Le groupe Avril lance Oleo100, un carburant 100% huile de colza pour les camions français

  • AFP
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Du colza sous le capot: le groupe Avril, numéro un français des huiles de table qui fabrique aussi des biocarburants, a annoncé jeudi le lancement de ce qu'il présente comme le premier carburant français 100% végétal.

"Il s'agit de lancer la première énergie issue de l'agriculture française, puisque c'est une énergie 100% végétale, 100% renouvelable, 100% tracée et 100% française", a déclaré le directeur général, Jean-Philippe Puig, lors d'un entretien avec l'AFP.

L'Oleo100 représente une alternative aux biocarburants traditionnels, mais seulement pour les transporteurs routiers et les collectivités.

Le groupe se veut discret sur l'investissement "substantiel" consenti et sur le prix de vente, mais Kristell Guizouarn, responsable du projet au sein du groupe Avril, promet qu'il sera "compétitif par rapport au gazole et très compétitif par rapport au gaz et à l'électrique". Un argument porteur dans le contexte actuel de grogne sur les prix du carburant, même si l'Oleo 100 n'a pas vocation à être disponible à la pompe.

Il entre en effet dans la catégorie B100, autorisée par un arrêté publié le 7 avril dernier au Journal officiel pour une utilisation seulement "dans des flottes professionnelles disposant d'une logistique d'approvisionnement spécifique et de leurs propres capacités de stockage et de distribution".

Moins d'émissions

M. Puig annonce 60% de gaz à effet de serre en moins pour son carburant vert par rapport au gazole. "Quand on prend du végétal, on a un effet très, très net sur la diminution des gaz à effet de serre par rapport aux produits issus du pétrole", fait-il valoir.

Le constructeur le plus avancé est le suédois Scania: "95% de sa flotte est disponible en option B100" et "quasiment au même coût par rapport à une option gazole", a déclaré Mme Guizouarn.

Renault Trucks dispose également d'une gamme compatible avec ce type de carburant, ajoute-t-elle, précisant que tous les camions diesel sont susceptibles de rouler à l'aide de ce type de carburant, moyennant de menues modifications de la cartographie (gestion électronique, NDLR) du moteur et du filtre à carburant.

Ces ajustements représentent un coût de quelques centaines à 1 000 euros et sont pris en charge par Avril "pour pouvoir accélérer la transition vers Oleo100", ajoute Mme Guizouarn. "Nous allons, au-delà de la production de ce produit, aller directement le distribuer aux clients finaux", a annoncé M. Puig, qui évoque "un nouveau métier" pour le groupe Avril. "On va directement amener le produit dans leurs cuves, voire investir pour eux dans les lieux de stockage nécessaires à la distribution de ce produit".

Outre l'avantage en termes d'émissions de particules fines (80% en moins, selon Avril), M. Puig espère séduire les transporteurs cherchant une énergie renouvelable avec une "durée d'autonomie suffisante", que n'offre pas l'électrique, alors que le gaz "reste quand même une énergie qui est un peu chère et qui émet plus de gaz à effet de serre que le 100% végétal".

Nouveau débouché bienvenu

Pourquoi le colza ? "Le biodiesel de colza est celui qui a la tenue à froid la plus basse. Donc pour pouvoir aller sur du 100% biodiesel, il faut que ce soit du colza exclusivement ou très majoritairement et non pas de la palme ou du soja", a expliqué à l'AFP Dominique Daudruy, président de NordEster, un concurrent du groupe Avril.

NordEster fabrique des biocarburants principalement à base d'huile de friture et de graisses animales et n'envisage pas pour l'instant de commercialiser de carburant de type B100. Avril, de son côté, a lancé des tests avec un certain nombre de clients, et notamment la société de distribution de produits frais Transgourmet qui, depuis plus de six mois, fait tourner quelques-uns de ses camions avec cette énergie.

Objectif du groupe: faire rouler avec ce carburant, produit dans l'usine du groupe à Rouen, quelque 15 000 véhicules d'ici à 2023, parmi les quelque 533 000 camions de transport routier de marchandises et 94 000 autobus et autocars en circulation.

Pas de quoi valoriser l'ensemble du colza produit en France, mais "un nouveau débouché" bienvenu, alors que le biodiesel mélangé au gazole est très concurrencé par des produits d'importation, en particulier d'Argentine ou d'Indonésie.

Commentaires

Christophe Allain

Bonjour, je voudrais juste émettre une idée qui me semble intéressante concernant les cultures en France. Nous utilisons des surfaces pour produire des culture inutiles à mon sens tel que la mâche qui utilise beaucoup d'énergie et de pesticides pour obtenir peu de nourriture car une salade contient + de 90% d'eau ainsi que le muguet qui n'apporte rien pour nourrir la population, alors que nous avons besoin de carburant pour remplacer les énergies fossiles, remplaçons tout simplement toutes les cultures inutiles par des oléagineux pour l'huile végétales et de la betterave pour l'éthanol. C'est juste une question de volonté politique.

martin

Excellente initiative qui permet un carburant renouvelable, assure un revenu à nos agriculteurs, nous rend moins dépendant du soja américain pour les protéines, soutient une plante mellifère et nous évite d'importer du cobalt, du cuivre, du lithium et des batteries chinoises pour les véhicules électriques... et bizarrement ce gouvernement et l'Europe s'en foutent complètement....

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