- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le Grand barrage de la Renaissance (GERD), inauguré mardi, "change la vie de 30 à 40 millions de personnes" en Éthiopie en leur donnant accès à l'électricité, s'est félicité le patron d'une entreprise italienne l'ayant construit.
« Pas de changement dans le débit »
"Le pays, qui était dans l'obscurité le soir quand je suis arrivé ici, vend maintenant de l'énergie aux pays voisins", s'est réjoui Pietro Salini, le PDG de Webuild, maître d'œuvre du projet, dans un entretien à l'AFP.
L'Éthiopie est le deuxième État le plus peuplé d'Afrique, où quelque 45% des 130 millions d'habitants n'ont pas accès à l'électricité. Des experts interrogés par l'AFP ont qualifié la réalisation du GERD de "révolution énergétique" pour le pays.
Les barrages "libèrent de l'eau pour produire de l'énergie. Ce ne sont donc pas des systèmes d'irrigation qui consomment de l'eau. Il n'y a pas de changement dans le débit", a expliqué M. Salini, alors que l'Égypte voit dans le GERD une "menace existentielle" sur ses ressources hydriques.
Le Nil sera "juste régulé, ce qui signifie que vous pouvez avoir plus d'eau disponible tout au long de l'année", a-t-il assuré.
Le GERD, d'un coût de 4 milliards de dollars, est un immense ouvrage de 1,8 kilomètre de large pour 170 mètres de haut, selon Webuild. Il a une contenance totale de 74 milliards de mètres cubes d'eau et il peut générer 5.150 MW d'électricité, soit plus du double de la production actuelle de l'Éthiopie.
« Aucun bailleur international ne voulait mettre de l'argent »
Plus de 25 000 personnes ont participé à sa construction, dont les délais ont été allongés du fait de "la guerre", des "confrontations" dans le pays, de l'hostilité des pays voisins mais aussi de "la rareté des financements", a énuméré Pietro Salini.
L'Éthiopie est déchirée par plusieurs conflits armés, encore actifs dans les deux régions les plus peuplées du pays, l'Amhara et l'Oromia. Celle du Tigré (NORD) est sortie en 2022 d'une guerre civile qui a fait au moins 600.000 morts, selon une estimation de l'Union africaine.
"Aucun bailleur international ne voulait mettre de l'argent" dans le GERD, payé seulement par l'Éthiopie, a rappelé M. Salini. "Quand j'ai démarré ce projet, mes cheveux étaient bruns. Maintenant ils sont blancs", a souri le patron d'entreprise italien. Mais en contrepartie, a-t-il ajouté, le barrage éthiopien "n'est plus un rêve, mais une réalité".
