Prolongations nocturnes à la COP28 pour sceller un compromis sur les fossiles

  • AFP
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Les tractations de la COP28 se poursuivent de nuit mercredi à Dubaï dans l'attente d'un nouveau projet d'accord par la présidence émiratie, désireuse de parvenir à un consensus inédit sur les énergies fossiles dont l'Arabie saoudite et ses alliés exportateurs de pétrole refusent d'acter la sortie.

La conférence climatique des Nations unies, qui devait officiellement se clore à 18H00 (14H00 GMT), a vu le parc des Expositions de Dubaï se vider peu avant minuit pendant que la présidence émiratie continuait ses consultations, lançant une première quasi-nuit blanche pour nombre de négociateurs.

Objectif ? Publier un texte de compromis à l'aube et convoquer à 9H30 (5h30 GMT) une séance plénière pour espérer l'entériner, selon un porte-parole de la présidence.

Le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, s'évertue à sauver une COP qu'il avait annoncée comme "un tournant", à même de préserver l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris: limiter l'élévation de la température mondiale à 1,5°C.

Son premier projet de texte, lundi, a suscité un tollé, faute d'appeler à la "sortie" du pétrole, du gaz et du charbon qui sont la première cause du réchauffement de la planète, actuellement mesuré à +1,2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

Consultant tous azimuts et contraint de prolonger les débats un 14e jour, celui qui est aussi le patron de la compagnie pétrogazière émiratie doit maintenant produire un texte à même de faire consensus.

"Nous progressons", a déclaré mardi soir John Kerry, l'émissaire américain pour le climat, en se dirigeant vers une énième concertation. "De bon progrès" sont faits, a abondé le ministre australien du Climat Chris Bowen.

"Nous attendons de voir un texte pour réagir", a déclaré le ministre samoan Cedric Schuster, qui préside l'alliance des petits Etats insulaires (Aosis), très menacés par la montée des eaux.

- "Transition hors des énergies fossiles" -

Mardi soir, la fuite d'un brouillon, non officiel selon l'ONU Climat et la présidence, alimentait les conversations des délégués et des observateurs.

La mention d'une "sortie" des énergies fossiles, réclamée par environ 130 pays (Union européenne, Etats insulaires, Etats-Unis, Brésil,...), n'avait pas fait son retour.

Le document liste les actions que les pays "devraient " entreprendre, incluant une nouvelle option, celle d'une "transition hors des énergies fossiles (...) débutant dès cette décennie".

Si une telle formulation, très discutée, était adoptée, ce serait la première fois que le sort de toutes les énergies fossiles serait traité dans une décision de conférence climatique des Nations unies. Seule la "réduction" du charbon avait été actée à la COP26 à Glasgow.

Une reconnaissance du rôle joué par des "énergies de transition", allusion au gaz, pour assurer la "sécurité énergétique" des pays en développement, où près de 800 millions de personnes manquent d'accès à l'électricité, est aussi évoquée dans ce brouillon.

- "Super-majorité" -

Ces formulations, très critiquées par les écologistes et les scientifiques, suffiront-elles à emporter l'adhésion des quelque 130 pays qui réclament un signal fort pour ralentir le réchauffement mondial dès cette décennie ?

Face à eux, l'Arabie saoudite, le Koweït ou l'Irak sont sur une ligne dure, refusant tout accord s'attaquant aux énergies fossiles qui font leur richesse.

Dans la nuit de mardi à mercredi, le Brésil, une coalition de pays d'Amérique latine, le Mexique, la Suisse et la Corée du Sud doivent successivement fermer la marche des consultations nocturnes de la présidence émiratie.

Dans la pénombre, les délégués encore debout traversent le site, documents sous le bras, au milieu des centaines d'employés qui démontent déjà les installations de cette grand-messe climatique, qui a accueilli près de 90.000 participants pendant deux semaines.

Sultan Al Jaber avait promis de donner le coup de marteau final le 13 décembre, jour anniversaire de l'accord de Paris.

Si son texte présenté lundi n'avait été vivement rejeté, les pays auraient gardé toute latitude pour choisir leur manière de "réduire" les énergies fossiles. Ce texte ne fixait ainsi aucun objectif commun de "sortie" de ces combustibles fossiles, pourtant envisagée dans les versions antérieures.

- "Nous ne combattons pas la Chine" -

Comment lever l'objection des pays du Golfe, toute décision à la COP se faisant par consensus?

Depuis une conférence à Doha, le ministre koweïtien du Pétrole, Saad al-Barrak, a dénoncé une "attaque agressive" de la part des Occidentaux.

Certains des pays les plus favorables à une "sortie" du pétrole ont signalé qu'ils étaient prêts à sacrifier le terme, en échange d'engagements significatifs.

"Je ne suis pas marié à un mot mais j'insiste sur le fait que la signification de cette formulation, quelle qu'elle soit finalement, doit être extrêmement ambitieuse", a dit mardi le ministre danois du Climat Dan Jørgensen.

La Chine, désormais premier émetteur de gaz à effet de serre avec les Etats-Unis, n'a pas fait de commentaire officiel depuis la parution du texte de lundi mais elle n'est pas considérée comme un obstacle sur la voie d'un compromis.

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