Le déclin du gaz se poursuit en France avec un retour au niveau des années 1990

  • AFP
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Comme dans le reste de l'Europe, la consommation de gaz des Français a encore reculé en 2023, atteignant un niveau qui n'avait plus été vu depuis une trentaine d'années, selon le gestionnaire du réseau de transport de gaz en France GRTgaz.

"C'est la première fois depuis les années 90 que la consommation de gaz descend sous la barre des 400 TWh", reflétant "une vraie évolution de la consommation de gaz en France", a déclaré Sandrine Meunier, directrice générale de GRTgaz.

GRTgaz a présenté mardi son bilan annuel marqué par une baisse de la consommation nationale de gaz en France de 11,4% par rapport à 2022 (particuliers, entreprises, grands industriels et pour les centrales électriques) à 381 TWh (contre 430 TWh en 2022 et 474 TWh en 2021).

Un tel niveau n'avait plus été vu depuis les années 1990, au début de la croissance du marché du gaz en France, quand le pays comptait moins de 60 millions d'habitants contre 67,7 millions aujourd'hui.

Sur 2021-2023, la consommation de gaz aura reculé de 20%, une baisse qualifiée d'"historique", qui s'explique par les "effets cumulés d'un climat plus doux" - 2022 et 2023 ont été les plus chaudes jamais enregistrées en France - et "des changements de comportements liés à la transition énergétique".

La tendance observée depuis 2021 et le début de la hausse des prix du gaz, entraînés par la reprise économique post-pandémique, s'est confirmée en 2023, et ce, malgré un recul progressif des prix en Europe.

Le gaz selon l'indice du TTF néerlandais - considéré comme la référence européenne du gaz - se négociait en 2023 à 43 euros en moyenne, soit trois fois moins que pendant l'année 2022 (121 euros) marquée par une flambée inédite après la guerre en Ukraine et la réduction des envois de gaz russe vers l'Europe.

- La France, 1ère importatrice européenne de GNL -

Dans ce contexte, l'UE avait dû diversifier ses sources d'approvisionnement en recourant massivement au gaz liquéfié acheminé par bateau. Grâce à ses cinq terminaux méthaniers, la France était en 2022 et encore en 2023 la première importatrice de gaz liquéfié pour l'Europe, devant l'Espagne, les Pays-Bas et l'Italie, représentant 22% des importations européennes. Depuis la guerre en Ukraine, la France importe désormais plus de gaz liquéfié que de gaz dit de "pipeline" terrestre.

Mais la France a moins importé de GNL en 2023 qu'en 2022 (315 TWh contre 370 TWh), une baisse de 15,1%, sur fond de recul de la demande en gaz en Europe en 2023 (-14%).

En 2022, la baisse de la consommation nationale gazière avait été moins importante (-9,3%), mais l'année avait aussi été marquée par un recours record aux centrales thermiques à gaz pour compenser l'arrêt de nombreux réacteurs nucléaires.

En 2023, la tendance s'est inversée: grâce à la remontée du nucléaire, la consommation de gaz pour produire de l'électricité est revenue au niveau de 2021 (-40% par rapport à 2022).

La consommation des distributions publiques (ménages, tertiaire, petite industrie) a baissé de 6,5% en 2023 par rapport à 2022, à 253 TWh, en données corrigées du climat, un recul similaire à 2022 (-6,2%).

"Cela signifie que, même si on a des hivers doux, les consommateurs ont changé leur comportement", a commenté auprès de l'AFP Sandrine Meunier, directrice générale de GRTgaz, en citant aussi un possible "effet d'efficacité énergétique".

La consommation des grands clients industriels énergivores (chimie, verre, etc) a encore reculé, de 7,4% à 103,8 TWh, après une baisse de 11,5% en 2022. Depuis 2021, la baisse atteint -18%, traduisant le fait que certains industriels, pénalisés par les prix hauts, ont "arrêté des process industriels" ou se sont convertis à d'autres énergies comme l'électricité.

Alors que la France va avoir besoin de beaucoup d'électricité pour sortir des énergies fossiles, l'industrie gazière défend le rôle du gaz dans la sécurité énergétique et mise sur son verdissement. En 2023, la capacité de production annuelle de gaz renouvelables s'élevait à 11,8 TWh, selon GRTgaz, confiant sur l'objectif d'atteindre 44 TWh en 2030.

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