S'éloigner du gaz, un « enjeu existentiel » pour l'UE, alerte le Shift Project

  • AFP
  • parue le

Passer à des énergies décarbonées est devenu "un enjeu existentiel" pour l'Union européenne, confrontée à trop de risques et incertitudes sur son approvisionnement en gaz, estime le think tank Shift Project dans un rapport publié mardi.

Alors que la reprise des livraisons de gaz russe est incertaine, l'UE doit se préparer à "une compétition sévère avec l'Asie", énorme importatrice de gaz, et même à des déficits chroniques sur le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL), note-t-il.

Car Chine, Bangladesh, Inde, Pakistan... tous veulent du gaz, pour sortir du charbon, et les besoins d'importation nette de l'Asie sont en train de dépasser ceux de l'Europe.

Outre des prix élevés, cette concurrence est porteuse de conséquences géopolitiques, avec par exemple des économies vulnérables du Sud de l'Europe et de l'Asie qui la subissent déjà, met en garde cette analyse de risque, conduite sous l'égide du ministère de la Défense et sur la base de données de la société d'intelligence économique Rystad Energy.

Rystad table sur des prix hors norme en Europe au moins jusqu'en 2024. Mais du fait de possibles tensions sur le GNL, ce "retour à la normale pourrait ne pas advenir", aboutissant in fine à une "destruction de la demande", notamment la disparition de pans de l'industrie, selon cette analyse.

Au-delà de la guerre en Ukraine, le rapport souligne une situation structuelle, due à "près de deux décennies de déclin de la production gazière en Europe (mer du Nord britannique et néerlandaise), et au retard tout aussi ancien dans la sortie des énergies fossiles".

"Il y a un droit d'inventaire à faire sur la politique énergétique européenne", estime Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project, qui parle "d'aveuglement, dont on paie les conséquences".

Quant au GNL, le développement de capacités de production sera "la variable de premier ordre", dit le rapport, au Qatar ou aux Etats-Unis, ainsi que la capacité de l'UE à créer des infrastructures de regazéification, facteur d'incertitude jusqu'en 2025 au moins.

Pour M. Auzanneau, l'Europe est "dos au mur", avec pour solution d'agir sur la demande et décarboner son énergie.

"La transformation vers une économie sobre en énergie et en matière, avec le développement de sources d'énergie bas-carbone, apparaît comme un enjeu existentiel pour l'UE, face à l'ampleur des risques et incertitudes que cumule notre situation précaire", conclut le rapport.

Commentaires

Dominique Guérin

eh oui... Le modèle allemand (éolien+solaire+gaz et charbon) était une très grave erreur qui se vérifie aujourd'hui pendant que certains pensent encore que c'est ce qu'il faut faire...
Il y aurait bien une solution simple: que les contrats soient tous en prix de marché sans priorité. ça permettrait peut être le développement des systèmes de stockage et surtout de réorienter les subventions vers le décarboné pilotable...

Francois Marfaing

Cessez de baver sur le modèle allemand qui vous permet aujourd'hui de vous éclairer! Le modèle français est unique en Europe. Regardez ce qui se passe ailleurs, Italie, Portugal, Danemark Autriche, Norvège, plutôt que de vous regardez le nombril.

Dominique Guérin

Ce que je vois ailleurs, c'est que les pays qui émettent peu de CO2 sont tous sans aucune exception équipés de nucléaire et/ou d'hydraulique.

LEBLOND

Vous avez raison, l'abandon du surgénérateur par Jospin et sa clique écolo à mis la France à genoux. Aujourd’hui pour rattraper le retard c'est une affaire de 10 ans, à condition que les compétences reviennent à leur niveau de l'époque.

Dominique Guérin

Sans oublier une taxe carbone.

Serge Rochain

Alors il faut vite abandonner le nucléaire car la note de gaz est sallée : Plus de 8 GW en continue 24/24-7/7 jetez un coup d'oeil sur eco2mix, et encore c'est rien à coté des importations qui nous coutent encore plus cher avec 13 GW en continu... comment ce fait-il que le shift project n'ai pas vu ce "détail" ?

Ravon

Le shift project ne l'a pas vu car il n'a pas vocation à faire des démonstrations absurdes, il sait compter et cherche à préserver l'économie et la paix sociale.

Serge Rochain

Vous avez raison Ravon, la réalité est absurde !

Albatros

Je me permets d'alerter sur la nature du "Shift Project", son caractère mercantile et profiteur, ainsi que de ses approches doctrinaires.
Ce machin est un danger pour la démocratie et les libertés.

Ajouter un commentaire