Le pacte AUKUS, un coup à la « confiance » au sein de l'Otan, pour un ex-ambassadeur britannique

  • AFP
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Le pacte de sécurité conclu entre les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni porte un coup à la "confiance" au sein de l'Otan et constitue pour la France "un tournant" dans les relations avec Londres, a averti lundi l'ancien ambassadeur britannique à Paris Peter Ricketts.

"Cette décision sape certainement la confiance des Français dans l'Otan (...) et renforce donc leur sentiment qu'ils devraient se battre pour l'autonomie stratégique européenne", a déclaré à l'AFP M. Ricketts, en poste à Paris de 2012 à 2016. "Cela ne peut qu'être dommageable pour l'Otan, qui repose sur la confiance".

Le partenariat stratégique pour la région indo-pacifique conclu entre Washington, Londres et Canberra a pour première conséquence la rupture d'un important contrat d'armement passé par la France avec l'Australie. Pour marquer sa colère, la France a rappelé son ambassadeur aux États-Unis, un acte sans précédent vis-à-vis de cet allié historique, de même que celui en Australie, le pays à l'origine de la crise.

"Du point de vue français, cela marque un peu un tournant dans leurs relations avec les Américains et aussi les Britanniques. Cela arrive après l'humiliation de l'Afghanistan et renforce le sentiment que les Américains tournent de plus en plus le dos à la sécurité européenne et aux alliés européens pour se concentrer sur leur confrontation avec la Chine", a estimé M. Ricketts.

Il a mis en garde contre des dégâts "durables" entre la France et le Royaume-Uni : "on s'en souviendra comme le désaccord sur l'Irak en 2003, et les choses ne seront plus tout à fait les mêmes".

Selon l'ancien ambassadeur, Paris a d'abord dirigé sa colère vers l'Australie, qui a rompu son contrat, et les États-Unis, "considérés comme les meneurs", parce que les Britanniques étaient "considérés comme des complices". "Mais il y a certainement de la colère contre les Britanniques", a-t-il estimé.

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