Pétrole: le Mexique va renflouer le groupe public Pemex, lourdement endetté

  • AFP
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Le gouvernement mexicain a annoncé vendredi qu'il allait renflouer le groupe public pétrolier Pemex, afin de redresser sa production, une aide qui risque d'être insuffisante selon les experts.

"Nous avons pris la décision de soutenir Pemex par tous les moyens", a affirmé le président Andrés Manuel Lopez Obrador lors de sa conférence de presse quotidienne au Palais national. Cette mesure survient alors que le président mexicain a lancé fin 2018 une offensive nationale contre le vol de carburant, un fléau qui a fait perdre quelque 3 milliards de dollars en 2017 à l'État mexicain.

Pemex, dont la dette dépasse les 100 milliards de dollars, a été frappée récemment par une dégradation de sa note de crédit par l'agence de notation Fitch, ce qui a alimenté les craintes des investisseurs quant à l'état des finances de Mexico.

Le renflouement du géant pétrolier consistera en une augmentation de capital de 25 milliards de pesos (environ 1,2 milliard de dollars), une aide de 35 milliards de pesos (1,8 milliard de dollars) en échange d'une amélioration des indemnités de licenciement à ses salariés, et 15 milliards de pesos (774 millions de dollars) d'allègements fiscaux.

La lutte contre le vol de carburant devra par ailleurs permettre de récupérer quelque 32 milliards de pesos (1,6 milliard de dollars). "Cet ensemble de mesures de soutien, qui vont permettre d'augmenter les bénéfices de l'entreprise, nous donne des revenus additionnels de 107 milliards de pesos" (5,5 milliards de dollars), a expliqué Alberto Velazquez, le directeur financier de Pemex. "Ceci est très important car ça va nous permettre de renforcer la politique d'investissements de l'entreprise", a-t-il ajouté.

Insuffisant ?

L'agence de notation Fitch a estimé que ce plan pourrait "ne pas suffire pour empêcher la constante dégradation de la note de crédit" de Pemex. La multinationale aurait besoin de 9 à 14 milliards de dollars d'investissements supplémentaires par an pour reconstituer ses réserves d'hydrocarbures et freiner la baisse de sa production de brut, estime Fitch.

Des analystes consultés par l'AFP estiment que la décision de recapitaliser Pemex est "une bonne nouvelle" mais tous s'accordent à dire que le montant est insuffisant pour redresser l'entreprise. Il existe par ailleurs des incertitudes sur les sommes qui pourront être mobilisées pour ce plan.

Pour Gonzalo Monroy, consultant en énergie chez GMEC, les ressources "solides" s'élèvent à 3,1 milliards de dollars. "Tout le reste est assez incertain" prévient-il. L'agence Capital Economics considère que les mesures ne sont pas de long terme et qu'il est "peu probable qu'elles parviennent à inverser la baisse de production de l'entreprise".

Pemex souffre d'une baisse constante de ses revenus - dont une grande partie alimente les caisses de l'État mexicain - et d'investissements insuffisants, selon les experts. La production de la compagnie a chuté de près de moitié en 15 ans, de 3,4 millions de barils par jour (Mb/j) en 2004 à 1,8 Mb/j actuellement.

Le gouvernement du président sortant Enrique Pena Nieto avait cherché à renverser la tendance en ouvrant le marché au secteur privé. Une réforme historique lancée en 2013 a mis fin au monopole d'État du géant Pemex, vieux de près de 80 ans.

Le nouveau président Andrés Manuel Lopez Obrador avait critiqué cette stratégie et annulé en décembre les dernières enchères de gisements pétroliers prévues en 2019, annonçant qu'il lancerait son propre plan pour doper la production de l'entreprise publique.

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