Les commerces mettent en pratique leur plan de sobriété énergétique, les yeux rivés sur 2023

  • AFP
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Ils avaient été les premiers à annoncer leur plan de "sobriété énergétique": les commerces ont devancé la date annoncée du samedi 15 octobre pour réduire leur consommation d'énergie, manière aussi d'anticiper un "mur infranchissable" des prix de l'électricité, redouté pour 2023.

Dès cet été, toutes les enseignes de l'alimentaire - Carrefour, Intermarché, Système U, Auchan, Casino et E.Leclerc - se sont engagées à éteindre à compter de cette date leurs enseignes lumineuses à la fermeture des magasins, à réduire l'intensité lumineuse avant l'arrivée du public et abaisser la température ambiante des points de vente, pour éviter les coupures d'électricité cet hiver.

"Il n'y aura pas un bouleversement complet entre vendredi soir et samedi matin", explique à l'AFP le porte-parole des enseignes Systèmes U. "Il y a déjà beaucoup de choses qui sont mises en œuvre, et dès qu'on peut les mettre en place, on le fait, les exploitants ont bien compris qu'il allait y avoir un problème de coût de l'énergie", selon lui.

Système U a la particularité comme Intermarché et E.Leclerc d'être un groupement de commerçants, chacun d'entre eux étant patron d'un ou plusieurs magasins et donc décisionnaire in fine.

« Petite centrale nucléaire »

E.Leclerc avait annoncé début septembre avoir opéré dans ses 734 magasins l'extinction de l'ensemble de ses enseignes lumineuses et des affichages sur écrans en magasin dès le départ des clients, et la diminution "de 30% en moyenne de l'éclairage de la surface de vente en présence du public et de 50% lorsque seuls les salariés sont présents".

Quand il fera très froid, en cas de pic de la demande énergétique, des mesures exceptionnelles ont été proposées, comme de ramener la température à 17 degrés pendant les heures d'ouverture, ce qui permet un "effacement de 740 MW" soit "une "petite centrale nucléaire", souligne la fédération technique de la distribution Perifem.

Ce protocole doit être étendu aux autres commerces. Le Conseil du Commerce de France (CDCF), qui rassemble une trentaine de fédérations commerçantes, a publié mi-septembre un guide se projetant au-delà de l'hiver pour inciter les commerces à réduire leur consommation d'énergie de 10% d'ici à fin 2024, conformément aux objectifs fixés par le gouvernement.

Dans quelle mesure sera-t-il suivi, dans un secteur très fragmenté ? Des contre-exemples risquent de subsister, mais réduire sa consommation énergétique est une nécessité pour les professionnels, au-delà même de l'enjeu d'image - comme l'a synthétisé Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des magasins E. Leclerc, "ce ne serait pas honnête de demander au consommateur de faire preuve de sobriété si on n'est pas nous-mêmes exemplaires".

« Mur infranchissable »

Les appels à l'aide se multiplient face à ce que Dominique Schelcher, président de Système U, appelle sur Twitter le "mur infranchissable des prix de l'électricité 2023". "Le coût de l'énergie représente un danger vital pour les entreprises du commerce après trois années de mouvements sociaux et de Covid qui n'ont pas permis aux commerces de retrouver un niveau d'activité identique à 2019", a alerté mercredi le CDCF dans un communiqué. "On assiste à une multiplication allant jusqu'à 4 fois des factures et les prévisions à venir sur les prix sont très alarmistes puisque des coefficients fois 5 voire fois 15 sont déjà proposés par les fournisseurs d'énergie".

Le sujet est d'une telle importance qu'il a entraîné la publication par l'ensemble de la chaîne alimentaire, des fédérations d'agriculteurs (FNSEA, Coopération agricole) aux supermarchés (Perifem), en passant par les industriels de l'agro-alimentaires (ADEPALE, ANIA, ILEC, FEEF), d'un "appel au secours" commun. Ces acteurs, plutôt habitués à s'opposer qu'à s'entendre, demandent l'aide des autorités face à la "hausse disproportionnée des coûts de l'énergie".

Faute d'aide significative, assurent-ils, des ruptures de production pourraient avoir lieu avec des conséquences pour l'emploi. En outre, le coût du panier moyen des Français pourrait augmenter significativement, "aboutissant à faire supporter par les ménages une part de l'augmentation de l'énergie".

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