Pré-COP28 : la France et le Bangladesh chargés de relancer les négociations sur les « pertes et dommages »

  • AFP
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Après l'échec de la dernière réunion sur le fonds pour compenser les "pertes et dommages" des nations du Sud vulnérables face au changement climatique, la France et le Bangladesh ont été chargés de lancer "une nouvelle tentative" pour dénouer cet "enjeu crucial" de la COP28.

Un accord de principe avait été trouvé l'an dernier à la COP27 en Egypte sur la création de ce fonds, mais restait à en définir sa forme, son siège, ses bénéficiaires et ses contributeurs avant la COP28 à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre.

Les dernières négociations ont échoué fin octobre à Assouan (Egypte) mais une "réunion de la dernière chance" aura lieu à Abou Dhabi du 3 au 5 novembre, après la pré-COP qui réunit une quarantaine de ministres des pays "les plus actifs sur le climat", a indiqué vendredi à la presse le cabinet de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, qui se rendra aux Émirats lundi et mardi.

La réunion d'Assouan a permis "de se rapprocher d'un accord, mais il s'agit de faire une nouvelle tentative", précise le cabinet, reconnaissant des clivages Nord-Sud persistants. La France coprésidera avec le Bangladesh, à la demande de la présidence émiratie, une session plénière dédiée à ce sujet mardi, à huis clos.

Les objectifs de la France sont la concentration du fonds sur les pays les plus vulnérables, l'élargissement des sources de financement à "tous les pays qui en ont les moyens", et donc potentiellement la Chine, et la recherche de "sources innovantes" de financement parmi les secteurs qui contribuent le plus au changement climatique, selon le ministère.

Objectifs « atteignables » ?

"Pourquoi est-ce que les États du Golfe, qui ont tellement bénéficié de la hausse des prix de l'énergie, ne prendraient pas aussi leur juste part, comme producteur d'hydrocarbures ? Ils ont aussi peut-être leur part de responsabilité", affirme-t-on au ministère.

Les discussions sur la mise en œuvre de ce fonds, un impératif pour les pays en développement dans les négociations climat, ont notamment bloqué sur la volonté des pays riches de le localiser au sein de la Banque mondiale - celle-ci est accusée d'être aux mains des Occidentaux - plutôt que dans une structure indépendante nouvelle, mais longue à mettre en place et complexe à alimenter en argent frais.

La ministre rencontrera d'ailleurs son homologue d'Arabie saoudite, premier exportateur de brut et "pays important pour faire avancer les négociations". Cette pré-COP28 intervient dans un contexte où "les négociations n'ont pas assez progressé cette année" et où la trajectoire de l'accord de Paris (limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels) n'est pas respectée, indique le ministère. La France portera à la pré-COP puis à la COP la "sortie progressive des énergies fossiles" et "un engagement à atteindre le pic des émissions mondiales d'ici 2025". Un objectif "difficile" mais qui enverrait "un signal considérable au marché".

L'Union européenne, qui mène les négociations pour les pays membres, s'est entendue mi-octobre sur un langage un peu plus prudent et défendra l'élimination des combustibles fossiles brûlés sans captage du CO2, avec un pic de leur consommation mondiale "cette décennie".

Les objectifs européens de tripler le déploiement des renouvelables et de doubler l'efficacité énergétique d'ici 2030 sont plus "atteignables à la COP28", a ajouté le ministère.

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