Des responsables du gouvernement indien défendent l'achat de pétrole russe

  • AFP
  • parue le

Des responsables du gouvernement indien ont défendu vendredi l'achat de pétrole russe, arguant que les pays européens continuaient d'acheter des hydrocarbures à Moscou et que les prix élevés du brut ne laissaient guère le choix.

Ces derniers jours, les raffineries de pétrole indiennes auraient, selon la presse, acheté plusieurs millions de barils de pétrole russe à prix réduit. Selon la presse locale, New Delhi a travaillé sur un mécanisme d'échange roupie-rouble pour permettre de financer notamment les importations de pétrole, tout en évitant de libeller ces échanges en dollars américains.

Des fonctionnaires du gouvernement indien ont fait valoir auprès de l'AFP vendredi que l'Inde importait près de 85% de ses besoins en brut, le pétrole russe ne représentant qu'une part "marginale", de moins de 1%. L'Inde est le troisième plus grand consommateur de brut au monde.

"Les développements géopolitiques ont posé des défis importants à notre sécurité énergétique. Pour des raisons évidentes, nous avons dû cesser de nous approvisionner auprès de l'Iran et du Venezuela. Les sources alternatives ont souvent eu un coût plus élevé", a souligné un fonctionnaire, sous couvert de l'anonymat. "La flambée des prix du pétrole après le conflit en Ukraine s'y ajoute à présent. L'Inde doit continuer à se focaliser sur des sources d'énergie compétitives", a-t-il poursuivi. "Les pays autosuffisants en pétrole ou ceux qui importent de Russie ne peuvent pas plaider de manière crédible en faveur de restrictions commerciales", a-t-il ajouté, en référence respectivement aux États-Unis et aux pays européens.

La Maison Blanche a déclaré cette semaine qu'il ne semblait pas que l'achat indien de pétrole constitue une violation des sanctions américaines. Les prix du pétrole avaient déjà fortement augmenté avant l'invasion de l'Ukraine, affectant les consommateurs indiens.

"Nous sommes un pays relativement pauvre et les prix du pétrole comptent beaucoup : électoralement, politiquement, socialement et autrement", souligne à l'AFP Lydia Powell, experte en politique énergétique de l'Observer Research Foundation, groupe de réflexion basé à New Delhi.

L'Inde a exhorté la Russie et l'Ukraine à cesser les hostilités, mais n'a ni condamné explicitement l'offensive russe ni qualifié celle-ci d'invasion. New Delhi et Moscou entretiennent des liens étroits depuis la Guerre froide, et la Russie demeure le premier fournisseur d'armes de l'Inde. Outre le pétrole et les armes, l'Inde importe de Russie des engrais et des diamants bruts. L'Inde exporte en Russie des produits pharmaceutiques, du thé et du café.

Commentaires

Abadie

Le Business et l'éthique ne seront jamais alignés.

Daphné

Que n'a-t-on la franchise de faire la même chose? De toute façon cet ostracisme de tout ce qui est russe ou russophile a impacté plus les émetteurs de sanctions que la destinataire, sauf les Etats-Unis et autres producteurs d'hydrocarbures conventionnels ou non qui jubilent. Malgré la lenteur( voulue ou forcée) de l'avance, les sanctions n'impactent pas la progression des russes mais leur exaspération très dangereuse pour les civils et elles nuisent à la progression des négotiations. Les Ukrainiens se battent finalement plus pour l'enrichissement des multinationales ( ou entreprises nationales) du pétrole et du gaz que pour leur pays malgré leur magnifique héroïsme. Vivement la paix et tant pis pour les concessions qu'il faudra faire de part et d'autre. En France nous avons eu pendant plus d'un an des protestations de gilets jaunes pour une taxe carbone de quelques centimes. Maintenant personne ne rouspète pour une augmentation 50 fois plus élevée pour des raisons purement spéculatves. A qui profite le crime?

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