A Marcoussis, la ferme solaire est en copropriété

  • AFP
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"Écologie, développement local, performance financière, ça coche beaucoup de cases": Éric P., chef d'entreprise de 61 ans, a investi dans la ferme solaire de Marcoussis (Essonne) comme des centaines de copropriétaires locaux, aux côtés d'Engie et d'un syndicat intercommunal.

Avec une croissance de 11,5% en 2023, le financement participatif de projets de transition énergétique se développe en France. Le pari des collectivités locales est qu'en proposant aux riverains d'investir près de chez eux avec un rendement attractif, elles amélioreront l'acceptation des infrastructures d'énergie renouvelable.

A Marcoussis, plus de 400 habitants sont copropriétaires à 20% du parc implanté sur une friche, en bordure de voie du TGV Atlantique. Le site peut produire 20,3 mégawatts dans les conditions optimales d'ensoleillement et de température.

Ce qui en fait l'un des 210 parcs solaires supérieurs à 10 MW répertoriés en métropole par Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité.

"Le projet était en accord avec mes valeurs. Je voulais investir pour ma commune et lutter contre le réchauffement climatique en exploitant une surface non valorisable", explique Patrick L., consultant de 63 ans, habitant Marcoussis, qui confie avoir investi 5.000 euros mais ne souhaite pas que son nom soit cité.

Lors de la souscription au printemps 2021, des obligations ont été proposées aux Marcoussissiens, assorties d'un rendement de 5,5% par an pendant 4 ans, une aubaine quand les taux d'intérêt plafonnaient sous les 2%.

"Les 100.000 euros proposés ont été souscrits en quelques heures", jubile le maire Olivier Thomas, initiateur du projet. 59 habitants ont investi en moyenne quelque 1.700 euros dans la première phase.

D'autres souscriptions ont été ouvertes aux habitants de la communauté d'agglomération, puis de l'Essonne et des départements voisins, sous forme d'actions, avec un rendement de 4,5% par an sur quatre ans. 424 contributeurs ont apporté près de 1,4 million d'euros.

- "Valoriser un espace non cultivable" -

"Je crois beaucoup au solaire. C'est un projet d'envergure qui valorise un espace non cultivable. Je suis confiant dans cet investissement", souligne Éric P., qui a investi 75.000 euros.

Enerfip, plateforme dédiée à la transition énergétique et agréée par l'Autorité des marchés financiers (AMF), a structuré le financement. Elle permet de solliciter l'épargne locale en restreignant l'accès aux investisseurs sur certaines zones géographiques, par exemple les villages riverains du projet ou les départements limitrophes.

"Marcoussis est l'une des plus grosses levées de fonds qu'on ait faites au niveau local", dit Julien Hostache, président d'Enerfip.

Les intérêts sont versés une fois par an et le capital investi reversé in fine, racheté par les co-investisseurs. Le risque est limité, mais non nul: un projet peut boucler son financement mais ne pas aboutir. C'est arrivé une fois à Enerfip, qui affiche un taux de défaut de 0,11% des sommes, "sur près de 500 projets", selon Julien Hostache.

Cette manière d'ancrer un équipement dans un territoire est appréciée des élus et énergéticiens, inquiets des mouvements de résistance qui se développent contre des projets d'infrastructures locales - routes, éoliennes, parcs solaires...

Avantage non négligeable: en cas de participation citoyenne, une bonification de 3 euros par MWh est appliquée par EDF sur le tarif auquel le groupe rachète l'électricité produite. Et ceci sur toute la durée du tarif de rachat, soit 20 ans à Marcoussis, même si le financement participatif cesse lui après quatre ans.

Soit un coup de pouce de plus d'un million d'euros sur 20 ans pour ce parc. "Ce bonus a eu le mérite d'accélérer les projets depuis cinq-six ans, mais il ne représente pas une part significative du marché", tempère M. Hostache.

Enerfip a collecté 144 millions d'euros en 2023, dont 27 rien qu'en décembre. A contre-courant de ce mode de financement dans l'immobilier, qui a reculé de 28% l'an passé selon le baromètre 2023 du crowdfunding en France publié par le cabinet Mazars.

str/im/ico/cco

Commentaires

Ceyal

Évidemment que c'est souscrit en quelques heures car le courant est racheté obligatoirement par EDF au double du prix de production moyen du courant électrique.
Pas grave c'est le consommateur qui va payer au travers de la CSPE...
Quand on fait un calcul comparatif a puissance egale par rapport au coût d'une centrale nucléaire, on se rend compte que c'est du même ordre de grandeur.
A Rennes sur un délaissé ferroviaire du même type 10ha, 11.1 MWc, 12.3 GW/an, 8M€
Puissance =144 fois moins qu'un reacteur nucléaire, facteur de charge de 12,6% soit 6 fois moins qu'un reacteur (si on lui demande pas de s'effacer pour laisser passer les ENRi), durée de vie de 20 à 25 ans donc 2 à 3 fois moins qu'un reacteur.
Bref à puissance egale : 8 M€*144*6*2 = 13.8M€ soit le même niveau de prix qu'un reacteur. Pour un produit courant "sur étagère ", c'est beaucoup.

Et tout ça
1/ pour produire peu en hiver, la période où on cherche vraiment du courant , car le facteur de charge est divisé par 2 entre novembre et février
2/ pour produire ZERO à l'heure de pointe en hiver ...la periode où on cherche des kWh partout
3/ avec un coût de raccordement à la charge d'ENEDIS ... qui vient d'annoncer la bagatelle de 100 Md d'€ pour renforcer son réseau
4/ pour generer plus de 30g de CO2/ kWh soit 6 fois le CO2 d'un reacteur

Bref
Quand va t-on arrêter de subventionner à cette hauteur les ENRi ?
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