Plusieurs « faux » soudeurs repérés sur le chantier du réacteur nucléaire expérimental Iter

  • AFP
  • parue le

L'autorité de sûreté nucléaire (ASN) a été alertée sur la présence de plusieurs soudeurs faussement qualifiés sur le chantier du réacteur expérimental international Iter, à Cadarache, dans le sud de la France, a-t-on appris mardi auprès du gendarme du nucléaire en France.

Selon une lettre datée du 4 mai et publiée sur son site internet, l'ASN a été informée dès "courant mars de la détection de falsification de qualifications de soudeurs" au sein de ce site de recherche. C'est la direction d'Iter elle-même qui a porté à la connaissance de l'ASN "la découverte de falsifications dans les certificats de qualification concernant des soudeurs intervenant sur le chantier de construction", a indiqué à l'AFP l'ASN, confirmant des informations du Canard enchaîné à paraître mercredi.

Dans sa lettre du 4 mai, l'ASN demande à Iter Organization de "préciser l'étendue des falsifications mises en lumière et leur éventuel impact sur des activités portant sur des équipements importants pour la sûreté".

Selon les premiers éléments de cette analyse, sur Iter, "13 soudeurs disposaient de certificats falsifiés attestant de certaines qualifications spécifiques requises pour ces chantiers", a indiqué l'ASN. Néanmoins, "sous réserve des informations complémentaires attendues, il n'a pas été identifié d'impact direct tel qu'un défaut de compétence des intervenants ou une activité réalisée non conforme", précise l'ASN à l'AFP.

Seul précédent connu : la découverte en 2021 à l'usine de retraitement Orano de la Hague (Manche), de "trois soudeurs non qualifiés", a rappelé l'ASN. Mais ils ont été "qualifiés ensuite par Orano à l'école de soudage de Cherbourg et ont réussi leurs épreuves, donc ils avaient les compétences, mais pas les documents en attestant", a précisé l'autorité de sûreté.

Avec cette affaire, l'ASN insiste sur "l'importance, pour les exploitants, de réaliser de manière rigoureuse leurs activités de surveillance des intervenants et de contrôle technique des chantiers réalisés".

De son côté, "Iter a pris des mesures immédiates non seulement pour écarter ce prestataire en particulier, mais également pour disqualifier toutes les soudures effectuées par ces personnes et pour procéder à une évaluation complète de toutes les certifications de soudage, à l'échelle du site", a expliqué à l'AFP Laban Coblentz, responsable de la communication du site.

Selon l'ASN, "le risque d'irrégularité peut être aggravé par le contexte actuel de très fortes tensions sur les métiers du soudage, qui amènent les entreprises prestataires et leurs salariés à faire face à une très forte demande, et les donneurs d'ordre à aller chercher des professionnels au-delà de leurs partenaires habituels".

Ces pénuries de main-d'œuvre tombent mal au moment où le pays s'apprête à relancer le nucléaire et où EDF mène un vaste programme de vérification et de réparation de soudures à risques de fissures sur des tuyauteries d'urgence.

Projet colossal qui vise à révolutionner la production d'énergie, avec moins de déchets radioactifs et sans risque d'accident nucléaire, le réacteur de fusion nucléaire Iter fait face à des aléas de construction qui pourraient occasionner un retard de plusieurs années.

Commentaires

Esperluette

Iter, un projet qui coûte une somme d'argent colossale, pour peut-être créer un jour de l'électricité pendant une très courte durée. Si en plus des margoulins interviennent sur le chantier...
Il est plus que temps que la France sorte de l'âge du nucléaire, énergie hélas incapable de répondre aux enjeux actuels.

Esperluette

Lutter efficacement, rapidement, à moindre risque et de manière durable et pas trop onéreuse, contre la destruction du vivant et le chaos climatique commencé.

Denis Margot

Et en dehors du nucléaire, qui coche pourtant pas mal de cases de votre liste, c’est quoi votre solution ?

Esperluette

Le nucléaire, qui coche pas mal de cases ? Pas franchement, non. Les décideurs oublient ou plutôt mettent volontairement de côté trop les questions comme par ex le crash d’avion lancé volontairement qui viendrait briser l’enceinte et faire fondre le cœur d’un réacteur, le terrorisme ou une prise d’otage à l’intérieur d’une centrale, le vol de matières radioactives, une guerre de haute intensité dans un pays doté de centrales nucléaires, une baisse drastique du niveau d’une rivière lors d’une « super sécheresse » ou le dépassement des bornes de fonctionnement d’un réacteur qui empêcheraient de le refroidir. Par ailleurs, les réserves d'uranium s'épuisent et l'extrême lenteur de mise en service des EPR ne répond donc pas à l'urgence climatique. Enfin le coût élevé et de plus en plus cher de la filière nucléaire, depuis 2020, il est déjà moins cher de produire dans le monde de l’électricité par du photovoltaïque, de l’éolien terrestre et marin, que par le nucléaire, et l'écart ne fait que s'accentuer.

Denis Margot

On ne peut pas faire grand-chose contre le dogmatisme, mais pour reprendre quelques points :
1. Crash d’un avion : c’est un pur fantasme. Lorsque les B767 bourrés de kérosène ont été précipités contre les tours du WTC, les tours ont tenu. Elles ont ensuite été détruites par le chalumeau, pas par le choc. Et une tour est beaucoup moins solide qu’un réacteur (10 à 20 cm d’acier + 5 ou 10 m de béton sur une structure autoportante -> un réacteur ne peut pas s’écraser par son propre poids, contrairement à une tour). Un réacteur est construit pour résister à un tel choc (paraît-il). Du reste, quitte à faire des dégâts, il est bien plus efficace de faire écraser l’avion sur une ville, c’est d’ailleurs ce qui a été fait le 11 sept. Les centrales sont construites dans des zones peu habitées.
2. Prise d’otages : Et ? Vous prenez l’ensemble du personnel en otage, et puis ? Vous menacez la centrale de se faire harakiri sinon vous exécutez le personnel ? Allons, allons, vous regardez trop la télé.
3. Vol de matières radioactives : pas besoin des centrales pour ça, le nucléaire militaire suffit. Ces matières sont extrêmement bien suivies en France, je n’ai pas eu connaissance de cas de vol, mais peut-être avez-vous de meilleures informations ?
4. Guerre de haute intensité : si vous avez une solution pour supprimer l’arsenal nucléaire (surtout russe), allez-y donc, vous serez un héros. Si vous pensez que cette solution passe par la suppression du nucléaire civil, vous êtes dans l’erreur. Et s’il prend à l’homo sapiens l’idée folle d’utiliser l’arme atomique, rendez-vous chez St-Pierre, si vous y croyez, centrales ou pas centrales.
5. Sécheresse : l’impact de la sécheresse 2022 sur la production nucléaire a été estimé à moins de 0,5 % (https://www.sfen.org/rgn/canicule-les-reacteurs-nucleaires-sadaptent-au… ). La sécheresse n’a aucun impact sur la sécurité d’un réacteur, juste sur la production électrique. Et en été, la demande en électricité chute et la production solaire monte, ce qui relativise l’effet. L’impact est donc négligeable. L’eau du fleuve dans ce contexte est utilisée pour échanger l’énergie, pas pour sécuriser le refroidissement du réacteur, il y a d’autres systèmes pour ça.
6. Uranium : il n’y a pas de stress aujourd’hui sur l’approvisionnement, surtout que les khmers verts font tout pour que le prix reste bas, et le prix de l’U ne représente que quelques % du prix de l’électricité. Mais c’est un bon point, l’U est rare et pas inépuisable. C’est pour ça que la filière RNR est intéressante car elle valoriserait l’U238 qui donnerait en France quelques millénaires de production.
7. EPR : le caillou dans la chaussure. En voie d’être résolu, mais c’est incontestablement un point négatif.
8. Coûts : le sparadrap des ENRi. D’abord, l’électricité d’un moyen non pilotable n’a pas la même valeur que l’électricité d’un moyen pilotable. Ensuite, foin de théorie, allons à la pratique : comparez le prix de l’électricité en Europe et vous voyez au sommet tous les pays qui ont massivement investi dans les ENRi : Allemagne, Danemark, Belgique, Espagne, Italie, GB. La France est bien mieux positionnée, malgré l’incommensurable bêtise de l’ARENH et d’importants investissements dans les ENRi qui sont venus plomber les tarifs d’EDF. Ensuite, regardez les épisodes de prix négatifs, ils interviennent lorsque le vent souffle fort et que personne n’a besoin d’électricité, pas facile de rentabiliser les ENRi dans ces conditions.
9. GES : j’ajoute ce point parce que c’est important et que vous l’avez oublié. Tenez, en ce moment, l’Allemagne n’est que 630% pire que la France, bon score, ils flirtent souvent avec 1000%, surtout depuis qu’ils ont débranché leurs derniers réacteurs.

Esperluette

Les tours du World Trade Center n’étaient pas un fantasme. Ne négligeons pas le risque de crash d’un avion. Les réacteurs nucléaires ne satisfont plus aux nouvelles normes de sécurité fixées par les régulateurs européens. https://www.lesoir.be/308590/article/2020-06-21/crash-davion-les-centra…

Sur le vol de matières radioactives, en plus du nucléaire militaire, le nucléaire civil démultiplie le risque que des personnes mal intentionnées s’emparent de matières radioactives. Je n’ai pas eu connaissance de ce type de vol mais on vit dans un monde où ce qui semble impossible un jour devient bien réel le lendemain (confinement, guerre en Ukraine…)

Le risque avec une guerre de haute intensité en France est que les centrales soient prises pour cible avec la dispersion de la radioactivité. Vous me direz que vu le nb de centrales en France et leur situation, l’avantage c’est qu’on peut viser une répartition équitable…

La sécheresse a un impact sur la production d’électricité nucléaire donc miser surtout sur le nucléaire n’est pas une solution sérieuse. Je pense plus humblement qu’on n’est pas prêts en cas de forte canicule.

D’après l’agence internationale de l’énergie atomique et l’agence de l’énergie nucléaire, les réserves d’uranium représentent entre 80 et 140 ans de production nucléaire estimée d’ici 2040 selon les scénarios, et non pas assez pour faire fonctionner le parc actuel plusieurs centaines d’années. Le tout pour 4% de l’énergie primaire et 10% de la production d’électricité mondiale (une part qui diminue depuis 2010, ne l’oublions pas). Soyons clairs : le nucléaire « classique » (dont les EPR font partie) ne va pas résoudre notre problème : les ressources en uranium sont insuffisantes. C’est aussi très, très lent à mettre en œuvre : avec 5 ans de conception et au moins 9 ans de construction, les premiers EPR de deuxième génération ne seraient pas attendus avant… presque 2040. Les technologies ne sont ni disponibles ni prêtes à être mises en œuvre. Le temps de déploiement d’une technologie relativement simple comme l’EPR, doit nous inciter à la modestie ! Il ne suffit pas de déclarer une solution « possible » pour qu’elle le soit en réalité. Comme on dit, « les faits sont têtus ».

Depuis 2010, les exigences de sécurité et de sûreté ont et vont continuer à faire plus que doubler le prix du Kwh nucléaire d’ici à 2030, qui a déjà augmenté de 28% entre 2009 et 2019.
Le nouveau nucléaire (en gros les EPR) est donc coûteux par rapport aux énergies renouvelables, et ce MEME EN AJOUTANT LES CONTRAINTES DE LA GESTION DE L’INTERMITTENCE DES ENR.
Et en plus, ces coûts ne sont pas maîtrisés, faut-il rappeler que :
- Le coût de l’EPR de Flamanville est passé de 3,3 à 19,1 milliards d’euros une fois intégré le coût du financement.
- Le vrai coût des EPR de deuxième génération en cours de discussion reste hyper incertain. Flamanville en est à 8100 € pour chaque Kw de puissance construite, l’EPR de Sizewell C à 7400 €, alors qu’on ne peut plus parler de têtes de série. Faut-il croire l’optimiste EDF dans ses estimations futures ?
- Personne ne sait estimer les véritables coûts du futur démantèlement des réacteurs existants (ni parfois comment le faire), ce qui est une vraie bombe au-dessus de la tête d’EDF.
- Et ne parlons pas des coûts du déploiement d’un futur programme de réacteurs à sels fondus.
Tout ça fait que les partisans du nucléaire voient comme seule solution la nationalisation, pour échapper aux « forces néfastes du marché ». Mais même dans ce cas, comment trouverait-on les énormes financements nécessaires ?

Je ne sais pas vous, mais si j’étais banquier, je serais aussi un peu inquiet de financer des centrales dans cette incertitude. En comparaison, les coûts de l’éolien (LCOE) ont baissé de 70% entre 2009 et 2019, ceux du solaire de 89% (99% pour les seules cellules !) quand ceux du nucléaire augmentaient de 26%. Les batteries quant à elles passeront bientôt sous les 50 € par MWh. Selon une autre source (Lazard), l’éolien revient en 2021 entre 26 et 50 $ par MWh, le photovoltaïque « industriel » entre 30 à 41 $/MWh, le nucléaire… entre 131 et 204 $/MWh. Et n’oublions pas que cela va avoir tendance à encore baisser pour les renouvelables, pendant que ça monte pour le nucléaire.

La Chine met en service, chaque année, uniquement en photovoltaïque, plus que l’ensemble de la puissance nucléaire installée en France en 30 ans. Les coûts de l’éolien et du solaire ont été divisés par 10 en dix ans, ceux des batteries par 6. L’Europe et le monde lancent la révolution de l’hydrogène et du stockage. Nos voisins européens développent aussi, à un rythme incroyable, les énergies renouvelables, tout en maintenant pour beaucoup d’entre eux leur choix de sortie du nucléaire. Le GIEC ne voit clairement pas dans le nucléaire une solution à hauteur des enjeux.
Mais quelle est donc la raison de cette exception nationale et de cette bizarrerie démocratique ? Sommes-nous différents des autres, ou simplement guidés par des données et un « logiciel » obsolètes ?

Denis Margot

@Esperluette. Essayons d’être factuels et concis :
1. Crash : si Le Soir le dit (mais il ne dit rien sur les centrales françaises)… Quant aux tours, elles ne se sont pas écroulées (pas à cause du choc), et un réacteur c’est structurellement plus costaud qu’une tour.
2. Otages : ce point a disparu, c’est déjà ça.
3. Vol : vous pouvez aussi égarer un petit virus, genre ce qui est arrivé avec le fournisseur de 90% des PPV et 60% des É de la planète. Ça fait beaucoup, beaucoup plus de dégâts qu’un vol de matières radioactives.
4. Guerre : je vous rassure, dans une hypothétique « guerre de haute intensité », la destruction des centrales serait anecdotique à côté de la destruction du pays et de ses habitants.
5. Sécheresse : vous n’avez pas bien lu. La sécheresse 2022 a occasionné une baisse de production inférieure à 0,5 % sur le nucléaire (et ce n’est pas propre au N, c’est propre aux centrales thermiques). Et on ne mise pas sur le tout nucléaire, mais sur un mix N, hydro, ENRi, gaz. Sachez aussi que lorsque la T augmente, les panneaux solaires ont aussi une baisse de rendement.
6. U : une centaine d’année, ça permet de voir venir, c’est beaucoup plus que le pétrole et le gaz. Et c’est pour ça que les réacteurs 4G sont importants. Les capacités du N sont multipliées par 100. Et si vos chiffres sont vrais au niveau mondial (je vous en laisse la paternité), ils ne le sont pas en France.
7. EPR : « une technologie relativement simple comme l’EPR… » Si vous le dites… C’est vrai que comparé à une éolienne, l’EPR et un jeu de légo. Et pour les délais, le N est long à déployer, mais il dure pas mal plus longtemps qu’un champ d’É ou de PPV. Et les délais de déploiement des ENRi ne sont pas si éloignés de la construction d’un réacteur N.
8. Coûts : Vous comparez des choux et des bananes. L’électricité pilotable et non pilotable n’ont pas la même valeur. Voyez plutôt la réalité TERRAIN et reprenez mon point 8 ci-dessus, c’est factuel et il est clair que les ENRi sont plus coûteuses que le N. Quant au démantèlement, non seulement on sait faire, mais ce n’est pas si coûteux (0,5 G€), beaucoup moins que la construction (5 à 10%), et c’est intégré dans le cycle du N.
9. GES : vous avez encore oublié ce point. Cerise sur le gâteau, non seulement le N produit une électricité meilleur marché, mais elle est aussi incomparablement plus décarbonée. Voyez electricity.map. Et ça va devenir un avantage compétitif majeur lorsque le marché carbone l’intègrera (c’est déjà en cours).

Esperluette

@ Denis Margot

Tout va bien dans le meilleur de votre monde, les risques sont des fantasmes ou ne prêtent pas à conséquence. La foi en le progrès technologique parachève votre vision du monde de fuite en avant.

Mais soyons sérieux 2 secondes svp, pour ne parler que des impacts des sécheresses, des études plus récentes, indépendantes, complètes et anticipatrices que celle de la sfen sont disponibles aujourd’hui. Tenez par ex cet article de CDE y fait référence : https://www.connaissancedesenergies.org/tribune-actualite-energies/sech…
Nous sommes très loin de vos 0,5%. Incantation quand tu nous tiens…

Sur les questions du coût, je sens votre argumentation fébrile. Connaissez-vous Behrang Shirizadeh ? C’est un jeune chercheur dont le doctorat et les premiers articles sont sortis à point en 2020, avec un vrai effort de vulgarisation de sa part et de son laboratoire de recherche (https://www.theses.fr/2021EHES0013)
Pendant 3 ans (c’est long un doctorat !), au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement, Behrang a réfléchi aux différentes méthodes pour atteindre un système énergétique neutre en carbone en 2050, en construisant des modèles informatiques permettant de simuler notre beau pays.
Une fois qu’on a compris ce qu’étaient vraiment les énergies intermittentes (variables) et pilotables, il faut aussi comprendre que « les gens sérieux » (par exemple l’Ademe, RTE, ou Behrang et ses copains du CNRS) ne comparent pas ces moyens deux à deux (« En France, si on n’utilisait que l’éolien et le solaire pour produire de l’électricité, il faudrait X tonnes de batteries », ou « il faudrait une éolienne tous les km² »), ce qui donne bien évidemment des résultats absurdes.
Non, ils mettent en musique dans des « modèles », c’est-à-dire des représentations du monde rigoureuses utilisant des équations mathématiques, l’ENSEMBLE de ces modes, en faisant varier les hypothèses, et en introduisant du progrès technique. Les éoliennes sont de plus en plus grandes et efficaces, les panneaux solaires ont des rendements croissants, les batteries des prix en chute libre. Dans ces modèles les différentes sources d’énergie se complètent et se compensent, ce qui change tout ! Et ils nous disent TOUS, que techniquement il n’y a aucun problème à faire fonctionner la France, que l’intermittence se résout par différentes combinaisons (centrales hydrauliques, biomasse, méthanation, stockage, effacement, importations d’énergies, gestion de la demande…), et que cela ne coûte pas si cher que ça… En gros, le besoin en moyens de flexibilité) ne représentent « à tout casser » dans les études très officielles de RTE qu’un petit tiers de la puissance installée. Behrang nous montre que la gestion de l’intermittence des renouvelables n’impacte le coût de l’électricité en moyenne que de 15%, même en sous-estimant volontairement certaines données (pas d’importation, pas d’effacement dans son modèle, et une sous-estimation fortement probable du potentiel de baisse des coûts des éoliennes, du solaire et des batteries…).

En comparaison, voir plus haut les raisons des coûts élevés et en augmentation du nucléaire dans mon commentaire du 05 juin. A l’échelle mondiale, le N ne fait pas le poids face à l’énorme croissance des ENR, les autres pays sont-ils des imbéciles ?
Alors, le nucléaire peut-il nous aider ? En prolongeant un peu les réacteurs existants, peut-être, mais certainement pas en en construisant de nouveaux… Il est beaucoup, beaucoup plus efficace, facile, économique et sans risque d’investir dans un mix d’énergies renouvelables intermittentes et non intermittentes (biomasse, méthanation, méthanisation, hydrogène, ammoniac de synthèse…) et dans des capacités de stockage et de maîtrise de la demande.
La rapidité de ce qui se passe chez nos voisins, en Grande-Bretagne, ou en Allemagne, et presque partout ailleurs devrait nous en convaincre, globalement, les renouvelables ont représenté en 2021 plus de 80% des nouvelles capacités électriques.
Comme il y a 10 ans on a perdu notre temps avec Claude Allègre et les climato-sceptiques, on aimerait ne pas en perdre aujourd’hui avec le nucléaire !
Quand on doit sauver le climat maintenant, on ne réfléchit pas à une hypothétique et lointaine solution à base de surgénérateurs nucléaires de 4ème génération : on prend ce que l’on a tout de suite sur l’étagère et qui marche. Et devinez ce que c’est ? De gros moulins à vent, du solaire, combinés à plein d’autres solutions ! Et devinez quoi ? Tout le monde semble l’avoir compris sauf les Français !

Puisque vous évoquiez l’Allemagne, les contre-vérités sont si nombreuses au sujet de nos voisins d’outre Rhin que je ne peux que prendre encore quelques dernières minutes pour répondre. Ces dernières années, nos acteurs français de l’énergie (nucléaire) agitent comme contre-exemple l’Allemagne, où le charbon persiste dans un mix électrique encore très intensif en carbone. Et évidemment, la guerre en Ukraine a permis de montrer que la dépendance de l’Allemagne au gaz russe était aussi un mauvais choix du pays. C’est très injuste !!! Essayons de rappeler ce qui se passe vraiment en Allemagne, et ce qu’est l’Energiewende, la grande transition énergétique qui s’est accélérée après la catastrophe de Fukushima.
- Jusque dans les années 2000, l’électricité allemande c’était en gros 50% de charbon, 30% de nucléaire et 20% de gaz.
- L’Allemagne a pris autour de 2010 une double décision, hyper ambitieuse pour un si grand pays : décarboner totalement son système énergétique, ET sortir du nucléaire dès 2022.
- Et l’Allemagne est en train d’y arriver !!! La part du renouvelable est passée de 16% à 40% entre 2010 et 2021, et déjà 52% en incluant les autres sources bas carbone. La part du nucléaire est passée à moins de 5% en 2021. Les énergies fossiles sont, elles, passées de 60% à 47%. Ce rythme de transition est impressionnant, presque incroyable. Il demande une volonté, une mobilisation de toutes les ressources, et de la suite dans les idées.
Et ce n’est pas fini : l’objectif affiché de la coalition au pouvoir est de dépasser… 80% d’ENR dans la production d’électricité en 2030.
Pour résumer, le charbon ou le gaz ne sont pas là A CAUSE des ENR, c’est juste parce que ça prend du temps de s’en débarrasser !! Travestir ainsi la réalité ne tiendra pas longtemps.

Et les autres ? Il y a encore mieux ! En 2020, le Danemark a dépassé la barre des 80% d’énergies renouvelables ! Encore un investissement dans un parc éolien offshore, un développement du « Power to X » (power to gas pour pallier l’intermittence, power to fuel…), et les 100% sont jugés atteignables (https://cphpost.dk/2020-12-25/news/denmarks-electricity-has-never-been-…).

Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Denis Margot

Fuite en avant, c’est vous qui le dites, mais pour ce que vous racontez, et en étant concis :
1. Sécheresse : le 0,5% ne vient pas de moi, mais de la SFEN, des gens sérieux quand on parle de N. Et contrairement à ce que vous dites, le lien cité ne contredit pas ce chiffre. Une baisse annuelle de 4% sur Bugey ou 3% à St-Alban est compensée par 0% sur les centrales en bord de mer ou d’autres non affectées. (4% x Bugey + 3%x St-Alban + 0% x [Gravelines + Penly + ...] = 0,5 %, tout ça est crédible. Et cette baisse de production affecte aussi les PPV qui ont une baisse de rendement lorsqu’il fait trop chaud.
2. Coûts : je ne connais pas ce Monsieur et je vous encourage à ne pas mettre tous vos œufs dans le panier des modèles mathématiques. Vous voulez démontrer que les ENRi sont moins onéreuses que le N et je suis sûr vous y arriverez. Je vous oppose alors, non pas une théorie, mais la réalité des faits tels qu’observés en Europe : les pays qui ont massivement investi dans les ENRi figurent tous en haut du palmarès des prix de l’électricité. TOUS (et souvent, aussi, en haut de la liste des plus mauvais bilans carbone, pas de chance).
3. Poids du N : il est patent que les ENRi croissent plus vite que le N, puisque les investissements y sont beaucoup plus importants, la belle affaire. Il ne vous a pas échappé, j’en suis sûr, que la situation française était légèrement différente du monde. Je ne sais pas si les autres pays sont des imbéciles, mais ce que je sais, c’est qu’au niveau des émissions GES, le modèle français, pour une fois, est excellent. Et devant l’emballement des phénomènes climatiques et du prix croissant de la t de GES, ceci va valoir son pesant d’or (à condition que certains Français ne viennent pas s’ingénier à torpiller cet avantage, et sur ce point, entre imbécilité et masochisme, j’ai du mal à choisir).
4. Sceptiques : personnellement, j’aimerais enfin qu’on ne perde plus de temps avec les désinformateurs qui ont fait beaucoup de dégâts, il n’est plus temps de tergiverser. Mais je suis un doux rêveur.
5. Surgénérateurs : c’est tellement lointain que la France en a connu plusieurs, dont Superphénix (qui a été arrêté par les écolos et leurs amis) et Phénix (qui a fonctionné pendant 30 ans). La vérité est que ces machines déplaisent beaucoup aux écolos parce qu’elles résolvent en partie la crise énergétique et qu’elles réduisent aussi la quantité de déchets. Inacceptable pour cette engeance, allez comprendre…
6. Allemagne : une énigme. Une énigme que de voir tous les adorateurs des ENRi, dont vous-mêmes, s’extasier sur les faibles progrès de l’Allemagne sur leur exécrable bilan environnemental et s’acharner sur l’excellence du modèle français. Votre admiration pour l’hyper ambition de l’Allemagne est désarmante. Le pire bilan carbone en Europe et un des pire au monde, mais vous pleurez d’admiration. WAOW, chapeau, vous avez la foi du charbonnier !
7. Danemark : l’électricité la plus chère d’Europe, un bilan carbone médiocre, une population faible et une situation géographique privilégiée avec une grande surface maritime et des voisins capables de leur fournir de l’électricité en cas de besoin. Béat d’admiration.
8. 100% : c’est tout le problème, l’objectif n’est pas d’atteindre à tout prix le 100% renouvelable (qui d’ailleurs, ne le sera jamais), mais de se rapprocher d’un modèle énergétique DÉCARBONÉ. DÉCARBONATION, c’est ceci qui nous sauvera (peut-être), et ce devrait être l’unique objectif.

Nul n’est prophète en son pays.

Daphné

Il faut absolument étendre la formation de soudeurs, de chaudronniers, d'ajusteurs -tourneurs etc. chez les compagnons , quitte à donner des bourses de perfectionnement à l'étranger et créer un terrain de stages finaux sur les chantiers. C'est vital pour notre industrie; à recruter très jeunes, sans bac pour éviter les déperditions ruineuses de l'enseignement général prolongé jusqu'à 18 ans. Il y a beaucoup de jeunes qui n'aiment pas l'école, ratent leur bac ou quittent l'école par dégoût, sans aucune formation alors qu'ils auraient pu exceller dans des professions manuelles recherchées et gratifiantes. Ceux qu'on retrouve traînant dans les rues leur désespérance conduisant à la violence. Un jeune a toujours besoin de valorisation.

Antoine Jantzen

Daphné,

Excellent commentaire, je suis entièrement d'accord avec vous. Mais je crois que les métiers manuels
commencent à être mieux perçus qu'il y a trente ans, lorsque tous les parents ne considéraient le cursus
de leurs enfants que selon la voie bac général + études supérieures. Il y a eu du mal de fait avec ce dogme.
Il faut maintenant rattraper le temps perdu et effectivement valoriser ces métiers manuels qui sont aussi
des métiers intellectuels dans le sens où il faut vraiment faire marcher son cerveau pour réaliser avec ses mains
ce que l'on a en tête (ou ce que d'autres ont en tête), quoi qu'en pense les intellos purs et durs.

Bonne journée.

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