Pour Vilnius, l'accord sur le gazoduc Nord Stream 2 est une "erreur"

  • AFP
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La Lituanie a qualifié jeudi d'"erreur" l'accord entre Washington et Berlin sur le gazoduc controversé Nord Stream 2, estimant qu'il était encore temps d'obtenir des concessions de Moscou.

L'Etat balte, comme les Etats-Unis et plusieurs pays européens, est fortement opposé à ce gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne, prévu pour doubler l'approvisionnement en gaz russe du réseau allemand.

Cette infrastructure à 10 milliards d'euros, quasiment achevée, a longtemps été un point d'achoppement entre les Etats-Unis et l'Allemagne. Mais l'accord annoncé mercredi entre les deux pays veut tirer un trait sur cette dispute.

L'accord fait planer la menace de nouvelles sanctions contre Moscou en cas de dérapage dans l'utilisation de ce projet, et s'engage à tenter de compenser les pertes pour l'Ukraine.

Car en livrant le gaz par la mer Baltique et non plus par l'Ukraine, Nord Stream 2 menace de priver Kiev d'une partie des revenus perçus sur le transit du gaz, essentiels pour le pays, mais aussi d'un moyen de pression sur Moscou contre une éventuelle agression russe dans la région.

"Je pense qu'il s'agit d'une erreur, et que cette erreur va coûter cher", a déclaré à la presse Gabrielius Landsbergis, le ministre lituanien des Affaires étrangères.

Pour M. Landsbergis, le gazoduc est une "victoire majeure" pour le Président russe Vladimir Poutine, qui "devra payer le prix fort pour cette victoire".

Selon lui, il est encore possible pour les occidentaux d'obtenir des concessions de la Russie avant la mise en service du gazoduc, en l'utilisant par exemple comme moyen de pression pour obtenir le retrait des troupes russes d'Ukraine.

"C'est un moyen de pression important, et nous avons l'opportunité d'utiliser ce moyen de manière positive. Si cela n'est pas fait, ce sera une défaite", a ajouté M. Landsbergis.

L'Allemagne a déclaré vouloir utiliser ce levier pour convaincre la Russie de prolonger l'accord actuel de transit du gaz par l'Ukraine, qui doit expirer fin 2024, et doper les investissements en énergies vertes pour l'Ukraine.

Mais pour M. Landsbergis, les accords entre la Russie et l'Ukraine pourraient n'être que le cadet des soucis de Moscou après la mise en service de Nord Stream 2.

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