Sobriété énergétique : les collectifs de hauts fonctionnaires multiplient les propositions

  • AFP
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Mobilité, chauffage, télétravail : à quelques jours de la présentation par le gouvernement d'un plan de sobriété énergétique, les collectifs de hauts fonctionnaires multiplient les propositions pour réduire la consommation d'énergie du secteur public.

Premier à publier sa "contribution" en fin de semaine dernière : le centre de réflexion Le Sens du service public. Pour alléger la facture énergétique des piscines, il suggère d'abaisser la température de l'eau à 25°C, plutôt que de les fermer comme l'exploitant Vert Marine l'a fait quelques jours durant dans une trentaine de communes.

Le Sens du service public, qui réunit des cadres de l'administration, des collectivités et des hôpitaux, invite aussi à développer le télétravail "de façon beaucoup plus massive qu'aujourd'hui". Une idée potentiellement explosive, car les syndicats s'inquiètent dans ce cas d'un transfert de la facture de chauffage de l'administration vers les agents.

La rénovation des bâtiments publics, la sobriété numérique ou l'électrification des flottes automobiles devraient faire davantage consensus.

Menée en parallèle des groupes de travail lancés par le gouvernement et des pistes avancées par les syndicats, la réflexion du "think tank" témoigne de l'ébullition actuelle autour de la sobriété.

"Il y a eu une prise de conscience sur la crise énergétique du fait de la guerre en Ukraine (qui a renchéri les cours du gaz et de l'électricité) et des rationnements qui s'annoncent", souligne François Thomazeau, un de ses fondateurs. "Les esprits sont mûrs pour faire une bascule. La responsabilité des pouvoirs publics est de profiter de ce contexte pour faire changer les habitudes", ajoute-t-il auprès de l'AFP.

Reste à organiser cette "bascule" pour qu'elle perdure au-delà de l'objectif fixé par le gouvernement cet été - réduire de 10% la consommation d'énergie de la France d'ici 2024.

"Le discours public, notamment sur la sobriété, doit sortir d'une chasse au gaspi opportune et préciser son ambition structurelle", de long terme, insiste de son côté dans une note à paraître Le Lierre, une association qui veut rendre l'action publique plus écologique. Elle suggère d'instaurer une "tarification progressive de l'énergie" : les premiers kilowattheures consommés seraient commercialisés à des tarifs "très accessibles", tandis qu'une consommation excessive serait "pénalisée".

Enjeu managérial

En matière de mobilité, Le Lierre propose un malus pour les véhicules thermiques et en particulier les SUV (véhicules utilitaires sportifs) de plus de 1 200 kilos, et à l'inverse un bonus pour les véhicules légers. Mais quatre ans à peine après les "gilets jaunes", sobriété ne doit pas seulement rimer avec contrainte ou austérité, avertissent les auteurs de la note, intitulée "Organiser une sobriété désirable et collective".

Le Lierre comme Le Sens du service public appellent donc l'État à se donner les moyens financiers de ses ambitions. À Nevers début septembre, le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a annoncé que les 5,7 millions d'agents publics seraient formés à la transition écologique. Pour Johan Theuret, membre du Sens du service public, la "crédibilité" de la mesure passe par le déblocage de moyens financiers suffisants, de préférence dès le budget 2023.

Selon la feuille de route du gouvernement, les 25 000 cadres de l'État devront être formés "d'ici 2024", avant que leurs collègues de la fonction publique territoriale (12 000 cadres) et de l'hospitalière (4 000) ne leur emboîtent le pas "d'ici 2025". Dans l'immédiat, la cofondatrice de Sens du service public Emilie Agnoux plaide pour cibler la formation sur les agents "qui auront le plus d'impact" sur les économies d'énergie : "gestionnaires de flottes automobiles, de la restauration", personnel d'entretien des réseaux de distribution...

Alors que certains métiers de la fonction publique peinent à recruter, la sobriété constitue "un vrai enjeu managérial et organisationnel pour l'ensemble des administrations", poursuit-elle. Comme pendant le Covid, "les agents retrouvent la motivation de se dire qu'ils vont pouvoir être utiles face à la difficulté", se félicite Mme Agnoux.

Commentaires

BrigitteMB

"elle suggère d'instaurer une "tarification progressive de l'énergie" : les premiers kilowattheures consommés seraient commercialisés à des tarifs "très accessibles", tandis qu'une consommation excessive serait "pénalisée"."
Je suppose qu'il s'agit là vraiment d'une consommation d'énergie, c'est-à-dire de la somme des kWh gaz, électrique, fuel, bois, etc. ?

Houyo

Évidemment Brigitte ! Ils ne vous ont pas installé de compteur communiquant sur votre tas de bois ou votre cuve à fioul ?
Un oubli sans aucun doute...

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