A l'école des sous-mariniers, des simulateurs plus vrais que nature

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Le pilote s'agrippe aux joysticks pour limiter le tangage : en pleine remontée à la surface, son sous-marin virtuel est bousculé par une houle de force 7. Dans quelques mois, il réalisera un rêve et pilotera le Suffren, nouveau submersible nucléaire de l'armée française.

En attendant, avec l'ensemble de l'équipage, Fabien, second maître dans la marine, s'entraîne à l'école de navigation sous-marine de Toulon, dans un simulateur plus vrai que nature. Montée sur vérins, sa cabine de pilotage, calquée sur celle du Suffren, s'incline quand le pilote plonge le sous-marin à 300 mètres sous la surface.

"Je me suis déjà entraîné à Cherbourg sur le bâtiment en construction, mais là ça y est, on attend le départ!", confie, excité, le marin de 30 ans. Le Suffren, tête de série des sous-marins de classe Barracuda, a été mis à l'eau en juillet dernier. Il doit être livré à Toulon, au terme d'une série d'essais, à l'été 2020.

Grâce à sept simulateurs, son équipage s'entraîne "au plus proche de la réalité", "de véritables morceaux du bateau reproduits à l'identique", explique le directeur de l'école, le capitaine de frégate Frédéric Suel. Six semaines d'entraînement sont nécessaires aux marins pour "conduire le Suffren en toute sécurité".

A l'étage en-dessous du simulateur de pilotage, une dizaine d'officiers et d'opérateurs s'activent dans la pénombre --pour une meilleure écoute des sons extérieurs--, devant autant d'écrans en mouvement permanent. C'est une réplique du centre de conduite des opérations du Suffren, "le centre névralgique" du sous-marin, explique Laurent, commandant en second.

Banc de crevettes

Derrière une vitre, deux instructeurs génèrent des "scénarios": ce lundi, les "élèves" ont repéré grâce aux sonars un sous-marin dans leur zone. A eux maintenant de l'identifier et de connaître ses intentions. "Les fondamentaux sont là, mais ils doivent encore travailler la partie tactique", juge l'un des instructeurs.

L'équipage du Suffren - 63 marins - est uniquement composé de militaires expérimentés, qui ont déjà navigué sur d'autres types de submersibles, ou sur le porte-avions Charles de Gaulle.

Le Suffren est "plus rapide, plus endurant et plus discret que les anciens modèles", assure Laurent. "C'est un chasseur, pas un bateau qui va se cacher au fond de l'océan, c'est un bateau qui est taillé pour le combat", avait expliqué à Cherbourg en juillet, l'amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de la Marine. Un responsable de Naval Group, le constructeur du Suffren, assurait même qu'il ferait "moins de bruit qu'un banc de crevettes".

Comme ses prédécesseurs, la mission du sous-marin nucléaire consistera à protéger les porte-avions et sous-marins lanceurs d'engins (SNLE) porteurs de l'arme atomique, à traquer les ennemis et à recueillir du renseignement. Il pourra aussi tirer des missiles de croisière d'une portée de 1 000 km contre des cibles à terre et permettre le déploiement de forces spéciales grâce à un propulseur sous-marin pour nageurs de combat.

Pour les sous-mariniers comme le premier maître Jérémy, qui s'entraîne au poste d'opérateur de chaufferie nucléaire, "le bateau est plus compliqué mais l'ergonomie est simplifiée, c'est comme passer d'une voiture manuelle à une automatique". Le marin décrit aussi "un confort bien amélioré à bord: plus de place, des chambres de six personnes maximum, plus de douches".

Le lancement du Suffren intervient dans un contexte mondiale d'augmentation du nombre de sous-marins (+6% en 5 ans).

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