Les turbines Arabelle de GE, un actif stratégique pour le nucléaire français

  • AFP
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Avec le rachat attendu des activités nucléaires de General Electric (GE), EDF fera repasser sous pavillon français les turbines Arabelle, un actif stratégique pour la filière nucléaire.

Ces turbines fabriquées à Belfort sont les plus puissantes du monde et GE revendique la moitié du marché mondial face à des concurrents comme Mitsubishi ou Siemens. Il s'agit d'une pièce essentielle de la centrale nucléaire: la vapeur générée par les réacteurs fait tourner la turbine, entraînant l'alternateur qui produit l'électricité.

Ces machines sont d'une taille colossale : les turbines Arabelle destinées à la future centrale nucléaire britannique de Hinkley Point C seront par exemple plus longues qu'un Airbus A380.

GEAST, l'entreprise qui coiffe l'activité dans les turbines nucléaires, est présent dans 15 pays, notamment pour la maintenance. Les Arabelle sont par exemple utilisées par la russe Rosatom pour certaines centrales.

Cette activité essentielle pour le parc nucléaire français - actuel et futur, avec la construction de nouveaux EPR - était l'un des fleurons de l'ex-Alstom, dont la branche énergie a été vendue à GE en 2015. Cette opération avait alors été pilotée par le ministre de l'Économie de l'époque, Emmanuel Macron.

Cette vente controversée était associée à des garde-fous compte-tenu de la nature stratégique des turbines pour la France, qui en avait conservé la propriété intellectuelle. L'État avait conservé une action préférentielle ("golden share") dans GEAST.

"Nous n'avons aucune inquiétude ni aucune indication que le changement de propriétaire de l'usine de Belfort et du savoir-faire qui va avec ait créé la moindre perturbation dans la disponibilité des compétences", assurait en 2018 le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy. "Cela se passe aussi bien que du temps où Alstom était propriétaire de ces technologies".

Toutefois, GE n'a pas fait prospérer l'activité et a supprimé des emplois au lieu d'en créer comme promis. Le conglomérat américain préfère aussi se recentrer sur des activités sur lesquelles il estime avoir une vision de long-terme: gaz, renouvelables, réseaux...

Dès 2020, l'État prévenait qu'un éventuel repreneur devrait être "français".

EDF, détenu à près de 84% par l'État, a finalement été incité à négocier ce rachat en dépit de ses réticences initiales, et avait officialisé ces discussions en septembre dernier.

L'électricien, lourdement endetté, se voit plutôt comme un producteur d'électricité et un ensemblier dans la construction de centrales. Il a toutefois déjà pris le contrôle de Framatome auprès de l'ex-Areva à la suite de la restructuration de la filière nucléaire française.

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