Les Domaines skiables français s'engagent pour l'environnement, prévoyant notamment des prototypes de dameuses à hydrogène « d'ici 3 à 5 ans »

  • AFP
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Les exploitants de remontées mécaniques des 250 stations de ski françaises ont présenté vendredi à Grenoble leurs engagements pour l'environnement, une "priorité malgré la crise du covid".

"Nous avons pris du chiffrable et du quantifiable pour ne pas tomber dans l'accusation de greenwashing", a affirmé Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF), lors du congrès annuel de l'association. Ces 16 engagements, décidés collectivement, concernent la consommation d'énergie, la gestion de l'eau et des déchets, la préservation de la biodiversité et des paysages. M. Maulin a assuré que des ONG comme WWF et Mountain Wilderness pourront en vérifier l'application.

Le bilan carbone d'un séjour au ski dépend surtout du transport (60%) et de l'hébergement (35%). Les remontées mécaniques n'y contribuent que pour 2% mais c'est sur cette toute petite portion - la seule qui concerne directement les exploitants de remontées mécaniques - que DSF entend travailler.

Comme 95% de ce bilan carbone est généré par le damage, l'accent va être mis sur le soutien à la fabrication de dameuses à hydrogène (des prototypes seront dévoilés « d’ici 3 à 5 ans ») pour avoir un bilan carbone neutre en 2037. D'ici là, les conducteurs de dameuses seront formés à une conduite moins consommatrice en gazole (pour permettre 5 à 10% d'économie).

Pour les remontées, qui fonctionnent à l'électricité, la vitesse pourra être réduite en cas de moindre affluence de skieurs et certaines, redondantes, fermées en dehors de la haute saison. "On espère jusqu'à 15% d'économie sur un appareil durant sa saison", a dit M. Maulin.

La gestion de l'eau sera un "point stratégique" car elle participe à la capacité de fabriquer de la neige de culture: la neige sera mesurée plus finement pour optimiser les volumes de neige à produire. De plus, un partage de l'eau avec les éleveurs sera mieux organisé afin de soutenir le pastoralisme en montagne.

Sur la biodiversité, chaque exploitant devra avoir fait d'ici cinq ans un inventaire sur la faune, la flore et les espaces naturels. Et dans le même temps, tous les câbles susceptibles d'être un danger pour les grands oiseaux comme les tétras lyres (Alpes) et les grands tétras (Pyrénées) seront équipés de signalisations.

Sur les déchets, les opérateurs s'engagent à au moins une opération de ramassage chaque année et à sensibiliser les clients. Car "au printemps, on peut trouver jusqu'à 30 000 mégots sous un télésiège de 10 pylônes ; or un mégot pollue 1 mètre cube de neige et 500 litres d'eau", selon DSF.

Enfin, pour la préservation de paysages, les remontées abandonnées commenceront à être démontées et enlevées à partie de l'été prochain. Tous les travaux de terrassement seront suivis d'une végétalisation avec des semences endémiques.

Commentaires

Thomas

mmh.
A voir dans le détail, mais ces mesures semblent bien légères et un peu trop lointaines...
Pourtant il y aurait tant à faire tout de suite et de manière plus radicale pour verdir le ski, à commencer par la modification des accès aux stations pour favoriser les transports en commun et pénaliser les voitures individuelles. Quant aux logements, tous majoritairement des passoires énergétiques chauffées avec des grille-pains. Leur isolation devrait être rendue obligatoire. La tache est immense mais créerait des vrais emplois durables.

Marc Diedisheim

Pénaliser, pénaliser, toujours ce même mot à la bouche ... Faut-il pénaliser toutes les voitures individuelles, ou seulement les véhicules polluants ? Etes vous soucieux d'écologie ou êtes-vous écologiste ? Bien cordialement.

Vincent

Ah, parce que vous connaissez des véhicules non polluants vous ? Pouvez vous nous dire lesquels ?
Ce n'est pas un scoop que le véhicule individuel est un des gros problèmes de notre société actuel (parmi d'autres comme la consommation de viande ou le chauffage des batiments). La voiture érigée en modèle de liberté a été une erreur puisqu'elle nous mène dans une impasse et conduit à terme à la disparition de toute liberté, justement (parce qu'il ne faut pas rêver, plus on attend et plus la lutte contre le réchauffement climatique risque d'être liberticide, du moins si on ne fait pas partie des 1% les plus riches).
Il est donc parfaitement sensé de proposer des mobilités alternatives qui permettront à tout un chacun de tourner la page du véhicule individuel tout en continuant de pouvoir avoir une certaine mobilité : le transport en commun permet cela.

Marc Diedisheim

Les transports en commun sont-ils non-polluants ? Si vous en connaissez, dites lesquels.
Vous pensez que le véhicule individuel est un problème ? Pourquoi ? Parce qu'il pollue, ou parce qu'il est individuel ?
Bien cordialement.

Vincent

Je n'ai jamais prétendu que le transport en commun n'était pas polluant, contrairement à vous en ce qui concerne la voiture, donc ne retournez pas le propos.
Il n'y a pas de véhicule collectif non polluant non plus, mais ils ont l'avantage d'être collectif et donc de réduire leur impact, une fois moyenné sur l'ensemble de la population. Le problème c'est toujours le même : en France, on émet en moyenne 11 tonnes de CO2/an/habitant. Il faut réduire cette valeur à 2, voire moins, pour atteindre un monde carboneutre. Sachant qu'en parallèle il y a d'autres contraintes de ressources (métalliques en particulier, pour ce qui concerne la mobilité), sans même compter l'impact social et environnemental de l'extraction de ces ressources (qui sont un réel problème, que nos sociétés occidentales ont délocalisé dans les pays de Sud). Donc à partir de là, comment fait-on pour garantir une mobilité durable, c'est à dire compatible avec nos besoins de société et qui restent tenables d'un point de vue environnemental ? A ce jeu là, le véhicule individuel, tel qu'il est promu actuellement, ne tient pas la route : on ne pourra pas tous avoir des dizaines de kWh de batterie Li-ion chez soi, sans même parler de toute l'électronique annexe qui est au moins aussi problématique. L'avenir du véhicule individuel, c'est des véhicules à faible autonomie, de faible puissance et par extension de faible poids pour les besoins du quotidien. Sur un véhicule thermique, on l'a oublié, mais l'autonomie est quasi gratuite (10L ou 50L d'essence, quel est le problème dans des engins aussi gros de toute façon ? ). Pour un véhicule électrique (batterie ou H2), c'est cette autonomie qui fait justement sa conso de ressource (et donc d'énergie à la fabrication et donc de CO2). Donc là, avoir 100km ou 500km d'autonomie, c'est plus du tout la même histoire, pour un besoin de 40km d'autonomie journalière l'immense majorité du temps. Donc les 400km d'autonomie en trop sont cher payés (environnementalement, socialement mais aussi économiquement pour le coup) pour un besoin anecdotique (vacances, en gros).
En ramenant le véhicule individuel à sa portion congrue, on le ramène à sa stricte utilité : les besoins du quotidien. Et on laisse la longue distance aux transports aux communs, qu'on optimise justement pour de la longue distance. C'est la seule manière de répartir au mieux, y compris socialement , la gestion de nos ressources limitées.

Thomas

En ligne avec Vincent.
Au delà de ces éléments, le véhicule individuel quel qu’il soit pose également des problèmes en termes d’infrastructures qu’il faut dimensionner suffisamment en période d’afflux massif (hiver) créant ainsi une imperméabilisation et artificialisation des sols importantes. Les transports en commun réduisent ce besoin de place et les gigantesques parkings des stations pourraient ainsi retrouver une vocation naturelle.

sirius

La mesure à prendre en priorité est connue :fermer toutes les stations en dessous de 1200 m. d'altitude .La neige va manquer et le froid n'est pas suffisant pour faire fonctionner les canons à neige artificielle , par ailleurs écologiquement catastrophiques .

Marc Diedisheim

En quoi les canons à neige sont-ils "écologiquement catastrophiques" ? Bien cordialement.

Thomas

@ Marc Diedisheim :
Les canons qui au début servaient seulement à venir en appoint de la neige naturelle sont de plus en plus nécessaires pour maintenir des pistes ouvertes. Les impacts sont connus:
- forte consommation d’eau et modification du cycle de l’eau (car on crée des réservoirs dédiés)
- consommation d’energie importante
- création de réseaux en milieu naturels
- perturbation de la faune
- etc.
Voir par exemple cet article:
http://blog-isige.mines-paristech.fr/2018/07/26/neige-de-culture-une-so…

Et au delà de ces impacts, la neige artificielle deconnecte encore la relation de l’homme avec la nature en lui faisant croire qu’on a toujours une solution technologique pour contrer la nature...
Vous trouvez cohérent de skier sur des pistes blanches lorsque les praires à côté sont à nu, sans neige?

Et tout l’argent déployé dans ces systèmes pourrait être intelligemment mis sur des vrais projets vertueux.

Quel est votre avis?

Marc Diedisheim

Voici mon avis:
1- On crée des réservoirs dédiés nettement plus grands pour la production d'électricité hydraulique (Serre-Ponçon, Tignes,, ...) . Dira-t-on que cela n'est pas vertueux ?
2- Oui la consommation d'énergie est importante. Mais par rapport à quelle référence ? Pour donner une idée, le Soleil envoie sur notre Terre à tout instant 10 000 fois les besoins énergétiques actuellement constatés pour l'ensemble de l'Humanité
3- La plus grande partie des réseaux aériens RTE et ENEDIS se trouve en milieu naturel. Il se trouve que pour des raisons esthétiques et de respect de la nature, les réseaux de canons à neige sont enterrés
4- La faune est de toute façon perturbée par toutes les activités humaines ... lequel Homme fait aussi partie de la faune. En la matière, la perturbation existe depuis longtemps, depuis que les stations de ski existent sur la base de neige "naturelle"
5- Il est impossible de "contrer" la nature. On ne peut que la canaliser.
6- Est-ce que skier sur de la neige "naturelle" est cohérent ? Cohérent avec quoi ? C'est un sport. Quels sont les sports vertueux, et les autres ?
7- La "vertu" de ces projets est humaine: elle permet aux habitants réguliers de nos montagnes de vivre tout l'année dans leur milieu au prix de trois mois de tourisme. Il suffit de vivre un peu en-dehors d'une ville, et d'être un peu attentif, pour être conscient de la force imparable de la nature.

Tout projet peut être contesté, c'est ce que l'on voit de plus en plus. Les canons à neige représentent une dépense infime par rapport à ce qui est nécessaire pour décarboner notre activité de base, comme le chauffage des habitations par exemple. Ne nous trompons pas de combat et laissons vivre nos montagnes.

Bien cordialement

Thomas

Bien sûr qu’on peut toujours trouver des exemples avec des impacts plus importants. Cela n’est pas une raison pour s’aligner vers le bas et sous estimer les impacts de l’activité concernée.
Si vous traitez tous les problèmes actuels avec ce type de raisonnement et bien le plus simple et effectivement de ne rien faire.
On peut tout à fait envisager des activités plus respectueuses de l’environnement tout en créant des emplois pour les habitants.
Dans tous les cas, beaucoup de stations ont déjà compris qu’ils doivent changer de modèle et que le ski naturel ou artificiel n’est plus viable à termes.

Vincent

"Les remontées mécaniques n'y contribuent que pour 2% mais c'est sur cette toute petite portion - la seule qui concerne directement les exploitants de remontées mécaniques - que DSF entend travailler."
C'est dommage de ne se concentrer que sur ces 2%. Travailler sur l'isolation des bâtiments serait probablement compliqué pour DSF. Par contre pour le transport collectif, ils peuvent agir avec les collectivités locales avec lesquelles ils sont nécessairement en contact. Comme pour quasiment toutes les activités de loisir, l'usage de la voiture reste la part majoritaire au bilan carbone et on sait qu'on va devoir d'une manière ou d'une autre renoncer à celle-ci. Donc redévelopper un réseau de transport en commun (une flotte de bus peut facilement être utilisée en hiver en station et être redéployer ailleurs l'été, par ex) permettrait aux personnes prêtes à changer de mobilité de le faire plus rapidement.
Il serait bien que la DSF se penche aussi sur des contraintes plus fortes sur l'artificialisation des sols. Quand on voit certaines stations raser des forêts ou éclater des falaises pour faire passer une nouvelle piste ou remontée mécanique, on se dit qu'il y a forcément moyen de faire autrement (par ex, si la station souhaite "ouvrir" un nouveau secteur, pourquoi ne pas l'ouvrir avec une offre ski de rando "sécurisée", sans remontée mécanique, si l'implantation de celle-ci est trop compliquée).

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