L'électrification « devrait être notre première boussole », souligne le président de RTE

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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La France n'est pas sur le "bon rythme" d'électrification et doit sortir des incertitudes si elle veut atteindre ses objectifs de décarbonation, de croissance et d'industrialisation, a estimé jeudi Xavier Piechaczyk, le président du directoire du gestionnaire du réseau à haute tension (RTE).

Une consommation d'électricité stable ces dernières années

"La France ne s'électrifie pas suffisamment vite", a-t-il déclaré en référence au besoin de remplacer les énergies fossiles consommées dans les secteurs de l'automobile, du bâtiment et de l'industrie.

"On n'est pas encore rentré dans cette dynamique de bon rythme d'électrification qui nous mettrait sur la bonne trajectoire d'être un pays qui tient ses objectifs de neutralité carbone et qui en même temps est en croissance et se réindustrialise", a-t-il ajouté à l'occasion du colloque annuel de l'association professionnelle France renouvelables.

D'où une consommation d'électricité stable ces dernières années car les gains en termes d'électrification sont compensés par une meilleure efficacité énergétique, a-t-il expliqué. Cela peut nécessiter des ajustements en fonction de la consommation mais ne doit pas se traduire par une remise en cause des filières énergétiques.

"Est-ce que ça veut dire qu'il faut tout casser ? Bien évidemment, non (...). Il y a un truc que l'industrie déteste, c'est les stop-and-go. C'est ingérable", a-t-il martelé.

Nucléaire/renouvelables : éviter la « guerre de religion » 

Les acteurs de l'énergie attendent depuis trois ans la publication de la feuille de route énergétique de la France par le gouvernement, mais celle-ci est sans cesse repoussée.

La troisième programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE3), indispensable notamment pour lancer des appels d'offres et sécuriser les investissements, a donné lieu à des débats enflammés dans la classe politique entre pro-nucléaires et partisans des renouvelables.

Le Rassemblement national et la droite ont tenté d'imposer un moratoire sur les nouvelles installations éoliennes et solaires, finalement rejeté par l'Assemblée nationale en juin, et le patron des Républicains, Bruno Retailleau, a lui aussi prôné un tel moratoire.

"Notre premier combat, nous qui sommes des acteurs de l'énergie, de l'électricité, ça doit être le combat de l'électrification des usages", a insisté Xavier Piechaczyk. "Ça devrait être notre première boussole !", a-t-il ajouté en estimant que le débat entre énergies renouvelables et nucléaire ne doit "pas se transformer en guerre de religion".

Commentaires

Rochain Serge
Il ne s'agit pas d'une guerre de religion mais d'efficacité. Nous savons qu'il y a urgence et nous nous trouvons avoir des moyens limités et des dispositifs de type nucléaires qui nécessitent au moins 15 ans avant de produire alors que l'on construit n'importe quel parc éolien ou solaire en moins de deux ans
COCHELIN
Mais avec une production peu constante et inapte à alimenter le réseau. D'ailleurs, aucun pays n'y est parvenu.
COCHELIN
Je persiste à affirmer qu'aucun pays n'est arrivé à alimenter son réseau en continu uniquement par des ENR variables. Où avez-vous vu des contre-vérités dans ce propos ?
Vincent
Regardez donc du côté de l'Australie méridionale par exemple (quasiment pas d'interconnexions avec le reste du pays vu sa taille).
COCHELIN
peu de consommation, du complément au gaz de temps en temps et de nombreux imports/exports avec son voisin, l'État de Victoria. Vérifiez par vous-même !
COCHELIN
Site à consulter : https://app.electricitymaps.com/map/zone/AU-SA/live/fifteen_minutes?lang=fr
Vincent
70% d'énergies renouvelables, là où c'était 100% fossile il y a 10 ans. Et vous, il y a 10 ans, vous disiez qu'aucun réseau ne pourrait faire plus de 10% d'ENR. Puis quand des pays ont fait 10% d'ENR, vous avez dit que ce serait à 20, puis à 30, etc etc etc. RTE a donné les conditions pour des systèmes 100% ENR. Pour un pays comme la France, il faudrait un appoint en gaz de 3 à 4%. Même si ce gaz était fossile ce serait mieux que ce qu'on fait aujourd'hui. Bref, tous les moyens sont bons pour ne surtout pas sortir des fossiles.
COCHELIN
N'inventez pas n'importe quoi. Je n'ai jamais pronostiqué il y a dix ans que... Et concernant les 100%renouvelables, de nombreuses conditions doivent être réunies : https://www.nationalgeographic.fr/environnement/2020/04/une-france-consommant-100-denergie-renouvelable-est-elle-possible
Vincent
L'article parle du mix énergétique, pas du mix électrique. Par ailleurs, il considère Jancovici comme référence dans le domaine de l'énergie, ce qui devrait donc être suffisant pour considérer que cet article n'est pas sérieux (Jancovici ayant plus de 20 ans de retard sur la littérature scientifique sur l'énergie et n'ayant lui même jamais écrit d'article scientifique, c'est une référence à écarter dans ce domaine. C'est un bon vulgarisateur sur le plan du climat, mais il se place plutôt du côté des désinformateurs sur les solutions). Du reste, toutes choses égales par ailleurs, il fait partie de ceux qui ont tenu le discours des 10%, puis des 20%, etc etc. Si on en revient à la gestion d'un mix électrique, j'ai par ailleurs tendance à faire plus confiance à RTE qu'à National Geographic sur ce sujet...
Cochelin
Concernant J.M. Jancovici, votre opinion ne regarde que vous. Mais son discours est proche de celui de RTE. Concernant RTE et le futur mix électrique, vous oubliez le quatre conditions draconiennes. La démonstration à grande échelle n'est pas encore acquise et "il reste beaucoup de sujets à résoudre". Donc il ne faut pas aller trop vite :https://www.rte-france.com/actualites/rte-aie-publient-etude-forte-part-energies-renouvelables-horizon-2050
Vincent
RTE ne propose pas de moratoire sur les ENR, bien au contraire, et n'a pas de publication à charge contre les ENR comme Jancovici (cf sa BD). Donc non, le discours de Janco et de RTE ne sont absolument pas proches. RTE a très bien compris que la décarbonation du mix énergétique passera en grande partie par l'électrification et que l'augmentation de la production d'électricité passera en grande partie par les renouvelables. Chose que Jancovici n'a toujours pas compris. Et il ne s'agit pas d'une opinion mais d'un constat scientifique (le GIEC fait le même).
COCHELIN
Vous avez encore tout faux. Le Shift Project, organe piloté par Jancovici, ne dit pas autre chose que RTE : https://www.facebook.com/story.php?story_fbid=1271562374327309&id=100044206760625
Vincent
Ah mais le shift project est beaucoup plus sérieux que Jancovici bien sûr. Il y a, au shift project, des personnes qui prennent le temps de lire la littérature scientifique.
COCHELIN
Jancovici, président et fondateur de "the shift project" donnerait-il tort à sa fondation et ferait-il de la désinformation ? Vous n'êtes pas sérieux ! https://theshiftproject.org/equipe/
Vincent
Avez vous lu sa BD ? Toute sa partie dédiée à l'énergie est à charge contre les énergies renouvelables, avec beaucoup de désinformation. Par ailleurs il attaque régulièrement les renouvelables sur le réseau linkedin (ou c'est lui même qui écrit), toujours en 2025. Ce qui n'est pas le cas du shift project. Donc oui il contredit régulièrement ce que peut recommander le shift.
COCHELIN
Attaques contre les renouvelables ? Voyez vous même et réévaluez vos propos : https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_un-des-moyens-utilis%C3%A9s-pour-d%C3%A9velopper-les-activity-7227431557957906433-K-N7?originalSubdomain=fr
Vincent
  • Ce n'est pas son post le plus anti-ENR, même s'il ne peut pas s'empêcher de remettre en cause leur potentiel quand il dit "Rappelons que le but du jeu, dans le domaine électrique, n'est pas de voir la part renouvelable augmenter dans le mix, mais de voir les émissions de gaz à effet de serre de cette production baisser en valeur absolue. Or, ces dernières années, nous avons eu à la fois plus d'émissions dans la production électrique et plus de renouvelables dans cette même production"
  • Le but du jeu, c'est de décarboner le mix énergétique, pas seulement le mix électrique. Et ça passera par une électrification massive. Par ailleurs, ça fait 40 ans que la consommation d'électricité augmente de 3% par an à l'échelle mondiale. Donc l'enjeu est double : accompagner à la fois la croissance historique de la conso élec, tout en substituant une partie de la conso fossile par ailleurs. Tout ça mis bout à bout, ça veut dire un mix à 60-70000TWh à l'échelle mondiale en 2050. Sachant que le nucléaire plafonne à 2500TWh depuis plus de 20 ans. Il aura son rôle à jouer, mais sera minoritaire. Le GIEC, l'IEA disent exactement la même chose : le gros de la décarbonation passera par le développement des énergies renouvelables. Prétendre l'inverse c'est être climato-sceptique (consciemment ou non).
  • Pour en revenir à JMJ, toujours en 2025 il publie régulièrement des posts ou dit que les renouvelables n'ont pas de potentiel pour la décarbonation. Il le dit noir sur blanc dans sa BD. Tout ceci a été largement débunké. Voir par exemple cette vidéo du réveilleur ou encore celle ci pour des versions vulgarisées.
COCHELIN
Vous écrivez: "Le but du jeu, c'est décarboner le mix énergétique, pas seulement le mix électrique". C'est un but louable, et J.M. Jancovici est d'accord sur ce point. Mais la réalité nous rappelle que ce sera terriblement difficile et coûteux. Ce but ne sera peut-être jamais atteint, sans pour cela être climato-septique. https://jancovici.com/transition-energetique/renouvelables/pourrions-nous-vivre-comme-aujourdhui-avec-juste-des-renouvelables/
Vincent
Cet article date de 2005. Je connais l'argumentaire de Jancovici. J'ai lu sa BD, vu un certain nombre de ses conférences. Et puis en variant mes sources et en lisant en particulier la littérature scientifique, j'ai fini par comprendre qu'une grande partie de son argumentaire était faux. Regardez notamment les 2 vidéos mis en lien dans mon dernier commentaire si vous voulez entendre un autre son de cloche. Bref, il a été un bon vulgarisateur des questions climat. Mais sur l'énergie, il n'est pas une bonne référence.
COCHELIN
Tout d'abord, je tenais à vous rappeller que vos premières interventions ici ne concernaient que le secteur électrique (exemple : Australie Méridionale). Sur le futur énergétique de notre planète, aucune littérature dite scientifique ne peut raisonnablement prédire qu'une décarbonation totale des économies mondiales est possible. Trop de paramètres entrent en ligne de compte et seuls des modèles plus ou moins réalistes et non testés à grande échelle sont proposés. D'autres arguments d'ordre socio-économiques (en plus des arguments technoscientifiques) sont aussi à prendre en compte : https://journaldeslibertes.fr/article/la-transition-energetiqueest-elle-soutenable/
Vincent
Vous avez fait un commentaire anti-ENR, donc climato-sceptique, auquel j'ai répondu. Car même si c'est des coups d'épée dans l'eau, il m'arrive de répondre aux climato-sceptiques. L'article résume un rapport de l'institut Sapiens qui lutte contre les règlementations sociales, environnementales et climatiques européennes. Qui est anti-ENR et pense qu'un monde sans fossile n'est pas fossile (forcément, quand on lutte contre le levier n°1 de la décarbonation, on peut difficilement se passer des fossiles) en utilisant le nucléaire comme paravent. Fondé par Charlez, un climatosceptique notoire. Pour en revenir à la transition, ce n'est pas un problème technique. On a déjà les solutions pour 80% du problème. Ce qui freine la transition, c'est qu'elle remet en cause le pouvoir économique établi, qui se défend poliquement en développant massivement la désinformation et en finançant l'extrême droite. C'est ça notre principal frein aujourd'hui. Il est humain, absolument pas technique.
COCHELIN
Où avez-vous vu un commentaire anti-ENR? Où avez-vous vu du climato-sceptiscisme alors qu'il est admis un réchauffement du climat ? Où a-t-il été démontré dans le monde réel à grande échelle que 80 % du problème ont été résolus par des solutions pérennes ?
Vincent
  • "Mais avec une production peu constante et inapte à alimenter le réseau". Si ça c'est pas un commentaire anti-ENR, je sais pas ce que c'est. Le climato-scepticisme a changé de visage depuis 10 ans: il ne nie plus le réchauffement, il nie soit son origine humaine, soit il désinforme sur les solutions pour résoudre le problème. Sachant que les 2 options ne sont pas exclusives: Charlez et l'institut Sapiens sont sur les 2 créneaux. Le climatoscepticisme est donc beaucoup plus sournois qu'avant.
  • Je n'ai jamais dit que 80% du problème avait été résolu. Juste que 80% du problème est résolvable avec les technologies qu'on connait déjà, mais qu'on ne met pas en place car cela ruine des intérêts bien trop puissants. Intérêts qui se défendent en alimentant la désinformation et en finançant l'extrême droite dont le but est évidemment de maintenir le business as usual et les privilèges des élites fossiles.
COCHELIN
Vous ne pouvez pas certifier que la variabilité de certaines ENR ne posent pas de problème. pour RTE, c'est un gros problème et qui ira en grandissant avec des capacités sans cesse croissante. Sur ce site, vous avez aussi quelques développemens des problèmes qui nous attendent : https://blog-isige.minesparis.psl.eu/2021/09/15/energies-renouvelables-et-reseaux-electriques-je-taime-moi-non-plus/ Ne parlez pas de climatoscepticisme à tout propos !
COCHELIN
De plus, ni l'institut Sapiens, ni Philippe Charlez ne nient le réchauffement climatique et la nécessité de développer les énergies renouvelables : https://www.institutsapiens.fr/observatoire/observatoire-reussir-la-transition-energetique-2/
Vincent
Charlez relaie sur linkedin les posts de Marion Maréchal Le Pen. Il n'essaie même plus d'avancer masquer. Son agenda est tout à fait clair. Concernant la variabilité des ENR, je n'ai jamais dit qu'elles ne créaient pas de problème. La problématique est pour le stockage long terme. RTE a calculé ça : on a besoin de produire 25TWh via du stockage long terme (gaz vert) dans le pire des cas avec un scénario 100% ENR. Donc on parle de 3% d'un mix à 800TWh. 3%. Donc pour les 97% restant, les solutions déjà là. Et par ailleurs en France, le recours au nucléaire permet de réduire ce besoin en stockage long terme à néant. En clair, les ENR permettront de produire le gros du contingent d'électrons dont on aura besoin pour décarboner et le nucléaire permet d'éviter le recours à des gaz verts. Donc je persiste : on a déjà les solutions pour résoudre 80% du problème. Et si on se cantonne au mix électrique seul, on a les solutions pour 95% du problème.
Cochelin
Un scénario complètement irréaliste, et RTE ne parle que d'hypothèses. Des capacités d'imports/exports (40 à 50 GW), d'installations de capacités de production d'EN, de stockage et de flexibilité complètement délirantes ! Quelques éclairages en plus ici : https://www.larevuedelenergie.com/wp-content/uploads/2021/03/654-Electricite-renouvelable-solution-miracle-ou-utopie.pdf
Hélène de la R…

Oui, évitons les guerres de religion, mais pour cela encore faut-il reconnaître certains faits. Depuis 2010, les exigences de sécurité et de sûreté ont et vont continuer à faire plus que doubler le prix du Kwh nucléaire d’ici à 2030, qui a déjà augmenté de 35% entre 2009 et 2022. Le nouveau nucléaire (en gros les EPR) est donc coûteux par rapport aux énergies renouvelables, et ce MEME EN AJOUTANT LES CONTRAINTES DE LA GESTION DE L’INTERMITTENCE DES ENR. Et en plus, ces coûts ne sont pas maîtrisés, faut-il rappeler que :
• L'EPR de Flamanville : non seulement a accusé un retard considérable, mais qu'en plus le budget initialement prévu pour sa construction en 2003 a depuis explosé : augmentation de 479 % ! En effet, son coût est passé de 3,3 à 19,1 milliards d’euros une fois intégré le coût du financement.
• Le vrai coût des EPR de deuxième génération en cours de discussion reste hyper incertain. Flamanville en est à 8100 € pour chaque Kw de puissance construite, l’EPR de Sizewell C à 7400 €, alors qu’on ne peut plus parler de têtes de série. Faut-il croire l’optimiste EDF dans ses estimations futures ?
• Personne ne sait estimer les véritables coûts du futur démantèlement des réacteurs existants (ni parfois comment le faire), ce qui est une vraie bombe au-dessus de la tête d’EDF.
• Et ne parlons pas des coûts du déploiement d’un futur programme de réacteurs à sels fondus. Tout ça fait que les partisans du nucléaire voient comme seule solution la nationalisation, pour échapper aux « forces néfastes du marché ». Mais même dans ce cas, comment trouverait-on les énormes financements nécessaires ?

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