Nouveaux réacteurs nucléaires en France : les syndicats restent prudents

  • AFP
  • parue le

L'annonce par Emmanuel Macron de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires a été accueillie avec prudence mercredi par les syndicats du secteur, qui saluent ce choix mais s'interrogent sur la méthode et les incertitudes entourant le projet.

Mardi, Emmanuel Macron a annoncé que la France allait relancer un programme nucléaire et construire de nouveaux réacteurs sur son sol, en reportant toutefois à plus tard les précisions sur ces futurs EPR.

Le renouvellement du parc nucléaire "est un défi industriel et social sans précédent", a estimé auprès de l'AFP Virginie Neumayer, représentante syndicale CGT chez EDF. "Le président ne cherche pas à entraîner les salariés avec lui", a-t-elle déploré car dans le même temps, "on a des annonces de régression sociale sans précédent".

Chez EDF, "les exigences de rentabilité sur le court terme sont incompatibles avec un engagement d'investissement sur le nucléaire", détaille Mme Neumayer.

Le son de cloche est différent chez Nicolas Vincent, secrétaire général CGT de la centrale de Penly (Seine-Maritime), désignée mercredi pour accueillir un futur réacteur EPR. "La nouvelle est très bien perçue", a-t-il relayé. La centrale, âgée de 30 ans, "pouvait envisager une exploitation vers les 60 ans mais là, c'est vraiment prolongé", a-t-il salué, indiquant que le défi résidait désormais dans le besoin de main d'œuvre pour réaliser les travaux - entre 8 et 10.000 personnes selon M. Vincent.

"Le président de la République vient de donner l'impulsion qu'attendait une filière industrielle forte de plus de 220 000 salariés", a applaudi la CFE Energies dans un communiqué appelant le gouvernement à poursuivre ses efforts pour réformer le marché européen de l'électricité.

"Construire de nouveaux outils nucléaires est incontournable si on veut continuer la transition énergétique", a indiqué Dominique Bousquenaud, secrétaire général de la fédération chimie-énergie à la CFDT. Il a également appelé à "continuer le développement de l'ensemble des énergies décarbonnées" pour limiter la part du nucléaire dans la production d'électricité à "50%".

Chez SUD Energie, on se refuse à toute prise de position sur le bien-fondé du nucléaire ou non. Mais "il faudrait que ce soit un choix démocratique", par le biais d'un référendum, plaide Anne Debrégeas, porte-parole du syndicat. "Le choix du nucléaire ou non ne peut pas être basé sur un choix économique, c'est un choix politique", estime-t-elle. "Est-ce que les gens préfèrent le risque d'accident et des déchets nucléaires ou bien avoir plein d'éoliennes ou de panneaux solaires ?", interroge-t-elle. D'après Mme Debrégeas, "on a les moyens de mener ce débat grâce aux travaux de RTE" et d'autres, mais "le président s'assoit dessus alors qu'il y a un vrai enjeu à impliquer les gens dans ces choix".

Commentaires

Jean BLIN

Ce président qui annonce "en même temps" une relance du nucléaire par des EPR et un développement des renouvelables, attribuant 1 milliard d'€ à des SMR (petits réacteurs modulaires) et laissant filer 7 milliards d''€ aux ENR en 2022 (rapport Cour des Comptes 2018) tout en stoppant les études déjà bien avancées du CEA pour ASTRID, auquel l'Etat a consacré 650 millions d'€, innovation de la fission par un réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium, qui résout pour l'essentiel le problème des déchets radioactifs, Astrid lancé en 2006 et prévu en 2020 a vu sa taille réduite puis sa trajectoire stoppée par Macron en 2019. Astrid succédait aux réacteurs Rapsodie, Phénix et Super Phénix (abandonné par Chirac). Macron sait il ce qu'est une industrie qui se construit sur son historique et dans le long terme ? est-il donc un Chef d'Etat ? et comme disait l'autre encore fut t-il qu'il fut un Chef et qu'il y eut un Etat ....

G.B.

Macron sait il ce qu'est une industrie qui se construit sur son historique et dans le long terme ?
Tellement long qu'elle ne répond pas à l"urgence d'aujourd'hui qui, hélas.

Jean BLIN

L'urgence d'aujourd'hui ? Ben ouais qui y a urgence, pour Engie "green" ou Total énergie (sans S à énergie chez Total) pour nous faire croire qu'il ne font plus dans les fossiles qui font quand même et toujours 99 % de leur chiffre d'affaires et des dividendes qui s'ensuivent. Mais subventionnés comme le sont l'éolien et le photovoltaïque, on ne va pas se priver de super marges ! 62 % de la recette annuelle (les chiffres d'affaire) de l'éolien en Franc proviennent de subventions. Ah encore un qui croit qu'éolien et photovoltaïque sont indispensables à la lutte contre le réchauffement climatique, ce qui tout aussi crédible et sûr que les prévisions de tous les horoscopes parus chaque jour !

BERNARD MANDRON

La France était leader mondial dans le nucléaire et depuis prés de 30 ans, par incompétence et manque de vision de nos dirigeants préoccupés par une course aux voix nous avons régressé. Nous voila revenu au point de départ dicté par le bon sens à savoir l'électricité d'origine nucléaire est à l'heure actuelle la meilleure solution pour limiter les rejets de CO2 liés à cette activité. Comme toute solution technologique elle n'a pas que des avantages (comme la voiture pour la mobilité) mais tout développement humain n'est-il pas toujours un compromis bienfait/risque à moins que la France et les français ne décident de retourner vivre dans les cavernes.
En ce qui concerne l'absence de vision (ou de compétence ?)de ce Président, l'arrêt du programme Astrid en est l'illustration . Cette recherche poursuivie dans tous les grands pays (Chine USA Russie Japon Allemagne) était l'occasion de reprendre notre place sur ces technologies qui permettaient de régler en grande partie de problème des déchets ultimes. Pour satisfaire le lobby écolo les crédits ont été supprimés par le président annihilant 20 ans de travaux, on peut donc légitimement s'interroger sur les déclarations tonitruantes actuelles.
La production de l'énergie pour l'humanité a traversé les siècles et ceux qui l'ont fait progresser n'ont heureusement pas eu des clientèles électorales à satisfaire.

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