- AFP
- parue le
La major américaine Chevron va racheter pour 5 milliards de dollars le producteur de pétrole et de gaz naturel Noble, première acquisition d'ampleur dans le secteur depuis les remous provoqués par la pandémie de Covid-19 et la chute des cours de l'or noir.
En prenant le contrôle de son concurrent basé à Houston, au Texas, Chevron accroît ses réserves prouvées de pétrole et de gaz naturel d'environ 18%, détaille un communiqué diffusé lundi. La transaction lui permet notamment d'augmenter sa présence aux États-Unis dans le bassin de Denver, principalement situé dans le Colorado, ainsi que dans le bassin permien, à cheval entre le Texas et le Nouveau-Mexique.
Elle lui donne aussi accès à de nouvelles opérations au Moyen-Orient et en Israël et en Guinée équatoriale.
Pour Jean-Baptiste Bouzard, spécialiste du secteur au cabinet WoodMac, la position de Noble en Israël en particulier "représente le joyau de la couronne de l'entreprise". Cela va apporter à Chevron "un nouveau secteur géographique clé qui va rééquilibrer son portefeuille vers le gaz naturel et lui fournir un tremplin pour capitaliser éventuellement sur d'autres projets dans la région", a-t-il souligné dans une note en mentionnant des projets en Egypte et à Chypre.
"Augmenter notre présence dans le bassin permien n'était pas nécessairement le but de cette transaction", a souligné le patron de Chevron Michael Wirth lors d'une conférence avec des analystes. La combinaison "des opportunités d'exploration attractives" de Chevron dans le bassin est-méditerranéen et "des actifs de production déjà importants" de Noble dans la région, va aider le groupe à "améliorer la diversité de son portefeuille et à réduire ses risques", a-t-il affirmé.
En fusionnant les deux entreprises, Chevron s'attend par ailleurs à économiser 300 millions de dollars sur ses coûts opérationnels.
Bon prix
Ce rachat intervient à un moment compliqué pour l'industrie de l'énergie, touchée de plein fouet par l'effondrement des cours du pétrole en mars et en avril, quand la pandémie de Covid-19 a drastiquement freiné les trajets en voiture et en avion et ainsi fait chuter la demande en brut. Le cours du WTI, le baril de référence à New York, s'est depuis un peu repris et évolue actuellement autour des 40 dollars le baril.
Mais plusieurs entreprises du secteur, en particulier les petits producteurs spécialisés dans l'exploitation du pétrole et gaz de schiste, n'ont pas tenu le choc et ont déposé le bilan, comme Whiting Petroleum en mars ou plus récemment Chesapeake Energy.
Selon le cabinet d'avocats texan Haynes & Boone, plus de 20 sociétés spécialisées dans la production de pétrole et de gaz naturel ont fait faillite depuis le début de l'année aux États-Unis. "Notre bilan comptable solide et notre discipline financière nous permettent d'acheter des actifs de qualité en ces temps difficiles", a commenté M. Wirth. "C'est une opportunité pour Chevron d'acquérir à bon prix des réserves et des ressources prouvées supplémentaires", a-t-il ajouté.
Selon l'entreprise, le rachat des réserves prouvées de pétrole et gaz naturel de Noble revient à moins de 5 dollars le baril. L'opération, en incluant la dette, valorise au total Noble à 13 milliards de dollars.
Chevron, qui a une capitalisation boursière de 163 milliards de dollars, avait déjà tenté de s'étendre de façon importante dans le bassin permien, où le coût de production du pétrole et gaz de schiste est particulièrement bas, via le rachat de Anadarko Petroleum au printemps 2019. Mais la major avait finalement renoncé à surenchérir sur une offre d'Occidental Petroleum.
