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L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a mis en garde jeudi au Parlement contre une "perte de compétence" que pourrait provoquer le projet gouvernemental de supprimer l'institut, dans le cadre d'une vaste réorganisation de la sûreté nucléaire en France.
"Il s'agit d'éviter une perte de compétences en sûreté et en radioprotection à court et moyen termes", au moment où explose le nombre de dossiers à suivre en France en matière nucléaire, a déclaré Jean-Christophe Niel, directeur général de l'IRSN, auditionné par des parlementaires.
"Cette nouvelle période suscite de fortes inquiétudes de la part des salariés de l'Institut", a-t-il souligné. "Dans un marché de l'emploi tendu, je vais être très vigilant et préserver l'attractivité de nos missions".
Le gouvernement a annoncé le 8 février son intention de supprimer l'IRSN, vigie et expert du risque radiologique, pour "fluidifier les processus d'examen": experts et scientifiques rejoindraient les équipes de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN, le gendarme du nucléaire civil) et du Commissariat à l'énergie atomique (CEA).
Les acteurs de ce dossier, y compris EDF et Orano, ont été entendus jeudi par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).
Le patron de l'IRSN a souligné la charge de travail attendue pour les années à venir, alors que la France veut relancer la filière nucléaire et prolonger les réacteurs existants au-delà de 40 ans. L'examen de la demande d'autorisation du projet Cigéo de stockage souterrain des déchets radioactifs, ou encore des futurs EPR 2 sont d'autres dossiers sources d'"une charge d'expertise très importante", a-t-il rappelé.
Louant le travail de ses équipes, il a indiqué travailler à "formuler des propositions de mise en oeuvre de la décision" du gouvernement.
Pour lui, il faudra "assurer la séparation entre l'expert et le décideur, y compris dans une structure unique".
Les syndicats redoutent la fin de la structure "duale" du système de sûreté français (ASN/IRSN), certains y voyant une manière de mettre au pas l'institut. Ils craignent également de voir au CEA la branche recherche de l'IRSN, qui alimentait l'expertise.
La recherche à l'IRSN est répartie en trois directions, autour de l'environnement pour étudier aléas sismiques, ou transferts dans les stockages des déchets, autour de la santé pour les pathologies des rayonnements ionisants et les thérapies, et autour de la sûreté nucléaire avec l'étude des accidents de fusion de coeur d'un réacteur, des incendies ou du vieillissement des matériaux.
Le ministère de la Transition énergétique a donné jusqu'à lundi aux responsables de l'IRSN, ASN et CEA pour présenter leurs premières propositions.