À quoi ressembleront les autoroutes de demain ? Vinci présente ses perspectives

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Lutter contre l'"autosolisme" (le fait d'être seul dans son automobile), multiplier les bornes pour voitures et camions électriques, produire de l'énergie verte : Vinci, premier concessionnaire d'autoroutes françaises, a présenté jeudi une batterie de solutions pour rendre le transport moins polluant sur autoroute.

Les autoroutes représentent 1% du réseau routier français, mais 30% des distances parcourues et 25% des émissions de CO2 des transports, selon l'Union routière.

Au total, ces plans nécessiteraient des investissements de 60 à 70 milliards d'euros pour les 12 000 kilomètres d'autoroutes françaises, selon ce rapport réalisé par le cabinet Altermind pour Vinci Autoroutes avec Patrice Geoffron, professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine. Il s'agit désormais d'"inscrire l'infrastructure emblématique du XXe siècle dans les mutations du XXIe", soulignent les auteurs.

Il faudra d'abord accueillir les nouvelles voitures électriques et "revoir complètement les aires" avec un plan d'équipement massif en bornes de recharge ultra-rapides (plus de 150 kilowatts), pour que les véhicules électriques ne restent pas cantonnés aux villes, a souligné lors d'une conférence de presse Christophe Hug, directeur de la maîtrise d'ouvrage chez Vinci Autoroutes. Il faudra notamment planifier largement en amont leur alimentation en électricité.

Le groupe pense aussi à accélérer le déploiement de stations pour les poids lourds électriques, à gaz et à hydrogène, mais devrait aussi tester bientôt des "couloirs de décarbonation", où des camions électriques branchés sur caténaire prennent le relais des camions Diesel sur les tronçons autoroutiers. Les parkings, toitures et parcelles délaissées le long des autoroutes pourraient être massivement couverts de panneaux solaires.

Il faudra aussi fluidifier la circulation en remplaçant les voies de péage par des portiques de détection, en se basant sur les données des véhicules connectés puis autonomes, et en multipliant les aires de covoiturage et les voies réservées aux transports en commun.

Le rapport propose aussi d'adapter les autoroutes au changement climatique en les protégeant mieux des incendies, des inondations, et de préserver les espaces naturels qui les entourent. "Les événements climatiques que nous utilisions pour dimensionner notre infrastructure ne sont plus adaptés aux prochaines décennies", explique Christophe Hug. "Il faut renforcer sa résilience".

Qui prendra en charge ces opérations ? "Cette transformation suppose une mobilisation de toutes les parties prenantes du système autoroutier: Etat, concessionnaires, constructeurs automobiles, opérateurs et usagers", concluent les auteurs. "Les coûts de l'inaction seraient bien plus élevés que ceux de la décarbonation".

Commentaires

Th.Bretin

Un couloir de décarbonation s'appelle une voie de chemin de fer...

Marc Diedisheim

Ou encore une autoroute électrique sur laquelle les véhicules reçoivent de l'énergie électrique tout comme un train. Sans les rails. Bien cordialement.

Th.Bretin

L'efficience du rail et de ses trains est beaucoup plus importante que celle des autoroutes avec ses camions et autos sur pneus. La pollution de particules fines (usure des pneus) et l'entretien des routes devraient faire réfléchir nos législateurs pour arrêter de proposer des solutions qui sont celles d'une époque révolue (et qui nous coûte un bras). Ont-ils fait au moins une estimation de coût pour équiper en lignes électriques toutes les autoroutes du Portugal à la Pologne et tous les camions pour se raccorder à la caténaire ?

Marc Diedisheim

Oui une estimation a été faite pour la France, et pas seulement pour la caténaire, car elle permet pas d'alimenter les véhicules légers, mais également pour la conduction au sol et l'induction électromagnétique. . L'investissement est (très) inférieur à celui qui serait nécessaire pour réaliser de nouvelles infrastructures ferroviaires à capacité de transport équivalentes. De plus, le ferroviaire souffre d'une rigidité importante en termes de capillarité, de ruptures de charge et de délais qui lui interdit de rentrer en réelle concurrence avec l'extrême flexibilité du transport par camions. Et ne mentionnons même pas mes extrêmes oppositions rencontrées lors de la création de nouvelles infrastructures, au nom de ....la préservation de l'environnement ! Bien cordialement.

Th.Bretin

Pouvez-vous indiquer le montant qui pourrait être alloué à la réalisation d'un tel projet ?
Je doute de la véracité de cette estimation qui ne doit pas tenir compte de l'extrême efficience du transport par rail par rapport au transport routier. Les dés sont pipés, car la construction des autoroutes a été payée essentiellement par le contribuable. De plus, les sociétés de transports ne paient pas proportionnellement à l'usure provoquée par le passage d'un 35t sur le revêtement. Le rapport d'usure entre une voiture et un camion augmente de façon exponentielle.
L'usure de la chaussée varie comme "la puissance quatrième du rapport des masses appliquées sur les essieux". Autrement dit, si l'on prend un poids lourd de 30 tonnes - roulant sur cinq essieux - et une voiture de 1,2 tonne - sur deux essieux : (6.000/600) à la puissance 4. Soit un total de 10.000, qui signifie que la structure de la chaussée s'use jusqu'à 10.000 fois plus vite avec un camion qu'avec une voiture.
En tant que contribuable je paie deux fois, un fois à la construction et une fois à l'usage.
Lorsque nous payons 43€ au péage un routier paiera 142€ ... Nous sommes loin des montants réels que les Stés de Transport devraient payer. Pour être équitables, ces dernières devraient payer proportionnellement à la dégradation provoquée par leurs 35t (43€ X 10 000). Faire payer le vrai prix des transports aurait comme avantage de relocaliser les productions de biens et de marchandises.

LAURENT CHATAIGNIER

Au-delà d'électrifier les aires d'autoroutes, il faut impérativement diminuer le flux des camions qui sillonnent les autoroutes de France. La solution, développer le ferroviaire.

Th.Bretin

Comme tu as raison Laurent, bientôt nous allons avoir quelques candidats à la fonction suprême... Qui des postulants le proposeront avec suffisamment de crédibilité pour que cela ne soit pas une promesse ? Que l'on ne nous dise pas que ce n'est pas possible, les Suisses le font depuis plusieurs dizaines d'années. Leur choix pragmatique (qui fait souvent appel à la votation) explique peut-être une partie de leur meilleur niveau de vie.
L' impôt mal investi fera défaut pour d'autres services de l'état.

Marc Diedisheim

Si cette solution en était vraiment une, elle aurait été développée depuis longtemps. Bien cordialement.

Abadie

Vinci preésente ses perspectives sur des autoroutes concédées par l'Etat, en engrengeant des bénéfices gigantesques venant enrichir ses actionnaires au détriment des citoyens français qui ont payé la construction des autoroutes et qui maintenant paient leur usage.

J'espère que ce détournement de richesse nationale au profit de Vinci et autres cessera un jour, et que nous reprendrons nos biens honteusement concédés.

EtDF

Des investissements de 60 à 70 milliards d'euros pour déjà 12 000 kilomètres de voies ferrées en France ce serait déjà un bon plan économique, de relance de l'emploi et de relocalisation de l'industrie... et sensiblement écologique.. A quoi sert de moderniser des autoroutes pour riches, dont les voitures ne seront que peu fabriquées en France.. Les Français ne vont quand même pas continuer à payer pour ces nouvelles lubies... Si on veut bien considérer la pollution automobile, c'est surtout en ville qu'elle se tient.. S'il faut introduire des véhicules "un peu plus propres" c'est en ville et pour des parcours courts. Mettre des bornes de recharge "rapide (???) pour que des tombereaux de 2 tonnes et plus, pour qu'ils puissent faire tout juste 400 km c'est une idiotie au premier degré (sauf pour les actionnaires bien sûr).. Ce projet va entrainer bien plus de pollution et de nuisances qu'il prétend supprimer... Évinçons Vinci!

Maurice TARNERO

Comme le trafic poids lourds est en grande partie international, les "couloirs de décarbonation" devront logiquement s'étendre au delà de la France, à toute l'Europe. Est-ce que nos voisins européens partagent les visions de Vinci ? A combien estime t-on le prix au km ce ces couloirs ?
Est on conscient que, les véhicules électriques étant plus lourds que ceux à moteur thermique, ils consomment obligatoirement plus d'énergie. On est à l'opposé du slogan d'un producteur d'énergie "verte": "L'énergie est notre avenir, économisons la"...

Th.Bretin

Ce type de route permet au véhicule de n'avoir qu'une petite batterie ce qui devrait les alléger considérablement. Malgré cela, cette idée n'est pas réaliste, car les déplacements des marchandises devront se faire à vitesse réduite et sur les rails. Je le regrette pour mes amis routiers, mais ils devraient déjà se préoccuper du devenir de leur profession.

Marc Diedisheim

L'idée que les camions électriques consomment plus d'énergie parce qu'ils sont plus lourds est (de très loin) fausse. Les véhicules électriques consomment deux fois moins d'énergie car le rendement de leur chaîne de traction est deux fois meilleur que celui d'un traction thermique. Et par ailleurs, la mise en place de corridors électriques permet de réduire la taille des batteries. Bien cordialement.

poleoto

Peut- on espérer des autoroutes qui incitent à rouler moins vite ? Et donc à réduire les émissions de CO2 .
Les annonces de VInci sont dignes des " années bagnole".

endergiepy

Des caténaires sur autoroute des Suédois ont testé.
Consommer l'électricité directement = bien meilleur rendement.
Permettre de déconnecter pour sortir et finir les trajets en autonomie batterie + hydrogène ou biocarburant = souplesse de livraisons.
Mais avant tout passer sur voie ferrée tout ce qui peut l'être; bien que ce soit beaucoup plus rigide et avec risques de délais... grèves...
Mais plutôt que mettre des fils en l'air , il vaudrait mieux capter par la route elle-même : boucle induction?

Th.Bretin

Des camions plus petits qui arriveraient au plus proche des consommateurs dans des gares adaptées ou remaniées. Concernant les grèves, si ce service est reconnu stratégique comme peut l'être la police, les pompiers, l'hôpital il faut modifier le droit de grève. Mais cela ne pourra se faire sans la garantie que les salariés qui gèrent ces transports ont des salaires et des avantages dignes de ce nom. Ne pas oublier que c'est le consommateur que tirent les prix vers le bas avec pour résultante des conditions de travail dégradées qui provoquent des grèves.

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