Le gouvernement répète vouloir débloquer l'investissement dans les barrages hydroélectriques

  • AFP
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Le gouvernement veut débloquer l'investissement dans les barrages hydroélectriques, toujours au coeur d'un bras de fer avec Bruxelles quant au respect du droit de la concurrence, a déclaré mercredi la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

"Nous avons engagé avec Bruno Le Maire (ministre de l'Economie et des Finances, NDLR) et les entreprises concernées des discussions avec la Commission européenne et je ne vous cache pas qu'elles ne vont pas être simples", a précisé la ministre.

"Nous allons parallèlement engager les premiers investissements, car la loi d'accélération des énergies renouvelables (adoptée au printemps 2023, NDLR) le permet", a-t-elle dit, sans attendre la fin des discussions avec la Commission européenne.

Depuis des mois, EDF répète qu'il y a un potentiel hydroélectrique à relancer en France sans forcément se lancer dans de grands ouvrages.

Les barrages sont la première énergie renouvelable en France, devant l'éolien et le solaire. Ils fournissent 11% de la production électrique, avec une puissance cumulée de 26 GW (à comparer avec environ 61 GW pour le nucléaire).

Le conflit avec Bruxelles remonte au milieu des années 2000. La Commission européenne considère que la législation et la pratique des autorités françaises contreviennent au droit européen en autorisant le renouvellement ou la prolongation de certaines concessions hydroélectriques sans recourir à des procédures d'appel d'offres.

Depuis deux mises en demeure européennes en 2015 et 2019, le dossier patine. Cela bloque certains investissements dans des concessions aujourd'hui arrivées à échéances (au moins 38 sont dans ce cas).

La France tente d'obtenir de Bruxelles de pouvoir exploiter les ouvrages sous le régime de l'autorisation, et non plus sous le régime de concession qui contraint à remettre l'ouvrage en concurrence s'il doit faire l'objet d'un investissement substantiel, pour augmenter sa puissance par exemple.

"Nous avons entamé des discussions sur le principe de l'autorisation qui permet une transmission du patrimoine aux opérateurs, avec un cahier des charges très sécurisé pour permettre à la collectivité locale de reprendre la main", a indiqué Mme Pannier-Runacher.

La France veut "garder la pleine maîtrise de (son) parc hydroélectrique en évitant les mises en concurrence", a rappelé la ministre.

Parmi les investissements urgents à relancer, elle a cité les projets de Stations de transfert d'énergie par pompage (Step) hydroélectriques. Barrages d'un genre particulier, les Step fonctionnent comme des "méga-batteries" à ciel ouvert, grâce à un système de turbines qui permet de lâcher puis de repomper l'eau.

La France n'en compte que six, alors qu'ils permettent d'absorber les pics de consommation et de production d'électricité.

Un potentiel de 1.500 MW de capacité en Step pourrait être libéré d'ici à 2035, selon EDF.

Commentaires

BOUEILH Francis

Que ce gouvernement ait un peu de courage vis à vis de la commission Européenne et lui fasse le grand bras d'honneur quelle mérite.
Le danger de donner les concessions aux entreprises privées, c'est de donner par là même les robinets des vallées et qu'en temps de sécheresse de devoir mettre la main à la poche pour avoir de l'eau alors que ces aménagements sont amortis depuis longtemps et ont été payés par les usagers d'EDF.

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