L'économie française devrait continuer à résister début 2023, selon la Banque de France

  • AFP
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Malgré les chocs, l'activité économique française continue de tenir bon: elle devrait enregistrer une stabilisation en janvier après une légère croissance fin 2022, ce qui lui permettra d'éviter une "récession dure", a indiqué mercredi la Banque de France.

Inflation soutenue qui rogne le pouvoir d'achat, prix de l'énergie qui ont flambé depuis l'invasion russe de l'Ukraine, tensions sur les approvisionnements post-Covid... Face aux aléas qui s'accumulent, l'économie plie sans rompre.

"Globalement, je pense que la santé de notre économie est un peu meilleure que notre moral collectif", a déclaré le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, sur Radio Classique.

Cela permettra à la France d'"éviter un scénario d'atterrissage brutal de récession dure", a-t-il ajouté.

La croissance du produit intérieur brut (PIB) atteindrait 0,1% au quatrième trimestre de 2022, subissant l'effet pénalisant des grèves de l'automne dans les raffineries et la maintenance des centrales nucléaires, avec une "légère hausse en décembre", selon l'institution.

Le PIB devrait ensuite devenir "quasi stable" en janvier.

"La résilience se confirme et même se prolonge", a souligné Olivier Garnier, le directeur général chargé notamment des statistiques, lors d'un point de presse.

"Il y a un niveau d'inquiétude sur le futur qui reste élevé (...), mais malgré tout, mois après mois, l'activité continue de légèrement progresser, même si c'est bien sûr de façon moins soutenue qu'au premier semestre de l'année 2022", a-t-il dit.

Pour l'ensemble de l'année 2022, la Banque de France a confirmé sa prévision d'une croissance de 2,6% (contre 2,5% pour l'Insee), avant une nette baisse de régime en 2023, à +0,3% d'après son scénario principal.

A moyen terme, elle table sur un cycle économique en trois "R": résilience, ralentissement et reprise à partir de 2024.

Le gouvernement, qui a soutenu entreprises et ménages à coups de milliards d'euros, prévoit lui une hausse de 2,7% du PIB en 2022, avant un net ralentissement à 1% cette année, un scénario jugé trop optimiste par de nombreux instituts économiques.

- "Points de vigilance" -

Dans le détail, l'activité a continué à croître en décembre dans l'industrie, les services et le bâtiment, plus fortement qu'attendu le mois précédent, selon les résultats de la dernière enquête mensuelle réalisée auprès de 8.500 chefs d'entreprise entre le 20 décembre et le 5 janvier.

M. Garnier a cité notamment un relâchement des craintes relatives aux approvisionnements énergétiques, grâce aux températures hivernales clémentes, et des carnets de commandes toujours "bien garnis" malgré un repli.

C'est notamment le cas dans l'aéronautique, les produits informatiques et les équipements électriques.

En janvier, l'activité progresserait un peu dans les services et l'industrie, avec toutefois de fortes disparités sectorielles: repli dans l'habillement ou le caoutchouc-plastique notamment, hausse dans la pharmacie, l'automobile ou l'aéronautique. Elle serait stable dans le bâtiment.

Dans ce tableau en demi-teinte, "des points de vigilance" demeurent, comme la trésorerie des entreprises, les stocks qui montent, les difficultés de recrutement et l'énergie, a relevé François Villeroy de Galhau.

Comme les autres grandes économies occidentales, la France affronte une envolée de l'inflation, qui devrait atteindre un pic au premier semestre 2023, mais sa banque centrale note une "légère modération de la hausse des prix dans l'industrie, même si elle reste soutenue" en décembre. Pas d'inflexion en revanche dans les services et le bâtiment.

Pour janvier, "les chefs d'entreprises anticipent une forte hausse des prix", que certains répercutent sur les prix de vente, précise la banque.

En décembre, les difficultés d'approvisionnement ont reculé, la situation de trésorerie s'est stabilisée mais à un niveau "relativement bas" dans l'industrie, tandis les recrutements sont restés difficiles.

Les stocks ont continué de progresser, restant à un niveau "élevé" du fait d'une baisse de la demande ou de difficultés d'approvisionnement notamment, voire de craintes d'éventuelles pénuries d'énergie dans les prochains mois.

Quant à l'impact de la crise énergétique sur leur activité en décembre, les entreprises n'ont pas signalé de changement significatif par rapport aux deux mois précédents.

Ainsi, 23% d'entre elles disent avoir été affectées en décembre. Elles sont toutefois 32% à s'attendre à un impact sur les trois prochains mois, et encore plus nombreuses à craindre pour leurs marges (52%).

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