Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clef situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny, lors d'une conférence de presse.

Le porte-parole du gouvernement a déclaré que la situation avait été résolue grâce au dirigeant Salva Kiir, qui avait appelé ses homologues pour les exhorter à cesser les combats autour du champ pétrolier, car "les deux parties ont peut-être le pouvoir de détruire le champ pétrolier, mais elles n'ont pas le pouvoir d'arrêter le champ pétrolier s'il s'enflamme".

"La production pétrolière se poursuit", a-t-il également assuré, ajoutant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

Le général sud-soudanais Paul Nang Majok a déclaré à la chaîne de télévision publique SSBC que cet accord était vital pour éviter la destruction du champ pétrolier.

Il a également indiqué que les forces soudanaises se retireraient, laissant le contrôle de la zone aux troupes du Soudan du Sud, même si "les RSF resteraient également en dehors de la zone".

- Importantes réserves pétrolières -

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Des forces sud-soudanaises se seraient rendus à Heglig peu après, a indiqué l'armée à la presse.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Sept soldats sud-soudanais auraient été tués dans l'attaque, selon Juba.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.

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