécanisme "extra-budgétaire", qui imposerait aux fournisseurs d'énergie une obligation de production ou d'achat de biométhane, avec allocation de "certificats verts". "On espère bien qu'on va aboutir", a dit Jean-Louis Bal.

Commentaires

Serge Rochain

Le biogaz est un élément fondamental de la chaine du 100% renouvelable car c'est un des rares renouvelable pilotable et capable de suppléer au défaut de production des variables soumis aux aléas météorologique, et qui soit une source répartie sur le territoire, proche des centaines de centrales à gaz d'appoint nécessaires à répartir sur le territoire.

Marc Diedisheim

Quel est le potentiel français de production de biogaz, tenant compte de la disponibilité de la ressource, et non pas seulement de la capacité technique de production ? Bien cordialement.

Serge Rochain

L'AIE estime la ressource pour l'Europe à 1435 TWh/an :
//www.connaissancedesenergies.org/laie-appelle-exploiter-le-potentiel-eno…
Ce qui représente sensiblement les 2/5 de la production d'électricité de l'Europe.
Par ailleurs, près de 62% de la production européenne de biogaz est valorisée sous forme d’électricité (27% sous forme de chaleur, le reste sous forme de biométhane).
Pour la France selon le même rapport (2/5) cela devrait faire autour de 450/5*2 = 180 TWh
En France, le potentiel technique de développement du biogaz est estimé par plusieurs études entre 14 et 24 Mtep par an à l’horizon 2040, avec une contribution dans le futur de la gazéification et du « power to gas » (associé à la méthanation) :
https://www.connaissancedesenergies.org/biogaz-quelles-perspectives-pou…
Ce qui correspondrait à une fourchette comprise entre 163 TWh et 279 TWh .... les 180 TWh estimés plus haut à la louche des 2/5 sont à l'intérieur de la fourchette
Bien cordialement

Marc Diedisheim

Merci pour ces chiffres. Il reste maintenant à voir comment et par qui l'usage de cette ressource sera distribué entre les différentes filières d'utilisation. Bien cordialement.

Serge Rochain

Qu'importe l'usage puisque tous les usages de l'énergie doivent à terme tendre vers zéro GES, qu'ils utilisent directement le gaz ou l'électricité qui aura été produite par ce gaz, cela revient au même. Le plus important est d'en diminuer le coût car c'est une énergie chère et même très chère de par les infrastructures nécessaires, pour la produire, la transporter, et l'utiliser.
Elle finira par se retrouver en concurrence avec l'hydrogène produit par les excédents éoliens qui seront d'autant plus importants qu'on aura voulu minimiser le recours au biogaz pour grever le moins possible le cout de l'électricité des dispositifs de production variable qu'on aura multiplié pour cela.

Marc Diedisheim

Qu'est-ce que vous appelez les "excédents éoliens" et comment les calculez-vous ? Bien cordialement.

Serge Rochain

L'excédent éolien est représenté schématiquement par ce qui est produit au-delà du besoin pour garder un réseau électrique en équilibre. Cela se produira systématiquement à des hauteurs différentes lors des périodes de fort vent. Le moyen technique rationnel en cas d'excès de puissance n'est pas de limiter la puissance en déconnectant une ou plusieurs éoliennes par exemple, mais d'augmenter la charge en connectant des dispositifs électrolyseurs par exemple, où surpresseurs à gaz, où accumulateurs thermiques, ou tout autre mécanisme permettant de stocker l'énergie de façon transitoire, certains étant mieux adaptés à des durées de stockage courtes et d'autres plus longues. J'imagine que la moitié de l'avenir de l'hydrogène se trouve là et l'autre moitié dans la façon de l'utiliser.

Marc Diedisheim

Pour garder le réseau "en équilibre" si les éoliennes "surproduisent" il suffit de baisser la production des autres moyens. Nul besoin de stockage, donc. Bien cordialement.

Rochain

Ce est pas rxactement ce que je dis.
Il ne s'agira pas de brider les autres moyens de production mais d'augmenter la charge, ce pqui permettra de plus de créer un stockage.
Le bridge des surproduction c'est ce qui se passe aujourd'hui et c'est un système boiteux transitoire.

Serge Rochain

Je me permet d'ajouter qu'éventuellement la déconnexion, d'une ou plusieurs éoliennes ou même d'un parc entier reste une possibilité pour stabiliser le réseau en cas de forte chute de la demande, ce qui ne demande que quelques secondes, est un avantage des renouvelables variables éolien ou solaire, par rapport au nucléaire car on ne peut pas déconnecter brusquement un réacteur nucléaire de 900 MW sans à la fois provoquer un choc aussi bien sur le réseau que dans le réacteur lui même dont il faudra simultanément faire chuter les crayons neutrofages de sécurité pour éviter la brusque montée en température en réaction à la disparition de la force contre-électromotrice de l'alternateur subitement disparue. Le redémarrage du réacteur prendra ensuite plusieurs jours, ce n'est donc pas une solution. De plus si le besoin de rééquilibrage du réseau est d'un niveau intermédiaire entre zéro et 900 MW ce n'est pas applicable car ne peut pas être modulé à la finesse de production d'une seule éolienne et surtout avec un temps de réaction comparable.
La Belgique s'est trouvé confronté à ce problème il y a environ un an et l'éolien s'est montré en la circonstance bien plus pilotable que le nucléaire et bien qu'il s'agisse de modèles de réacteurs étudiés pour pouvoir moduler leur puissance :
https://www.revolution-energetique.com/belgique-le-nucleaire-met-les-eo…

Samuel Furfari

" maintenir son soutien sur le long terme » = subventions éternelles car ce n’est pas économique.
C'est comme pour la gestion des déchets urbains, s'il faut s'en débarasser il faut que celui qui les produits paye. Ce n'est pas au consommateur de gaz naturel de payer pour cela. Ce n'est pas un dossier énergie, c'est un dossier déchet. Qui pollue paye.

Serge Rochain

Non, ce n'est pas une production économique de gaz, mais c'est un renouvelable pilotable qui peut donc participer à l'équilibre du besoin électrique dans un certain pourcentage et avoir une influence sur le prix de l'électricité renouvelable.
Si (exemple) 10% des 100% renouvelables sont assurés par le gaz, cela impactera pour 10% le prix du KWh
Si (exemple) 20% des 100% renouvelables sont assurés par le gaz, cela impactera pour 20% le prix du KWh
Si........
Pas très compliqué au niveau du principe et puisque c'est l'utilisateur d'électricité qui en profite ce sera bien à lui de le payer, et c'est une erreur de considérer que c'est un dossier déchet. Déchet n'est qu'un mot qui peut se transmuter facilement et d'un coup de baguette magique en ressource.
Finalement, nous sommes d'accord sur une seule chose, ce n'est pas une énergie bon marché et moins sa part dans un mixe d'énergies diverses sera importante mieux ce sera.
Mais elle est déjà moins cher que l'énergie EPR alors, quelle que soit sa part dans le coût de l'électricité elle n'aura, en aucun cas, pour effet de la rendre plus chère que le nucléaire que l'on prétend mettre en balance avec les renouvelables.

Furfari

Votre argument n’est pas suffisant. Vous ne considérez que le prix du combustible. C’est beaucoup plus compliqué que cela. De plus, ces installations ne peuvent être que petits et donc leur CAPEX et leur O&M sont très élevés (loi du facteur 0,6).
En énergie il n’y a pas de baguette magique.

Serge Rochain

C'est aussi sans baguette magique que vous même n'avez considéré la filière que comme soutenue sur le long terme, donc pour des installation déjà existante et pour lesquelles vous ne vous êtes pas inquiété de ce qu'avait été leur CAPEX.
Je n'ose imaginer ce que sont les CAPEX et les O&M pour Flamanville 3, en oubliant même ce qu'ils sont pour 1 et 2 qui trainent des pannes en longueur se chiffrant en années.
Je vois surtout que s'agissant de renouvelable les problèmes insolubles ne sont que Français, avec pour la bioénergie un rapport de 1 à 4,6 entre ce que nous produisons et ce que produit l'Allemagne qui a les mêmes équations économiques à résoudre, et je ne vous ferai pas l'affront de vous rappeler le rapport concernant l'éolien malgré nos 3 façades maritimes contre une seule pour l'Allemagne, et le même rapport relatif à nos part respectives de solaire dans nos mixes malgré notre différence de latitude.
Je sais Monsieur que rien n'est simple, mais surtout quand on se cache derrière la complexité pour justifier son immobilisme.
Bon WE.
Serge Rochain

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